Valérie Roberts sort ces jours-ci Post-partum : les hauts et les bas du quatrième trimestre. Pourquoi l’animatrice radio a-t-elle voulu aborder les premiers mois de la maternité dans un livre ? « Pour que personne ne se sente comme je me suis sentie », confie-t-elle. La Presse l’a rencontrée en compagnie de la psychologue Lory Zephyr, qui a collaboré à l’ouvrage.

Avant de donner naissance à sa fille en juin 2021, Valérie Roberts avait très peu entendu parler du quatrième trimestre. Tout comme les 14 mères (dont plusieurs personnalités connues) qui témoignent dans son livre, d’ailleurs.

Notre première question ne peut donc qu’être la suivante : qu’entend-on par « quatrième trimestre » ? « Sur papier, ce sont les trois premiers mois après l’accouchement. […] La vérité, c’est que le quatrième trimestre, pour plein de femmes, va durer plus longtemps », répond l’autrice.

« C’est un moment où tu mets au monde ton enfant. Tu dois comprendre qui il est, mais surtout, ce que toi tu deviens », poursuit-elle.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Lory Zephyr, psychologue

« Le quatrième trimestre chevauche le concept de matrescence », précise la psychologue Lory Zephyr. Un terme formé de la contraction des mots « maternité » et « adolescence » qui fait référence à la période d’adaptation des femmes à leur nouveau rôle de mère.

Ce moment marqué par des bouleversements tant physiques que psychologiques « peut durer, selon certains auteurs, de 2 à 3 ans après la grossesse ». « C’est un long processus », souligne l’experte.

Un processus lors duquel les nouvelles mères vivent un tourbillon d’émotions dont on ne parle pas assez, croit fermement Valérie Roberts.

« Il faut prévenir les futures mères »

Devenir mère est souvent idéalisé, soulignent nos deux interlocutrices. « La maternité, ça devrait être quelque chose de magique, de merveilleux. On met des lunettes roses. […] Mais au départ, ce n’est pas vrai que c’est facile », affirme l’animatrice et chroniqueuse culturelle que l’on peut entendre à CKOI et au 98,5.

Selon elle, il est primordial de préparer les futures mamans aux montagnes russes émotionnelles qu’elles vivront après la naissance de leur poupon.

Un constat repris par de nombreuses femmes interviewées dans Post-partum : les hauts et les bas du quatrième trimestre. « J’aurais aimé qu’on me dise que c’était mentalement que j’allais être complètement déboussolée », y confie, par exemple, l’humoriste Katherine Levac. « Il faut prévenir les futures mères », ajoute-t-elle, quelques paragraphes plus loin.

« Une zone grise »

Dans Mieux vivre avec notre enfant (le fameux guide distribué aux parents dans les hôpitaux), on aborde le baby blues, qui survient dans les trois semaines après l’accouchement, et la dépression post-partum, mais le spectre des épreuves que peut traverser une nouvelle mère est tellement plus grand. Entre les femmes qui s’adaptent très facilement à leur nouveau rôle et celles qui vivent une dépression, il y a « une zone grise dont on ne parle jamais », fait valoir Valérie Roberts.

Son quatrième trimestre a, par exemple, été synonyme d’anxiété.

Je n’avais jamais vécu d’anxiété de toute ma vie. […] Et là, je me retrouvais à faire des crises d’anxiété dans ma douche. Trembler, avoir des sueurs froides, ne pas comprendre mon corps, ma tête, ne pas savoir ce qui se passait.

Valérie Roberts, autrice et animatrice radio

Plus de deux ans plus tard, évoquer cette période est encore difficile pour elle.

Avec l’aide d’une psychologue, elle a réussi à comprendre pourquoi elle vivait de l’anxiété. « J’avais peur que ma fille meure », confie-t-elle. Et elle n’est pas la première à être paralysée par cette crainte. « La peur de la mort, la sécurité des enfants, ce sont vraiment des enjeux dont les mamans me parlent beaucoup », confirme Lory Zephyr, qui s’est spécialisée en santé mentale maternelle.

Témoignages variés

À travers les 14 témoignages du livre, Valérie Roberts souhaitait montrer différents aspects plus sombres de la maternité.

Par exemple, Léane Labrèche-Dor aborde la culpabilité constante, l’autrice-compositrice-interprète Eli Rose revient sur la pression d’allaiter, Mélanie Boulay, du duo Les sœurs Boulay, parle du sentiment de ne pas se sentir compétente.

Cette impression de ne pas être à la hauteur, Valérie Robert aussi l’a vécue. « Je me sentais tellement poche », lance-t-elle, sans filtre.

À l’époque, si elle avait pu lire des témoignages de mères ayant expérimenté la même chose, elle est convaincue qu’elle aurait traversé plus sereinement les premiers mois de vie de sa fille.

En ce sens, elle espère que son livre permettra à de nouvelles mamans de se sentir moins seules, et à leur entourage de mieux les accompagner.

La suite

Alors que Post-Partum : les hauts et les bas du quatrième trimestre arrive sur les tablettes des libraires, Valérie Roberts souhaite « aller encore plus loin ». Elle lancera sous peu une émission balado sur le quatrième trimestre, dans laquelle elle interviewera différents experts. Un exemple ? Dans l’un des premiers épisodes, elle discutera avec un endocrinologue pour mieux comprendre la chute d’hormones vécue après l’accouchement et ses répercussions.

Parce que, selon Valérie Roberts, plus on parlera du quatrième trimestre, plus on diminuera la pression que les mères se mettent sur les épaules.

Post-partum : les hauts et les bas du quatrième trimestre

Post-partum : les hauts et les bas du quatrième trimestre

Trécarré

192 pages