(Tokyo) Jamais je n’ai croisé deux athlètes aussi heureuses de terminer cinquièmes que Jacqueline Simoneau et Claudia Holzner.

Bon. Vous allez me dire que les nageuses artistiques paraissent tout le temps contentes. C’est vrai. Mais là, je vous le jure, elles souriaient encore plus que d’habitude. Jusque derrière les oreilles.

Pourquoi ?

Parce que, enfin, les plaques tectoniques venaient de bouger. Pas celles sous Tokyo. Celles de la hiérarchie mondiale de la natation artistique. Avec une note de 93 dans leur programme libre, les Canadiennes ont non seulement battu leur record de duo, elles se sont aussi extirpées du septième rang qu’elles ont obtenu lors des deux derniers Championnats du monde.

« C’est le meilleur pointage [canadien] depuis huit ou neuf ans », a souligné Claudia Holzner.

« Facilement ! », a ajouté sa coéquipière.

Il faut comprendre qu’en natation artistique, c’est vraiment très, très, très long et très, très, très difficile de monter au classement. Car contrairement aux plongeuses ou aux gymnastes, qui parfois ratent un saut ou tombent d’un appareil, les nageuses font rarement des erreurs coûteuses. Aussi, les athlètes gardent longtemps le même programme.

C’est « extrêmement difficile » de grimper au classement, nous a expliqué Jacqueline Simoneau. « Ça prend plusieurs compétitions pour monter juste d’un rang. Ou juste d’un point. On est très chanceuses d’avoir pu faire plusieurs compétitions cette année, pour pouvoir montrer qu’on est fortes. Finalement, ça nous a permis de monter d’un rang ou deux aujourd’hui. »

Mais ce n’est pas un peu frustrant, ce système ?

« On ne contrôle pas ça, s’est contentée de dire Claudia Holzner. On essaie de faire la meilleure chose tous les jours. On est fières de ce qu’on a accompli aujourd’hui. »

Tout juste avant de sauter dans la piscine pour le troisième jour de suite, les deux filles étaient très nerveuses, ont-elles confié après coup.

« La seule chose que notre coach nous a dite avant d’amorcer la compétition, c’est de tout laisser dans la piscine. Que même si on était mortes et qu’on n’était plus capables de sortir de la piscine, il allait plonger dans l’eau pour venir nous chercher. Ça a fait un petit déclic dans notre tête. C’est ce qui a fait la différence entre les préliminaires et la finale. »

Et par rapport aux autres fois ? Qu’ont-elles fait de différent pour parvenir à grimper au classement mondial ?

« Honnêtement ? Rien », indique Jacqueline Simoneau.

« On n’a rien fait de différent. C’est vraiment juste notre entraînement qui nous a menées aussi loin aujourd’hui. C’est le troisième jour [de compétition]. Tout le monde est fatigué. Tout le monde est épuisé. On ne sentait plus nos mains. Nos bras shakaient. Mais grâce à nos entraînements et à notre entraîneur Gabor [Szauder], on a pu surmonter tout ça et bien performer. »

Ce sont les Russes Svetlana Kolesnichenko et Svetlana Romashina qui ont remporté l’or. On reverra Jacqueline Simoneau et Claudia Holzner vendredi et samedi, dans l’épreuve par équipe.