Marre d’être fatigué, même quand vous vous reposez ? Vous rêvez d’être bien, enfin ? Non, il n’y a pas de recette magique. Mais il y a sans doute quantité de petites et grandes propositions aussi douces que radicales à adopter, à échelle individuelle, mais aussi systémique, pour un bien-être profond, entier, total. En voici 10.

Pour un ministère de la Fatigue

Commençons avec une proposition ambitieuse. L’idée a été formulée par l’autrice Véronique Grenier (À boutte) dans la série documentaire Crevée, de Bianca Gervais (offerte sur l’Extra de Tou.TV), où la comédienne et animatrice va aux sources de sa grande fatigue et cherche surtout des pistes pour en sortir. On a un ministère des Transports et un ministère de la Condition féminine, « pourquoi pas un ministère de la Fatigue, où on se poserait la question : qu’est-ce qu’on fait collectivement ? ». Question de s’attaquer de front à l’absentéisme, à l’épuisement professionnel, etc.

Une campagne pour la cause

Si tout le monde est fatigué, du primaire à l’université et jusqu’au marché du travail, le sujet demeure néanmoins tabou. Alors, parlons-en, suggère Bianca Gervais, pourquoi pas dans le cadre d’une campagne de sensibilisation autour de la fatigue, un peu à la manière des campagnes pour la santé mentale, lesquelles ont grandement contribué à déstigmatiser la chose ?

Pour le droit de « botcher »

Autre idée soulevée par Bianca Gervais : le droit de travailler « suffisamment bien ». Inspirée de la philosophie du good enough parent, ce parent ni hélicoptère ni désengagé, mais plutôt équilibré, la comédienne se demande : « il est où, le good enough travailleur ? On ne le rencontre jamais ! On n’en parle jamais ! […] Mais où est-ce qu’on peut lever le pied de l’accélérateur ? »

Diffuser la fatigue

Vous vous sentez submergé par les responsabilités qui s’empilent ? Vous ne voyez pas le bout ? Au lieu de tout prendre sur votre dos, pourquoi ne pas partager, ou plutôt diffuser, carrément « répandre la fatigue » ? Bianca Gervais a rencontré cinq femmes mères de famille monoparentale qui partagent ainsi les tâches dans un chalet commun, et leur réseau a effectivement quelque chose d’inspirant.

En finir avec le syndrome du « don de soi »

Pour « répandre », encore faut-il se débarrasser de certaines idées reçues, dont ce prétendu « don de soi », une notion très féminine, assurément à la source de bien des épuisements. Cette idée selon laquelle les femmes auraient cette tendance naturelle à s’occuper des autres n’est pas naturelle, mais construite, martèlent à leur tour Amelia et Emily Nagoski, dans Brûlées – Comment échapper au cycle du stress et du burn-out, un ouvrage pratique basé sur des notions scientifiques. Un syndrome à déconstruire, pour se ménager individuellement, puis collectivement.

De l’importance de se reposer

Ça a l’air tout bête, mais c’est essentiel. « Sans sommeil, on meurt », disent les deux autrices de Brûlées, en avançant cette statistique : 42 %. Il s’agit du pourcentage de notre temps que notre corps et notre cerveau ont besoin de passer au repos, soit 10 heures sur 24 environ. Vous ne les avez pas ? Ce n’est pas exactement une option : « si vous ne prenez pas ces 42 %, ce sont eux qui vous prendront », disent les autrices. Bref, l’épuisement vous guette. À noter qu’on ne parle pas ici seulement de dormir. Ces 10 heures peuvent en outre inclure du temps pour le sport (30 minutes), du temps de qualité avec un proche (30 minutes), autour de la table (30 minutes) ou pour toute autre activité où vous vous changez volontairement les idées (amis, etc.).

Cultiver les amitiés

Puisqu’on parle d’amitié, tous les experts le confirment : les liens sociaux sont aussi essentiels à notre bien-être que l’eau ou la nourriture. « L’être humain n’est pas conçu pour fonctionner de manière autonome », écrivent à ce sujet les sœurs Nagoski, qui n’en sont pas à leur premier livre choc (Emily Nagoski est notamment l’autrice de Come As You Are [Réjouissez-vous], un ouvrage inédit sur la sexualité au féminin). Le fameux village nécessaire pour élever un enfant ? Il est aussi essentiel au bien-être des adultes. Et il peut entre autres participer à « diffuser » notre fatigue, comme suggéré plus haut.

Se fatiguer… physiquement

On le sait, l’activité physique est la stratégie par excellence pour gérer le stress. Courir, nager, danser, cela canalise notre énergie, c’est démontré. Et très concrètement, reprend Bianca Gervais, on peut, ce faisant, « troquer la fatigue de la tête pour une fatigue physique », soit une fatigue plus « tangible », dit celle qui aime se mettre les mains dans la terre, remplir des sacs de feuilles, etc. « Ça fait du bien et ça valide le fait d’être fatigué. »

Se choisir et faire des deuils

Ça a l’air tout simple, mais c’est sans doute l’une des idées les plus radicales qui soient. « Qui suis-je, quelles sont mes valeurs, est-ce que mes choix répondent à mes valeurs ? », énumère la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers (Tu mérites mieux qu’un bain moussant – Un guide pour prendre soin de soi). Pour paraphraser notre collègue Dominic Tardif avec sa balado : deviens-tu c’que t’as voulu ? Y avez-vous seulement jamais pensé ? « Se choisir, c’est se réaligner entre ce qu’on veut et ce qu’on peut », poursuit l’autrice, un réalignement qui implique forcément des deuils, sans doute aussi une « paix intérieure », assurément une « acceptation de soi ». Bref, un bien-être certain.

Oser l’autocompassion

Vous êtes à bout ? On vous en demande trop, de tous bords tous côtés ? « Ça ne se peut juste pas », résume Stéphanie Deslauriers dans son Guide pour prendre soin de soi. C’est ça, l’autocompassion : reconnaître que certains standards sont trop élevés, irréalistes, et surtout irréalisables, et se donner du lousse. En tant qu’êtres humains, reconnaître qu’on ne peut pas tout faire, que cette pression constante a un prix : notre santé mentale, notre bien-être, quoi. Solution ? On se donne le droit de le dire, le ressentir, le vivre. En un mot : « on s’autocompassionne » !

Lisez « En finir avec la tyrannie du succès »