Votre jeune est amateur de jeux de société ? Et si, pendant la semaine de relâche, vous le mettiez au défi d’en créer un ? Pour l’aider à mener à bien cette mission, on lui offre les conseils des chefs de studio de deux éditeurs québécois, Joël Gagnon, de Randolph, et Manuel Sanchez, de Scorpion masqué.

Trouver sa source d’inspiration

Auteur de différents jeux de société, dont L’osti d’jeu et son pendant familial Panache !, Joël Gagnon puise souvent ses idées de création dans... la frustration. Par exemple, celle vécue à la fin d’un jeu dont il aurait voulu modifier les règles ou celle qui accompagne le questionnement : « Comment ça se fait que ça n’existe pas, ça ? » « En verbalisant ma frustration, je commence à me mettre en mode solutions, c’est-à-dire que j’identifie un problème et je tente de le régler », explique-t-il.

S’interroger sur son intention de départ est une autre avenue à explorer. Que souhaite-t-on faire vivre aux joueurs ? Veut-on qu’ils puissent rire ensemble assis dans le salon ou qu’ils testent leurs connaissances sur un sujet donné ? « Bâtir autour d’une intention, c’est une bonne idée. Ça va te donner des guidelines pour toute la séquence qui s’ensuit », soutient-il.

S’imposer des contraintes

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Le prototype et la version commercialisée de Zéro à 1000, un jeu de Scorpion masqué d’une durée de 15 minutes

Lorsqu’ils imaginent des jeux de société, les apprentis créateurs voient parfois trop grand, souligne Manuel Sanchez. Mieux vaut oublier le jeu de conquête avec 70 personnages. S’imposer des contraintes permet de s’assurer de mener à bout son projet. L’une d’entre elles devrait d’ailleurs être la durée du jeu, pensent les deux experts. Selon eux, les créateurs devraient tous viser des parties de 30 minutes ou moins.

« Si le jeu s’arrête quand tu as du fun, tu as le goût de rejouer. Si le jeu s’arrête alors que ça fait 20 minutes que tu t’ennuies [...], tu ne rejoueras pas », soutient Manuel Sanchez. En concevant un jeu d’une moins longue durée, on peut également le tester plus rapidement et l’améliorer au fil des parties, souligne Joël Gagnon.

Partir d’une base solide

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Quelques jeux jeunesse édités chez Randolph ou chez Scoprion masqué

Lorsqu’on souhaite créer un jeu à la maison, il peut être inspirant de partir de son jeu préféré et de le réinventer. Joël Gagnon donne l’exemple de Zombie Kidz, une création de Scorpion masqué dans laquelle des jeunes doivent sauver leur école d’une attaque de morts-vivants. On pourrait réutiliser les règles et la mécanique du jeu, mais explorer un nouvel univers. « De cette façon, tu as une base très solide de travail qui fonctionne. Après ça, tu peux te demander quel thème t’intéresserait plus que les zombies. Si ce sont les lions, ça peut devenir Lion Kidz », élabore, avec énergie, Joël Gagnon.

Même dans l’industrie, il est très rare que des jeux ne reprennent aucune mécanique déjà existante, soulignent les deux chefs de studio. Manuel Sanchez pointe le jeu de l’Agent Jean, qui se trouve devant lui. « C’est un jeu de levées hyper classique qui a été modifié pour fonctionner dans l’univers de ce personnage de bande dessinée. » « Rester près de quelque chose que les gens comprennent, c’est parfois préférable, car on a déjà des références. Quand on s’assoit à la table, on sait à peu près ce qui va se passer », ajoute Joël Gagnon.

Miser (ou non) sur ses talents artistiques

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Prototype créé par Joël Gagnon

Pour créer un jeu de société, on n’a pas nécessairement besoin de beaucoup de matériel. « Un carré de papier, c’est une carte. Tu peux dessiner à la main ce que tu veux dessus », affirme Manuel Sanchez. On pourrait, par exemple, faire un jeu lors duquel chaque carte qu’on pige invite le joueur à faire une action loufoque.

Et pas besoin d’être un expert en bricolage pour créer un jeu intéressant, insiste Joël Gagnon, en montrant l’un des prototypes qu’il a lui-même fait. Il a transformé un morceau de carton en plateau sur lequel on roule des dés décorés d’autocollants. Ce jeu qui mise sur « la mécanique très émotive du stop ou encore » devrait d’ailleurs être commercialisé dans la prochaine année, indique-t-il.

Repousser les limites

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Chez soi, on peut utiliser toutes sortes d’objets pour créer un jeu.

Si les éditeurs de jeux de société doivent parfois freiner leur créativité pour des questions budgétaires ou de production, un jeune qui invente un jeu chez lui n’a pas de limites, observent les deux experts.

« On peut utiliser du matériel inusité de la maison, des cuillères, des outils de cuisine, n’importe quoi qui est drôle », propose Joël Gagnon, qui rappelle que les enfants sont les bienvenus dans cinq des huit succursales des pubs ludiques Randolph, où ils peuvent essayer des tonnes de jeux. « Une belle activité pour la relâche ! »

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