(Tokyo) Comment se porte votre cerveau après cette quinzaine olympique folle, folle, folle ? A-t-il survécu au décalage horaire ? Aux règles du taekwondo ? Aux tables de pointage du décathlon ? Se souvient-il des noms de tous les médaillés en haltérophilie et en lutte gréco-romaine ?
Oui ?
Trop fort. Vraiment. Il ne lui reste plus qu’une dernière épreuve à passer. L’ultime défi. Celui des histoires et des statistiques les plus incroyables, insolites et inutiles des Jeux. Votre cerveau va-t-il résister ? Ou exploser ?
Le combat le plus court
C’était le tout premier combat des Jeux. Un affrontement entre la Brésilienne Gabriela Chibana et la Malawite Harriet Bonface. Les deux judokas avaient à peine eu le temps de se saluer que c’était déjà fini. Victoire de Chibana par ippon. En 14 secondes. Soit moins de temps qu’il ne vous en a fallu pour lire cette capsule.
Le podium le plus jeune
Prêts pour un coup de vieux ? Les trois médaillées dans l’épreuve du park, en skateboard, sont toutes nées après l’an 2000. Sakura Yosozumi a 19 ans, Kokona Hiraki, 12 ans et Sky Brown, 13 ans. Pour un total combiné de 44 ans. Le planchiste le plus populaire de la planète, Tony Hawk, en a 53…
L’athlète le plus dominant
Le Cubain Mijaín López, gagnant de la médaille d’or chez les 130 kg en lutte gréco-romaine. Il a remporté ses quatre combats, inscrivant 24 points et n’en accordant aucun. Sa fiche depuis les Jeux de Pékin, en 2008 ? Seize victoires, aucune défaite !
La pire performance
Alana Smith, en street. N’importe quel ado de 12 ans qui erre avec sa planche dans le stationnement du Couche-Tard aurait fait mieux. Pendant sept tentatives, l’ex-enfant prodige du skate n’a fait que rouler lentement. Comme un touriste sur un Segway dans le Vieux-Port. Il ne se passait ab-so-lu-ment rien. Yves Boisvert et moi étions médusés. Les juges aussi. Sa note finale ? 1,25 point…
Le plus gros massacre
Plusieurs excellents candidats en rugby, où les écarts rappellent ceux des matchs de football universitaire au Québec. Des exemples ? Canada 45, Brésil 0. Australie 48, Japon 0. Argentine 56, Corée du Sud 0. Mais le grand prix du jury-dont-je-suis-le-seul-membre revient au match de water-polo féminin entre les Pays-Bas et l’Afrique du Sud, remporté 33-1 par les Néerlandaises. Trente-trois buts, c’est plus qu’un par minute de jeu. À quand remontait la dernière fois qu’une équipe féminine avait marqué autant de buts dans une partie aux JO ou aux Championnats du monde ? À jamais.
Le médaillé le plus improbable
Le marin hongrois Zsombor Berecz, médaillé d’argent dans l’épreuve du Finn, en voile. Impressionnant. Surtout quand on réalise que la Hongrie est un pays enclavé, sans accès à la mer.
Les noms les plus étranges
Bingo du Parc, Killer Queen, Quel Filou, Twentytwo des Biches et Violine de la Brasserie ont tous participé à la même épreuve des Jeux de Tokyo. Laquelle ? Réponse à la fin de la chronique*.
Le mot des Jeux
Twisties. Non, ce n’est pas une réglisse japonaise qui confère des superpouvoirs aux marathoniens. C’est plutôt un phénomène redouté par les gymnastes, les trampolinistes et les plongeurs : la perte de repères lors d’un saut. C’est ce trouble qui a forcé la gymnaste Simone Biles à se retirer de plusieurs concours. « Je n’ai aucune idée de l’endroit où je vais atterrir, ou si je vais retomber sur la tête, les mains, les pieds ou le dos », a-t-elle confié après son forfait. Épeurant.
L’objet des Jeux
Qu’ont en commun le champion du 100 m, les médaillées d’or du 100 m et du 200 m et les nouvelles détentrices de record du monde au 400 m haies et au triple saut ? Tous ont concouru avec la nouvelle génération des souliers Nike, qui ont fait sensation. Ces chaussures comprennent « un coussin de mousse, intercalé entre la semelle et une plaque de carbone », rapporte le journal Le Monde. Une technologie qui permet aux sprinteurs de gagner jusqu’à un dixième de seconde par 100 m.
L’obstacle des Jeux
Les cavaliers et leurs chevaux ont eu droit à toute une surprise en arrivant au dixième obstacle. Un lutteur sumo. Plus précisément une sculpture de lutteur sumo tenant les barres à franchir. Un peu trop réaliste, au point d’en effrayer des chevaux. « On dirait une vraie personne, a déploré un cavalier en point de presse. C’est un peu épeurant. Lorsqu’ils s’apprêtent à sauter, les chevaux ne veulent pas voir un gars intense prêt à se battre avec eux ! »
La disqualification des Jeux
En pentathlon moderne, les cavaliers découvrent le cheval qu’ils monteront lors d’un tirage au sort effectué 20 minutes avant la compétition. Ce n’est pas toujours l’amour fou dès le premier regard. L’Allemande Annika Schleu l’a constaté lorsque son cheval a refusé de sauter un obstacle. Son entraîneuse, Kim Raisner, a tenté de corriger l’animal en le frappant sur sa croupe. Très mauvaise idée. Être montée sur ses grands chevaux lui a valu une exclusion des Jeux.
L’athlète la plus zen
La Japonaise Naoko Ishihara. Après avoir déchargé son fusil superposé sur 114 cibles en deux jours, elle s’est retirée dans le temple shintoïste de Furumine, où elle est prêtresse. « Je suis toujours en train de prier, a-t-elle expliqué, alors j’ai un petit peu plus de facilité à me concentrer que les autres Japonais. »
La déclaration des Jeux
Les champions olympiques de la citation ? Les Français. Sans même hésiter. Coup de cœur pour le décathlonien Kevin Mayer, auteur d’une métaphore savoureuse à la minute : « Damian Warner a beaucoup d’avance, mais on me connaît : je ne suis pas là pour cueillir des myrtilles ! »
Un nom à retenir
Ce basketteur de 2,09 m a maintenu un taux d’efficacité de 100 % sur le plancher. Il a même réussi un tir de la moitié du terrain. Pourtant, son nom n’apparaît dans aucun sommaire de match aux Jeux de Tokyo. Qui est-il ? CUE 5. Un robot humanoïde. Les ingénieurs de Toyota l’ont présenté pendant la mi-temps de la partie entre la France et les États-Unis. CUE 5 a d’abord réussi un lancer franc. Puis un tir de trois points, pour terminer ça en force avec une bombe larguée depuis la ligne médiane. Flippant.
Alors, votre cerveau ? Toujours intact ? Peut-être que vous devriez consulter votre arbre généalogique. Je soupçonne que CUE 5 est l’un de vos cousins de la fesse gauche…
* Réponse : Les épreuves d’équitation. Ce sont quelques-uns des noms portés par les chevaux.
Avec l’Agence France-Presse, L’Équipe, Kyodo News et Olympic Broadcast Services