Le bar Le Saint-Sulpice, véritable institution de la rue Saint-Denis à Montréal, fermera définitivement ses portes à la fin du mois de février. La nouvelle a rapidement engendré de nombreux témoignages d’anciens habitués nostalgiques de leurs sorties au bar.

« J’étais quasiment un meuble, souligne Frédéric Forget à La Presse. C’était mon deuxième chez-moi. » L’ancien habitué, qui a fréquenté – jusqu’à quatre fois par semaine – Le Saint-Sulpice durant les années 1990, se souvient d’un endroit convivial où il rencontrait toujours une connaissance.

« Le Saint-Sulpice est un emblème du Quartier latin, et représentait le côté social fort de l’époque », se rappelle Frédéric Forget. À une époque où les téléphones cellulaires et les réseaux sociaux n’existaient pas encore, les clients du bar discutaient entre eux, « on venait pour socialiser », dit-il. Et le bar était bien situé, « c’était vraiment un point central » dans le quartier.

Ouvert depuis 43 ans, Le Saint-Sulpice (ou Le Saint-Su pour les initiés) a accueilli de nombreuses générations d’étudiants, le bar étant proche de l’Université du Québec à Montréal et du cégep du Vieux Montréal. L’annonce de la fermeture a été faite dimanche soir sur Facebook.

« Nos 20 ans de 1999 à 2010 nous auront fait danser, boire, échanger, partager des moments incroyables », a écrit Isabelle Leduc, en réaction à la publication de l’établissement sur le réseau social.

Une marque d’histoire se tourne encore à Montréal et vous aurez été présent.

Isabelle Leduc

« Pas possible ! Ce bar a marqué mes 20 ans. J’y ai passé une bonne partie de la décennie 90. Des soirées mémorables et des partys de tout genre. Je ne pourrai jamais oublier cet endroit », a réagi Serge Vallée, aussi sur Facebook.

L’établissement, notamment réputé pour son énorme terrasse à l’arrière – dont plusieurs attendaient l’ouverture avec impatience au printemps –, accueillait aussi de nombreux évènements artistiques.

Popularité en déclin

« C’était une institution », dit Benoît Malric, en entrevue avec La Presse, qui a travaillé au Saint-Sulpice de 2008 à 2015, dont deux années à temps plein. Il se remémore un travail « très exigeant », mais où il a développé un véritable sentiment d’appartenance.

Durant la haute saison, plus d’une centaine d’employés servaient les clients, se souvient l’ancien employé du bar.

Il y avait « beaucoup d’étudiants », des habitués, des touristes et des festivaliers, « surtout quand le festival Juste pour rire se déroulait rue Saint-Denis ».

Le Saint-Sulpice, fondé en 1980 par le docteur en psychologie Maurice Bourassa et son conjoint, le diplomate Pierre-Luc d’Orsonnens, avait déjà temporairement fermé ses portes pendant la pandémie. Depuis, le bar n’accueillait plus de clients, mais des tournages, dont certains prévus ce printemps. Le Saint-Sulpice avait aussi été mis en vente en janvier 2022.

« La popularité du bar avait commencé à péricliter [avant la pandémie] », affirme Benoît Malric, qui croit que la diversification de l’offre de terrasses dans le quartier et l’augmentation des prix des consommations y étaient pour quelque chose.