(Pékin) Bonne nouvelle : les compétitions des Jeux de Pékin ne seront pas toutes présentées à huis clos. Le comité organisateur a promis jeudi d’inviter 150 000 personnes triées sur le volet. Principalement des citoyens chinois, des expatriés, des membres des missions diplomatiques et des partenaires marketing.

Quelques minutes après l’annonce, les premiers spectateurs ont fait leur entrée dans le stade national intérieur de Pékin, pour la partie de hockey entre le Canada et la Suisse. Ils étaient environ 1000. Tous masqués, et à un siège de distance les uns des autres.

Comment était l’ambiance dans les gradins ?

Douce. Calme. Feutrée. Comme à un concert d’un orchestre de chambre. Et encore, je m’emporte peut-être un peu.

OK, franchement ?

Ça frôlait l’apathie. À côté d’eux, les spectateurs en carton disposés dans les stades au début de la pandémie auraient passé pour des Ultras déchaînés dans une finale Montréal–Toronto, un soir de pleine lune.

Les spectateurs n’avaient aucun attachement émotif envers les deux équipes.

Trois contre un ?

Silence.

But du Canada ?

Silence.

But de la Suisse ?

Silence.

Roulade spectaculaire de la gardienne Ann-Renée Desbiens, à la Marc-André Fleury, pour tenter un arrêt in extremis ?

À peine un murmure. Alors que sur la patinoire, les joueuses, volubiles, s’extasiaient bruyamment. Sur la galerie de presse, à une trentaine de mètres du jeu, on entendait d’ailleurs très bien leurs interactions sur la glace.

Pendant les pauses, une animatrice a tenté de secouer les puces des spectateurs.

FAITES DU BRUIT !

Rien.

DANSEZ !

Rien.

SEREZ-VOUS LE PARTISAN DU MATCH ?

Rien.

Pas vrai. Une personne se déhanchait comme Charlie Brown sur une piste de danse : celle dans le costume de la mascotte. Puis l’inattendu s’est produit. Après un message de l’animatrice, tous les spectateurs se sont mis à agiter frénétiquement deux petits drapeaux bleu et rouge, à l’effigie de ladite mascotte. Ça a duré une dizaine de secondes. C’est arrivé deux ou trois autres fois avant le coup de sifflet final.

Puis les spectateurs ont quitté le stade.

Comme si de rien n’était.