En cette période électorale, tous les candidats nous promettent des sommes faramineuses pour la santé. Mais, pendant ce temps, dans les coulisses, des fonctionnaires prennent des mesures qui vont laisser les personnes affligées de maladie mentale sur le bas-côté de la vie.

En cette période électorale, tous les candidats nous promettent des sommes faramineuses pour la santé. Mais, pendant ce temps, dans les coulisses, des fonctionnaires prennent des mesures qui vont laisser les personnes affligées de maladie mentale sur le bas-côté de la vie.

Alors qu'un excellent programme, appelé Interagir, avait permis à mon filleul - jeune schizophrène dans la vingtaine - d'occuper un poste d'aide à temps partiel dans une cafétéria pour aînés et, ce faisant, d'améliorer sa condition psychologique avec l'appui d'une équipe traitante dévouée à sa réussite, nous recevons la nouvelle que la politique gouvernementale a changé.

Désormais, les gens qui, comme lui, sont atteints de maladie mentale sévère et persistante, n'auront plus le droit de profiter de ce programme. Il a donc perdu son emploi et, par conséquent, se retrouve dans une incertitude angoissante qui affecte sa motivation à poursuivre sa démarche de réadaptation. Pourquoi? Comment peut-on ignorer l'effet bénéfique que le travail peut avoir sur eux? Sur leur maladie? Sur leur estime de soi?

Les personnes atteintes de maladie mentale veulent elles aussi donner un sens à leur vie. Elles veulent s'insérer dans le monde des gens en santé, dits «normaux». Elles veulent faire des apprentissages qui, sans nécessairement les préparer à une carrière, leur permettront de vivre pleinement. Dans certains cas, elles pourront finalement intégrer le marché du «vrai» travail. Dans d'autres, ce ne sera pas possible, mais en leur donnant accès à des postes adaptés à leurs besoins, on évitera souvent des passages à vide nécessitant des hospitalisations coûteuses.

Certes, il se peut que ces personnes doivent recevoir des prestations d'aide sociale à vie. Mais il ne s'agira nullement d'un cadeau si, par exemple, elles collaborent au bien-être de personnes âgées et vulnérables. C'est ce que faisait mon neveu en aidant à préparer repas et collations et en s'acquittant des tâches qu'on lui confiait avec une bonne grâce et une éthique de travail qui lui valaient les éloges de ses supérieurs et collègues. Pas une journée d'absence malgré les nuits blanches et les effets secondaires effrayants de certains médicaments! En revanche, beaucoup de fierté (justifiée) à travailler de concert avec des professionnels en santé mentale qui n'ont jamais été consultés par les bureaucrates!  

En somme, on stigmatise une fois de plus les malades mentaux, croyant peut-être comme autrefois - mais sans le dire ouvertement! - que la maladie mentale est une tare personnelle ou un défaut de caractère.

Il faut dénoncer vigoureusement cette attitude qui compromet tous les efforts que psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, ergothérapeutes et autres aidants, naturels ou professionnels, font pour tenir à bout de bras les personnes atteintes de maladie mentale.