Les premiers résultats des recensements de la population qui ont eu lieu en Inde début 2011 et en Chine en 2010 montrent des évolutions démographiques différentes dans les deux pays les plus peuplés du monde.

Les premiers résultats des recensements de la population qui ont eu lieu en Inde début 2011 et en Chine en 2010 montrent des évolutions démographiques différentes dans les deux pays les plus peuplés du monde.

La population indienne a atteint un milliard 210 millions ; elle a augmenté de 180 millions depuis 10 ans, soit, en chiffres absolus, presque autant que la population actuelle du Brésil. La population de l'Inde est désormais inférieure de 130 millions seulement à celle de la Chine, qui compte un milliard 340 millions. Depuis 10 ans, l'accroissement naturel a été trois fois plus rapide en Inde (+1,76% par an) qu'en Chine (+0,54%). À ce rythme, la population de l'Inde atteindra un milliard 400 millions en 2026, et aura dépassé celle de la Chine vers 2030.

Certes, le rythme de croissance de la population indienne se ralentit par rapport aux précédentes décennies, mais il reste rapide car les générations en âge de procréer sont très nombreuses.  Le nombre d'enfants par femmes a baissé (actuellement 2,6), mais l'objectif de le faire tomber à 2,1 afin de stabiliser la population vers 2045 n'a pas été atteint.  

La Chine a un temps d'avance sur l'Inde dans la transition démographique et sa population devrait se stabiliser autour d'un milliard 450 millions vers 2040. Les derniers recensements montrent que, dans les deux pays la baisse de la natalité au cours des dernières décennies, s'est accompagnée d'une forte préférence pour les garçons. Pour 100 femmes, il y a 105 hommes en Chine, 106 en Inde, des ratios qui tendent cependant à décliner.

La population chinoise entre dans une phase de vieillissement qui s'accélèrera au cours des prochaines années.  Les personnes de plus de 60 ans représentent 13% de la population en 2010 (contre 10% en 2001) et les moins de 15 ans 16,6% (contre 23%). Autre fait marquant, l'ampleur prise par des migrations des campagnes vers les villes: 220 millions de Chinois vivent actuellement ailleurs que dans leur lieu de résidence officiel, soit deux fois plus qu'en 2001. Ces migrants représentent un tiers de la population urbaine, mais vivent dans un statut précaire, et il reste à les intégrer dans le tissu social des villes, en leur assurant ainsi qu'à leurs familles logement, éducation et sécurité sociale. La Chine va devenir une société à dominante urbaine au cours des prochaines décennies. Présentement (2010), la moitié de la population vit dans les villes et celles-ci devraient absorber encore plus de 250 millions de personnes d'ici 2030. L'Inde est encore à 70% rurale.

Les évolutions démographiques auront des répercussions économiques. En Chine la baisse de la population d'âge actif à partir de 2015 devrait entraîner un nouveau mode de croissance marqué par la hausse des salaires et plus de consommation (les actifs devront dépenser plus pour soutenir les inactifs). L'Inde se trouve dans une phase comparable à celle qu'a connue la Chine entre 1980 et 2005, où la population en âge de travailler augmente très rapidement, un «pactole démographique» qui favorise la production, l'épargne (les actifs épargnent plus que les inactifs) et l'investissement.