Vous aimez les bonnes nouvelles ? J’en ai une pour vous. La Ligue nationale de hockey ne menace plus de retirer à Montréal la présentation du prochain repêchage en raison des restrictions sanitaires. Les meilleurs espoirs sont donc attendus au Centre Bell les 7 et 8 juillet.

Le Canadien possédera un choix de qualité. Probablement parmi les cinq premiers. Consacrera-t-il sa première sélection à un espoir local ? Non, m’ont répondu 10 directeurs généraux, entraîneurs et recruteurs de la LHJMQ*. Rien à voir avec les préférences de la nouvelle administration. C’est tout simplement qu’il n’y a pas de Jonathan Huberdeau ou d’Alexis Lafrenière dans la prochaine cohorte. En fait, il risque d’y avoir peu de Québécois sélectionnés au premier tour, tout court. Peut-être un. Peut-être deux. Par contre, il y a plusieurs joueurs avec un potentiel intrigant.

Voici les cinq noms qui sont revenus le plus souvent dans nos conversations.

1. Nathan Gaucher, centre, Remparts de Québec

Un grand centre droitier, très bon patineur et fort comme un bœuf. Le fantasme de tous les entraîneurs de la LNH. « Sur la glace, je peux passer pour un méchant. C’est un peu mon souhait. J’aime penser qu’il est difficile de m’affronter », confie-t-il.

Ses adversaires me le confirment : Nathan Gaucher frappe fort. Il a aussi de bonnes habiletés offensives, et est particulièrement efficace au cercle des mises en jeu. « C’est vraiment un joueur complet, souligne un dépisteur. Il est même une menace offensive… en infériorité numérique ! »

Gaucher aime modeler son jeu sur ceux de Patrice Bergeron, des Bruins de Boston, et d’Anze Kopitar, des Kings de Los Angeles. « Deux joueurs responsables dans les deux sens de la patinoire », précise-t-il. Un DG le compare à Nicolas Roy, un grand droitier qui travaille fort et qui a gravi les échelons jusque dans le top 6 des Golden Knights de Vegas. À long terme, tous voient Gaucher au centre d’un deuxième ou troisième trio dans la LNH. Il sera probablement choisi entre le 15e et le 25e rang.

Projection : premier tour

2. Tristan Luneau, défenseur, Olympiques de Gatineau

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Tristan Luneau

Un surdoué. Surclassé dans le bantam et dans le midget, Tristan Luneau s’était engagé, à seulement 15 ans, à se joindre aux Badgers de l’Université du Wisconsin. Après avoir été sélectionné au tout premier rang dans la LHJMQ, il a décidé de rester au Québec.

Luneau est un défenseur dynamique, créatif et imaginatif. C’est aussi un jeune homme perfectionniste, avec une éthique de travail irréprochable. Or, depuis une blessure qui a nécessité une opération, la saison dernière, le buzz autour de lui est moins fort. L’écart qui le démarquait des autres défenseurs s’est aussi rétréci.

« Les dépisteurs veulent tous savoir ce qui s’est passé, explique-t-il. Ils veulent connaître les détails de l’histoire. Moi, je vois ça comme de l’adversité. Maintenant, c’est dans mes valises. Je sais comment me remettre d’une blessure. »

Dans les mois qui ont suivi son retour au jeu, Tristan Luneau affichait plus de retenue en attaque, ont noté des adversaires. Mais depuis la mi-février, il a retrouvé son aplomb, avec 15 points lors de ses 15 derniers matchs. Il progresse aussi défensivement. Sa cote remontera, prédit un entraîneur de la LHJMQ, convaincu que Luneau sera sélectionné au premier tour.

Le défi du défenseur des Olympiques sera maintenant d’améliorer la puissance de son coup de patin, pour être capable de bien transporter la rondelle dans les niveaux supérieurs. Il en est d’ailleurs conscient. « Je ne me considère pas comme un produit fini. Je veux améliorer ma force physique et mon patin. Avec ma blessure, j’ai perdu un temps précieux pour travailler là-dessus. C’est motivant de voir qu’il y a encore de la place à l’amélioration. »

Projection : fin de premier tour, début de deuxième tour

3. Maveric Lamoureux, défenseur, Voltigeurs de Drummondville

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Maveric Lamoureux

Maveric Lamoureux est géant. Tellement que lors de notre rencontre, j’ai dû monter deux marches pour pouvoir le regarder dans les yeux.

Selon les données officielles, il mesure 6 pi 7 po et pèse un peu moins de 200 livres. Tous sont curieux de découvrir son potentiel lorsqu’il aura atteint sa pleine maturité physique. « C’est un joueur acharné. Il a un peu de Zdeno Chara en lui », me signale un dépisteur enthousiaste.

C’est aussi comme ça que Maveric Lamoureux décrit son style. « Je suis un grand défenseur mobile, physique, avec un petit côté méchant.

— Pourtant, tu n’as pas l’air méchant du tout.

— Je le sais [rires]. Dans un article, on m’a appelé le Gentil géant. À l’extérieur de la glace, je suis toujours le gars avec le gros sourire. Mais sur la patinoire, je suis le gars qui peut faire mal. »

Ses forces : une grande portée, évidemment, et un coup de patin remarquable pour un joueur de son gabarit. À travailler : sa prise de décision avec la rondelle. Il a notamment tendance à dribbler avec le disque. Un jeu plus simple pourrait mieux le servir.

« Je suis étiqueté comme un grand défenseur défensif et physique, mais j’ai toujours voulu améliorer mon côté offensif. Ça commence à paraître. Je suis rendu sur la première unité en supériorité numérique. Mon entraîneur me fait davantage confiance. Je dirige plus de tirs au filet que l’année dernière. »

Projection : deuxième tour

4. Jordan Dumais, ailier droit, Mooseheads de Halifax

PHOTO FOURNIE PAR LA LHJMQ

Jordan Dumais

64 points en 48 parties. Une machine offensive. Alors, comment expliquer qu’il soit classé seulement 72e parmi les Nord-Américains sur la liste de la Centrale de recrutement de la LNH, et qu’il ait été laissé de côté pour le Match des meilleurs espoirs de la Ligue canadienne ?

Je cherche encore la réponse.

Sa taille (5 pi 9 po) ne l’avantage sûrement pas. Il n’a pas la réputation non plus d’être un tireur d’élite ou le patineur le plus rapide. Sauf que les points rentrent quand même à la douzaine. Les dirigeants adverses adorent son flair offensif, sa vision du jeu, son agilité sur patins et ses qualités de passeur. « Ce n’est pas un figurant. Il rend ses partenaires de trio meilleurs », s’emballe un DG, qui le trouve franchement sous-estimé. La comparaison entendue le plus souvent : Nicolas Aubé-Kubel, de l’Avalanche du Colorado, qui fut le premier Québécois sélectionné en 2014 (48e au total).

Projection : troisième tour

5. Noah Warren, défenseur, Olympiques de Gatineau

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Noah Warren

Noah Warren a un peu le même profil que Maveric Lamoureux. C’est un défenseur format géant (6 pi 5 po, 215 lb), doté d’un bon coup de patin. Il compare son style de jeu à ceux de Seth Jones, des Blackhawks de Chicago, et de Colton Parayko, des Blues de St. Louis.

« Jones est un grand joueur capable de jouer dans les deux sens de la patinoire. Très bon défensivement, capable de produire offensivement, assez physique aussi », note-t-il.

Les dépisteurs s’enthousiasment pour son lancer frappé foudroyant, digne des pros. Ils ont aussi noté une progression dans son jeu physique et dans sa couverture en zone défensive. Pour connaître du succès au niveau supérieur, estiment les dirigeants adverses, il devra – comme Maveric Lamoureux – améliorer sa prise de décision avec la rondelle. Peut-être sa vitesse d’exécution en attaque, aussi. Warren est un beau projet, qui a le potentiel de connaître une carrière intéressante comme défenseur défensif dans les rangs professionnels.

Projection : troisième tour

* J’ai consulté des dirigeants adverses pour avoir un portrait plus neutre de chaque joueur. Les directeurs généraux et les entraîneurs ne sont pas nommés pour ne pas nuire à leur relation avec les autres clubs. Les recruteurs, eux, ne sont pas autorisés à parler publiquement au nom de leur formation. Les statistiques des joueurs datent d’avant les matchs de vendredi soir.