Ancienne artiste de cirque, Sèveline Beauregard a rejoint l’entreprise familiale de sculpture de neige, de glace et de sable il y a huit ans, suivant ainsi les traces de son père et de sa grande sœur. Désormais propriétaire de Sculpture BeauRegard, elle crée des œuvres d’art éphémères, hiver comme été, au Québec et ailleurs dans le monde. Voici ses astuces pour les débutants.

Préparer la glace ou la neige

Lorsqu’on rencontre Sèveline Beauregard devant la résidence pour retraités l’Eau vive, à Saint-Hyacinthe, elle s’affaire depuis près de deux heures à transformer de la glace en ange pour égayer le carnaval qui s’y tient. Son point de départ : trois grands blocs de l’entreprise spécialisée La Glace Frontenac qu’elle a assemblés avec de l’eau avec l’aide de son collègue et conjoint Joris Kivits. Si ses morceaux sont translucides, c’est grâce au procédé de fabrication en usine qui élimine les bulles d’air. « Quand on fait de la glace à la maison, il y a des bulles et ça fait une glace blanche, indique la sculptrice. Mais pour s’amuser, ce n’est pas très grave. »

De l’eau qu’on laisse geler à l’extérieur dans des bacs de plastique peut très bien servir de base pour une sculpture. On peut même y ajouter des gouttes de colorant. Si on préfère la neige, il est très important qu’elle soit bien compactée. « Je conseille de faire une boîte avec des planches de bois ou d’utiliser des chaudières. [...] On remplit ça avec de la neige et on la piétine », explique l’artiste, qui suggère d’attendre une nuit avant de procéder au démoulage.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Lors du passage de La Presse, Sèveline Beauregard sculptait un ange.

Dessiner l’œuvre

Une fois son bloc de glace ou de neige prêt, il est temps de sculpter. Certains se feront un dessin sur papier, d’autres traceront directement les grandes lignes de leur œuvre sur la neige ou sur la glace. « On sculpte tout le contour, puis on fait l’intérieur et les détails », suggère Sèveline Beauregard.

Pour déterminer quoi sculpter, l’artiste conseille de s’inspirer des choses qu’on aime. Cela peut être, par exemple, son animal préféré. Elle-même a fait de nombreux chats à ses débuts, révèle-t-elle. « Personnellement, j’aime beaucoup le vivant, donc le corps humain, les visages. J’adore tout ce qui est abstrait aussi, les formes géométriques. [...] Et les animaux. Ce sont mes trois trucs préférés. »

Choisir ses outils

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Quelques outils utilisés par Sèveline Beauregard

Pour faire le contour des ailes de son ange, Sèveline Beauregard a recours à une scie à chaîne, rien de moins. Heureusement, de nombreux autres outils peuvent très bien convenir pour tailler la glace. Elle en sort d’ailleurs cinq de son coffre, dont une scie japonaise et un couteau à bois, qu’elle emploie lors de ses ateliers d’initiation à la sculpture éphémère.

Si on travaille avec de la neige, on peut se servir « de petites pelles de jardin, de spatules comme celles pour étendre le plâtre, de fourchettes... En fait, tous les ustensiles de cuisine peuvent être utilisés », énumère-t-elle.

Penser en trois dimensions

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Sèveline Beauregard est dans la finition.

La majorité du temps, la sculpture est une œuvre en trois dimensions. Sèveline Beauregard suggère donc aux artistes en herbe de changer de position fréquemment lors du processus de création afin de la voir sous différents angles.

« Si on la regarde de face, c’est, par exemple, un chat, mais si je me tasse de côté, il faut aussi que ça ressemble à ça », illustre-t-elle.

Guetter les éléments

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Le soleil crée des fissures dans la glace.

L’hiver québécois réserve son lot de surprises. Certains éléments de la nature abîment davantage les œuvres que d’autres. « Le soleil, c’est le pire ennemi de la glace », affirme-t-elle, en montrant quelques fissures déjà apparues sur son ange. « Après, il y a le vent. Le vent, ça fait fondre la sculpture à vue d’œil. La pluie, c’est sûr que ça abîme les détails, mais le vent est plus nocif », indique-t-elle, en précisant que dans des conditions idéales, une sculpture de glace peut demeurer belle environ deux semaines.

« Chaque sculpture est unique et disparaît avec le temps. Je trouve ça fascinant de vivre ça comme expérience », conclut l’artiste.

Consultez le site de Sculpture BeauRegard