Je suis la mère de quatre enfants noirs et d'un enfant blanc. Nous les avons toujours éduqués sur les bases de l'égalité, de la non-discrimination et de l'acceptation de notre couleur et de nos origines. Je dois avouer que j'ai toujours eu tendance à croire que dans le quotidien de notre vie, ici dans le Québec du XXIe siècle, que le racisme et le profilage racial n'existent pas, que ce sont en fait des phénomènes qui germent entre les deux oreilles de ceux qui s'en disent victimes.

Je suis la mère de quatre enfants noirs et d'un enfant blanc. Nous les avons toujours éduqués sur les bases de l'égalité, de la non-discrimination et de l'acceptation de notre couleur et de nos origines. Je dois avouer que j'ai toujours eu tendance à croire que dans le quotidien de notre vie, ici dans le Québec du XXIe siècle, que le racisme et le profilage racial n'existent pas, que ce sont en fait des phénomènes qui germent entre les deux oreilles de ceux qui s'en disent victimes.

Mes deux fils ainés, l'un blanc et l'autre noir, ont tous les deux obtenu leur permis de conduire au cours des derniers mois. Nous avons la chance d'habiter un quartier «cossu» de Laval, nous avons la chance d'avoir deux véhicules récents que nos fils peuvent prendre pour se rendre à leurs diverses activités.

Or, aussi incroyable que cela puisse paraître, mon fils blanc ne s'est jamais fait intercepter par les policiers pour un contrôle et une vérification, alors que mon fils noir a eu droit à neuf vérifications de routine par la police de Laval depuis l'obtention de son permis de conduire, le 19 mai dernier! Pas un, pas deux, pas trois... neuf, et ce, en moins de deux mois!

Chaque fois qu'il est intercepté, mon fils doit expliquer que le camion ou l'auto appartient à ses parents, il doit expliquer qu'il habite le quartier ou les environs... et après la vérification de routine, on le laisse poursuivre sa route.

Sincèrement, je ne peux logiquement m'expliquer cette situation, sans en arriver à la conclusion que la couleur de la peau de mon fils est en cause. Pourquoi le Noir et non le Blanc? Ils empruntent pourtant les mêmes routes, ils ont le même âge - 10 mois de différence -, et conduisent les mêmes véhicules.

Mon fils noir commence à trouver la situation pas très drôle, lui qui était pourtant persuadé que la couleur de sa peau ne changeait absolument rien à ce qu'il était. Il commence à remettre en cause les grands principes que nous lui avons inculqués. L'égalité, maman, mais dis-moi, quelle égalité?

Je suis maintenant chamboulée dans mes croyances profondes, je suis également très déçue d'avoir été à ce point naïve et d'avoir minimisé le phénomène de la discrimination.

Si, en tant que parents, nous ne pouvons pas nous appuyer sans réserve sur le jugement des représentants de l'autorité, nous avons un sérieux problème. Il est inconcevable que ces hommes et ces femmes qui portent si fièrement l'uniforme puissent, ne serait-ce qu'une seule fois, se permettre de faire preuve de discrimination dans l'exercice de leurs fonctions.

Un jeune homme noir de 18 ans, sérieux, respectueux et prudent, qui habite une belle maison et qui conduit un beau camion, c'est suspect et inhabituel? Est-ce possible qu'encore aujourd'hui, en 2011 dans le Québec moderne, ouvert sur le monde et les cultures, que nous en soyons encore à devoir tirer de telles conclusions?