Depuis qu’il est tout jeune, on dit de lui qu’il a une vieille âme, celle de quelqu’un qui a vécu et réfléchi sur le monde.

À contre-courant, Boucar Diouf a toujours eu l’impression qu’il était plus vieux que son âge réel, ce qui explique peut-être sa relation d’affection avec le passé, la vieillesse et la sagesse des anciens. « J’ai une connexion particulière avec les personnes âgées, probablement parce que je suis un aîné », dit l’humoriste et vulgarisateur scientifique.

Une vieille âme

« Cette vieille âme que tu nommes, ma mère me l’a dit jusqu’à sa mort. Elle m’a toujours dit : “Toi, tu es un être vivant d’une autre époque”. Mes parents étaient vraiment convaincus que j’étais une âme revenue sur Terre. Mon père pense que je suis son père. Il a perdu la mémoire dernièrement, mais il m’a toujours appelé “papa”. C’est déstabilisant. »

Paroles de biologiste

« Des fois, je me sens jeune. J’ai écrit un livre qui s’appelle Ce que la vie doit à la mort quand ma mère est partie, pour dire aux gens à quel point notre corps est renouvelé régulièrement. Le Boucar qui est parti du Sénégal, ce n’est plus lui. Notre corps se renouvelle pratiquement tous les 15 ans, à part les cellules nerveuses. […] Donc, on est toujours jeune quelque part. Mais on est vieux aussi. On est l’aboutissement de quelque chose qui a commencé il y a plus de 3,5 milliards d’années. Nous partageons des gènes avec les bactéries, avec les poissons. Évolutivement, on est très vieux. C’est ce côté-là qui l’a emporté sur moi […] On peut se réclamer de l’âge du vivant. J’ai une partie de moi qui a 3,5 milliards d’années. »

Au Québec, une renaissance

« On n’est pas que génétique, on est aussi culturel. Le Boucar qui s’exprime dans les médias, devenu une personnalité publique, ce Boucar-là a 33 ans. Il est né à Rimouski, en 1991. Parce que l’immigration, c’est une nouvelle naissance, sans les parents pour accompagner tes premiers pas. »

Le respect des aînés

« J’ai souvent vu les femmes [au Sénégal] se vanter d’avoir plus d’âge que telle personne, alors qu’ici, c’est l’inverse […] Combien de fois je me suis fait dire : “Un peu de respect, je suis plus vieille que ta mère !” Les Africains ont un respect sans bornes pour les personnes âgées. Quand tu es dans une tradition orale, plus la personne vieillit, plus elle prend de l’importance dans la société parce qu’elle a une expérience que les autres n’ont pas. »

La vieillesse, ce cadeau

« La modernité nous dit : il faut éliminer les traces de la vieillesse. Mais il reste que c’est un cadeau, parce que si tu ne vieillis pas, tu vas mourir jeune […] Je ne crains pas de vieillir. Ce que je crains, c’est la douleur. Je vis avec une douleur chronique parce que j’ai eu la poliomyélite quand j’étais jeune, ce qui m’a déséquilibré le corps. Le médecin m’avait dit : “En vieillissant, tu vas avoir des problèmes”. Ça commence. »