Après avoir mis en place une politique efficace de conciliation travail-famille, le gouvernement du Québec aborde une autre question importante, celle du financement du régime public de rentes. Le budget déposé la semaine dernière par le ministre Raymond Bachand ouvre aussi un chantier plus vaste, celui de la conciliation travail-retraite.

Après avoir mis en place une politique efficace de conciliation travail-famille, le gouvernement du Québec aborde une autre question importante, celle du financement du régime public de rentes. Le budget déposé la semaine dernière par le ministre Raymond Bachand ouvre aussi un chantier plus vaste, celui de la conciliation travail-retraite.

Le financement des régimes de retraites a d'importantes implications sur les générations qui se succèdent. La hausse des cotisations au RRQ, raisonnable et étalée dans le temps, assurera le maintien d'une réserve financière importante à long terme. C'est là l'avantage d'un régime par capitalisation comme le nôtre, comparé au régime français qui exige des travailleurs en emploi un effort financier considérable pour financer les retraites des inactifs.

Cette hausse va rassurer les plus jeunes Québécois sur l'avenir de leur régime. Ils devront par contre payer au cours de leur vie davantage de cotisations que leurs parents. Mais on ne peut pas revenir sur le passé.

La bonne nouvelle cependant est que les plus jeunes (entre 30 et 40 ans) ont amélioré leur capacité de payer, puisque leurs revenus en termes réels ont augmenté dans les années 2000 et que l'effet de génération qui marquait auparavant à la baisse les revenus de travail dans cette tranche d'âge a disparu.

Le régime public de rentes n'a pas à jouer un rôle de redistribution du revenu (ce rôle est joué par l'impôt). Il vise plutôt à remplacer les revenus tirés du travail une fois arrivée l'âge de la retraite. Mais plusieurs mesures du RRQ ont quand même un caractère progressiste et elles favorisent une plus grande égalité et justice sociale.

Ainsi, les travailleurs à faible revenu qui prendront leur retraite avant l'âge de 60 ans se verront imposer une pénalité plus importante au Régime de Pension du Canada que dans le RRQ. De plus, ce dernier prévoit des prestations plus généreuses que le RPC pour les conjoints survivants âgés de moins de 65 ans (une majorité de femmes). Le Régime de rentes évalue de manière souple l'invalidité après 60 ans, ce qui favorise notamment les travailleurs manuels dont la force de travail est usée prématurément, une mesure qui n'est pas modifiée pour l'instant. Et la bonification de la rente d'orphelin est à souligner.

D'autres ajustements, discutés en commission parlementaire en août 2010, n'ont pas été retenus par le budget Bachand. C'est le cas de la modification de la rente de conjoint survivant qui tenait compte du fait que les femmes âgées de moins de 55 ans ont un taux de participation au marché du travail aussi élevé que celui des hommes. La rente de conjoint survivant limitée à 10 ans était une bonne proposition qui devrait être reprise.

Deux importantes questions restent en suspens. La première porte sur le niveau de revenu des futurs retraités. Le gouvernement a choisi d'inciter les travailleurs qui n'ont pas de régime de pension chez leur employeur à épargner davantage avec le nouveau régime RVER. La formule est bonne, meilleure que celle proposée par Claude Castonguay, mais encore faudra-t-il que travailleurs et employeurs y contribuent.

Deuxième question: les mesures proposées vont-elles favoriser la hausse du taux emploi après l'âge de 60 ans, plus faible au Québec qu'ailleurs? On peut en douter, tellement l'attrait de la «liberté 55» est grand. Or, c'est là un défi majeur qui restera à relever. Un seul chiffre l'illustre avec évidence: de 2013 à 2030, la population âgée de 15 à 64 ans va baisser au Québec de 3,8% et elle va augmenter en Ontario de 9,6%. Donc, réduction du nombre de travailleurs cotisants au RRQ, mais aussi un sérieux défi pour l'économie québécoise.