La Presse vous propose chaque semaine un témoignage qui vise à illustrer ce qui se passe réellement derrière la porte de la chambre à coucher, dans l’intimité, loin, bien loin des statistiques et des normes. Aujourd’hui : Victoria*, jeune quarantaine.

Elle a toujours été en couple avec des types plus vieux. Toujours préféré les hommes plus âgés. Le dernier en lice, son amoureux actuel, est aussi marié. Confidences d’une maîtresse un peu malgré elle.

Est-ce leur expérience, leur prestance ? Victoria*, dynamique quadragénaire en entrevue virtuelle depuis Val-d’Or, n’en sait trop rien. N’empêche que même son tout premier amoureux, vers 17-18 ans, alors qu’elle était toujours au cégep, avait déjà quelques années de plus. Un boulot. Et du vécu. Et ça lui plaisait. Pas à peu près. « Je pensais que c’était l’homme de ma vie, se souvient-elle en riant. Ça a duré un an ! »

Début vingtaine, ses préférences se confirment. Elle rencontre, tenez-vous bien, un homme de 30 ans de plus qu’elle. Leur histoire dure six ans. Au lit ? « Très satisfaisant, répond-elle. Dans mon cas, ça a toujours été très satisfaisant ! »

Malheureusement, au bout de quelques années, monsieur, qui est par ailleurs en forme, assure-t-elle, tombe malade. Il doit passer des mois sans bouger. « Et il a pogné un beat de vieux. Je l’ai laissé pas longtemps après. »

C’est le désavantage de fréquenter des gens plus âgés. La monotonie s’installe plus rapidement. On a pris un beat : divan, café, on ne sort plus de la maison…

Victoria, jeune quarantaine

« Le voir assis dans le divan, à prendre du poids, à un moment donné, mon intérêt est parti. J’ai plus eu envie, tout simplement. »

Fin vingtaine, elle le quitte et se retrouve rapidement en couple, cette fois avec un homme de 20 ans de plus. Encore ? « Oui, encore, dit-elle en riant. Quand je dis que je suis attirée par les hommes plus âgés, c’est ça ! »

Elle a sa petite idée sur le sujet. « À 28-29 ans, les gars de mon âge, c’est du je-m’en-foutisme. Là, je rencontre un homme avec une prestance. Quelqu’un de carrière ! » Comme elle, devine-t-on. Et on devine juste. Victoria est en effet une femme d’affaires.

Ils passent plus de 10 ans ensemble. Leur histoire est même quasi parfaite. Pensez : beau gros mariage, belle sexualité, « le petit couple parfait ». Ils font l’amour partout, dans toutes les pièces de la maison, dans la voiture, avec toutes sortes d’expériences variées, vidéos coquines incluses.

« On faisait tout ensemble, se souvient-elle, et peut-être que c’est ça qui a tué notre couple. On a été tout le temps et trop ensemble… »

« Trop ensemble », tout particulièrement quand est arrivée la pandémie. « Notre beat de vie a changé, se souvient-elle. On n’avait plus de 5 à 7, plus rien à se dire, on s’est retrouvés à la maison, les soirées assis devant la télé. On ne se parlait plus. On était rendus des colocataires… »

Et puis voilà qu’en prime, son mari tombe malade. « Encore une fois… » Et il passe près de deux mois à l’hôpital. À son retour à la maison, disons que leur intimité a pris une sacrée débarque. « Il portait un sac pour ses excréments, moi, ça ne me dérangeait pas, j’avais une ouverture, mais lui, ça le dérangeait… »

Leurs rapprochements s’espacent, jusqu’à devenir quasi inexistants. Victoria tend quelques perches, mais à coups de « pas ce soir », « ça ne me tente pas » et autres « je suis fatigué », « au bout de deux ou trois fois, tu déconnectes, dit-elle. Les derniers mois, on a fait l’amour trois fois. »

C’est qu’en parallèle, professionnellement, Victoria prospère. Ses affaires vont bien, elle s’épanouit, elle voyage. Et puis ce qui devait arriver arrive, elle se rapproche d’un collègue, un homme marié. Son « fameux » homme marié, comme elle dit. « Je le connais depuis plusieurs années, mais il ne s’est jamais rien passé. Ma porte était fermée. Je n’avais pas d’ouverture. » Jusqu’à ce qu’il y ait un déclic et que sa fameuse « porte » s’entrouvre.

Il faut dire qu’ils ont à travailler ensemble tous les jours. Et un beau matin, sans crier gare, monsieur l’embrasse. « Pas un petit bec sec, précise Victoria d’un air entendu. Sa manière d’embrasser, il m’a fait tomber dans les pommes… »

Ça faisait des années que je n’avais pas connu ça…

Victoria, jeune quarantaine

Détail « très, très » excitant non négligeable : « tout ça au bureau, sans que personne ne s’en rende compte ! »

Si elle se sent coupable ? « Oh oui ! J’ai des remords. Tu es censé être fidèle. Je ne le suis pas. Mais en même temps, dit-elle, mon conjoint s’occupe tellement plus de moi, mes remords disparaissent. Si tu ne veux plus t’occuper de moi, quelqu’un d’autre va s’occuper de moi… »

Leur petite aventure se poursuit, une caresse discrète sous une table ici, dans un ascenseur là. « Ça ne se peut pas que le monde ne s’en rende pas compte ! »

Et ils finissent par coucher ensemble. « Comment dire, rayonne-t-elle. Il a des doigts magiques. Ça prend cinq minutes et tu as atteint le septième ciel. […] Il fait tout ce qu’une femme désire avoir. »

Elle ne le cache pas, tout cela lui fait aussi le plus grand bien. « Je me construis une nouvelle confiance en moi… »

Les semaines, puis les mois passent, jusqu’à ce qu’elle finisse par se séparer. Non, pas seulement à cause de cet amant. « Mais il m’a donné un coup de pied dans le derrière », concède-t-elle. Tiens, on a oublié de lui demander, est-il lui aussi plus âgé ? Affirmatif : 20 ans de plus. « C’est fucké intense ! »

Et puis, c’était à prévoir : même si elle s’est juré de ne pas tomber amoureuse, Victoria ne peut pas s’en empêcher. C’est plus fort qu’elle. Et ça paraît. Si c’est réciproque ? « On a eu une grosse conversation, il ne peut pas. Il est bien avec moi, mais il ne peut rien faire. » « Je ne peux pas te donner ce que tu veux », lui dit-il. Même si ça ne va pas avec sa femme, paraît-il.

Et puis ? Leur histoire se poursuit à ce jour. « On est un couple, mais on ne peut pas le montrer », résume-t-elle. Ils se voient matin et soir, s’embrassent en douce, font l’amour ici ou là, au bureau, dans différents locaux, environ une fois par semaine.

Elle le sait :

Ce n’est pas la raison qui mène, c’est la passion.

Victoria, jeune quarantaine

Et même si elle espère toujours qu’il laisse un jour sa femme, Victoria se dit ici « sereine ».

« Ça me convient. Je prends ce qui passe, dit-elle. Je me dis : profites-en donc ! T’as du plaisir, t’es bien, profites-en donc ! »

Non, presque personne n’est au courant. « Mais je suis sûre que je ne suis pas la première à qui ça arrive, conclut-elle. Avec cette histoire, j’ai eu plein de réflexions sur la fidélité. […] Quand un couple va mal, tout peut arriver. […] Heille, j’ai 40 ans, je veux de la passion. De l’intensité. Pas un bec sur la bouche en me couchant le soir ! »

* Prénom fictif, pour protéger son anonymat