(Montréal) Un nombre considérable de jeunes enfants continuent chaque année d’avoir besoin de soins après être entrés en contact avec le contenu de sachets de détergent à lessive, et ce, même si la situation tend à s’améliorer, démontrent de récentes données.

Le Centre antipoison du Québec a ainsi reçu 137 demandes en 2023 concernant des enfants de cinq ans et moins qui avaient été exposés au contenu d’un sachet. Cela se compare à 141 demandes en 2022, à 114 demandes en 2021 et à 131 demandes en 2020.

La situation est stable chez les 6-12 ans. Moins de cinq appels ont été reçus en 2023, comparativement à un sommet de 13 en 2021.

Les deux plus grands hôpitaux pédiatriques de Montréal, le CHU Sainte-Justine et l’Hôpital de Montréal pour enfants, ont accueilli ensemble une quinzaine de petits patients à l’urgence pour cette raison au cours de la dernière année.

« Il faut penser que ce sont des produits chimiques qui se trouvent à être camouflés sous un beau design dans une petite capsule, a dit Marie-Gabrielle Delisle, qui est assistante infirmière-chef, trajectoire de traumatologie et grands brûlés, au CHU Sainte-Justine. Mais ça reste le fameux produit chimique qui est tout aussi dangereux que celui dans la bouteille plus classique que l’on reconnaît puis que l’on voit. »

On observe une tendance similaire aux États-Unis. Une enquête publiée récemment dans le journal Clinical Toxicology par des chercheurs de l’hôpital pédiatrique Nationwide, dans l’Ohio, rapporte un déclin de 6,8 % entre 2020 et 2022 chez les enfants de six ans et moins, sur la base de données fournies par les centres antipoison des États-Unis.

Toutefois, notent les auteurs de l’étude, « environ 6 % des expositions à une seule substance ont eu des conséquences médicales graves ».

Malgré la diminution du nombre, du taux et de la gravité des expositions aux paquets de détergents liquides pour la lessive chez les enfants de moins de 6 ans, la charge d’exposition reste élevée.

Extrait de l’enquête publiée dans Clinical Toxicology

D’autant plus que les sachets de détergents liquides sont plus toxiques que les détergents liquides et en poudre traditionnels, rappelle par ailleurs un communiqué diffusé par Nationwide.

« Les raisons de cette toxicité accrue ne sont pas entièrement comprises et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer comment rendre le contenu des sachets moins toxique. Une telle reformulation réduirait la gravité des expositions aux sachets de détergents liquides. »

Un contact avec le contenu des sachets peut causer des blessures au visage, aux yeux et aux doigts, rappelle Mme Delisle. En cas d’ingestion, l’enfant pourra être pris de nausées, de vomissements ou de douleurs abdominales. Il pourra aussi présenter des diarrhées et des difficultés respiratoires, voire une inflammation des voies respiratoires qui pourra nécessiter une hospitalisation aux soins intensifs.

La prévention est donc de grande importance, poursuit-elle, d’autant plus que les produits nettoyants offerts sous forme de sachets se multiplient sur le marché. S’assurer que ces produits sont hors de la portée des enfants et verrouiller les armoires ne sont que deux mesures qu’on peut prendre.

« C’est important aussi de faire un peu d’enseignement aux enfants, d’avoir des discussions avec eux, de leur expliquer que bien que ça ressemble à des bonbons, ce sont des produits chimiques, c’est dangereux, puis qu’ils ne doivent pas y toucher », a-t-elle dit.

En cas d’exposition, conclut-elle, on suit les directives du fabricant du produit et on communique avec le Centre antipoison.