Une fois par mois, La Presse, inspirée par le Questionnaire de Socrate du magazine Philosophie, interroge une personnalité sur les grandes questions de la vie. Ce dimanche, l’illusionniste Luc Langevin, en tournée au Québec avec son spectacle Vérités, répond à nos questions.

Qui suis-je ?

Ça dépend selon le point de vue de qui. De mon propre point de vue, je me définirais comme quelqu’un de bienveillant et de passionné. Selon ma bien-aimée, je dois être quelqu’un qui travaille beaucoup. Du point de vue de mes enfants, un clown. Du point de vue de mes collègues de travail, un entêté peut-être.

Sommes-nous libres ?

Pour avoir voyagé beaucoup, je dirais qu’au Canada, nous sommes beaucoup plus libres qu’ailleurs. Nous avons la chance de vivre dans une démocratie où la presse peut également s’exprimer librement. Il y a moins de distinction entre les classes sociales ici qu’ailleurs dans le monde. On ne naît pas tous égaux… mais tout le monde peut réussir et connaître le succès, même en commençant en bas de l’échelle. Après, avoir de la liberté ne veut pas dire de ne pas avoir de limites. Nous sommes tous libres dans un certain terrain de jeux… mais les dimensions de ce terrain varient d’une personne à l’autre.

Que retenez-vous de votre éducation ?

Mieux vaut planifier que réagir et mieux vaut s’écouter soi-même. Aussi, quand on s’ouvre aux autres, les autres s’ouvrent à nous.

Un penseur/philosophe/auteur qui vous accompagne depuis longtemps ?

Albert Einstein.

Qu’est-ce qui tourmente votre conscience ?

Le sens de la vie en général. Pourquoi je vis ? Pourquoi tout ça : nous, sur cette planète, dans ce système solaire, dans un univers immense qui existe depuis des milliards d’années. Quel est mon rôle dans tout ça et est-ce que je le fais bien ? Est-ce que ça sert vraiment à quelque chose ?

La chose la plus surprenante que vous avez faite par amour ?

Renoncer à une partie de mes rêves.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Luc Langevin

Le lieu ou l’état d’esprit parfait ?

Sur scène à émerveiller les gens… ou dans les bras de ma bien-aimée… ou avec mes enfants dans mes bras.

Un avantage d’être égoïste ?

N’avoir que soi-même de qui s’occuper.

Une qualité que vous n’aurez jamais ?

Être un bon hôte. Je ne reçois presque jamais chez moi et je n’aime pas tellement le faire. J’aimerais « aimer ça » et être bon là-dedans, mais ce n’est pas le cas… et la motivation pour changer n’est pas vraiment au rendez-vous.

Votre démon ?

Le travail. C’est, d’une part, une grande passion qui me nourrit énormément, mais aussi quelque chose qui monopolise une immense partie de ma vie au détriment du reste. Je suis tellement passionné par mon travail qu’il est très difficile de faire de la place pour autre chose, ce qui complique beaucoup mon existence. Parce que, ultimement, j’ai aussi besoin d’autres choses.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Luc Langevin

Un lieu parfait pour rêver, créer ?

Dans ma tête. C’est le meilleur endroit au monde ! Quelle chance de pouvoir y aller quand je veux, d’ailleurs.

Une belle mort, selon vous ?

Entouré de mes proches… peu importe le lieu ou le comment. Ne serait-ce que pour leur parler une dernière fois.

Ce qui vous fâche dans la vie ?

La tendance des gens à réagir une fois que le mal est fait plutôt que de prévenir. Les personnes qui n’apprennent pas de leurs erreurs. La stupidité humaine. La guerre.

Complétez la phrase : Si Dieu existe…

… pourquoi serait-ce si grave à ses yeux que nous, petits humains minuscules qu’il a créés dans cet immense univers, nous blasphémions ou ne prenions pas le temps de prier ou d’aller suffisamment à l’église ? Pourquoi ça le dérangerait au point où il veuille nous punir pour l’éternité si nous n’écoutons pas ses volontés, alors qu’il nous a lui-même créés comme nous sommes et qu’il peut tout transformer comme il le souhaite puisqu’il est tout-puissant ? Pourquoi serait-ce si important à ses yeux de nous éduquer ainsi et pourquoi serait-ce si pertinent que nous croyions en lui sans avoir de preuve de son existence ?