Oubliez les clowns. Les saltimbanques. Les fildeféristes. Les magiciens. Les hypnotiseurs. Les motocyclistes en froufrou qui sautent par-dessus quatre autobus en feu et 12 tigres de Sibérie affamés. Le meilleur spectacle à Las Vegas, ce printemps, ce sont les Golden Knights qui l’offrent. 

Dans le premier match de la série contre le Canadien, lundi soir, les Golden Knights ont été excitants. Éblouissants. Époustouflants. Ils étaient rapides, intenses, puissants, physiques et agiles. Un bouquet de qualités rarement réunies chez un adversaire du Tricolore cette saison. La qualité d’exécution des Golden Knights tranche nettement avec ce qu’on a vu des Canucks de Vancouver, des Sénateurs d’Ottawa et des Flames de Calgary cette saison, mettons…

Trois joueurs se sont particulièrement démarqués lundi.

D’abord, Shea Theodore. Incroyable que les Ducks d’Anaheim l’aient donné – donné ! – aux Golden Knights afin que ces derniers acceptent le mauvais contrat de Clayton Stoner lors du repêchage d’expansion. Trois ans plus tard, Theodore est maintenant un défenseur dominant, que j’aurais aimé voir parmi les finalistes du trophée Norris.

Son flair offensif est remarquable. C’est lui qui a marqué le premier but des Golden Knights, grâce à un tir sur réception foudroyant de la ligne bleue qui a déjoué Carey Price de vitesse.

Mais c’est son travail sur le deuxième but des siens qui m’a le plus impressionné.

Profitant d’une ligne de tir dégagée, il a feinté un tir. Price a mordu, comme un achigan leurré par un Rapala.

Ses genoux ont plié. Theodore a retenu son tir et effectué une petite passe latérale à Alec Martinez, qui a marqué dans un filet grand ouvert. Un but qui suscite l’admiration, peu importe l’allégeance.

L’autre défenseur des Golden Knights qui a brillé, c’est l'assistant-capitaine Alex Pietrangelo. Défensivement, il a soutiré quatre fois la rondelle aux joueurs du Canadien et bloqué trois tirs. En attaque, il a cadré sept tirs, dont plusieurs dangereux. Au total, les défenseurs des Golden Knights ont réussi 18 des 29 tirs de leur équipe. Une contribution significative. Lors du prochain match, les attaquants du Canadien devront appliquer une meilleure pression dans le haut de leur zone pour réduire le nombre de tirs menaçants de la ligne bleue.

Quant à Marc-André Fleury, il a été fidèle à lui-même. C’est-à-dire amusant, divertissant, dégourdi et prodigieux. Pas de doute, le meilleur acrobate de Las Vegas ne porte pas de collants, mais de grosses jambières dorées. Dans les premières minutes du match, Fleury semblait avoir quatre bras, comme la déesse Shiva. Il a bloqué des tirs du bas de l’enclave de Josh Anderson, Cole Caufield, Brendan Gallagher, Phillip Danault et Artturi Lehkonen. Gallagher et Danault ont tenté de le déconcentrer après un coup de sifflet. En vain. Le gardien vétéran connaît la chanson.

J’ai aussi noté que Fleury semble bien connaître les préférences des attaquants du Canadien.

Lors du premier avantage numérique du Tricolore, la rondelle s’est retrouvée sur la palette de Corey Perry, posté à un pied à la droite de Fleury. Dans ces circonstances, Perry a l’habitude de tirer rapidement ou de tenter une passe latérale qui traverse le demi-cercle. Fleury a reconnu le jeu et immédiatement sorti son bâton pour mettre fin à la menace.

Lors des quatre dernières minutes, lorsque le Canadien a envoyé un sixième attaquant dans la mêlée, Fleury s’est de nouveau illustré. Ayant perdu de vue une rondelle errante devant son filet, le gardien québécois s’est tout simplement étendu sur la glace. Comme moi sur mon canapé devant Instant Hotel – le bol de chips en moins. Une position inusitée, mais efficace. Fleury a terminé la partie avec deux « buts sauvés », selon les statistiques compilées par Evolving Hockey. Une performance magistrale.

Et le Canadien ?

On a vu mieux. On a vu pire. Mais je pense surtout qu’il a été ébloui, comme nous tous, par le spectacle offert par les Golden Knights.