Nos procureurs de la Couronne sont en grève. Bravo, diront les voyous, le crime organisé, les antisociaux, et les violents ! Mais nous, collectivement, nous devrions être inquiets, très inquiets même. Car moi, je le suis.

Nos procureurs de la Couronne sont en grève. Bravo, diront les voyous, le crime organisé, les antisociaux, et les violents ! Mais nous, collectivement, nous devrions être inquiets, très inquiets même. Car moi, je le suis.

Lorsque j'étais policier à la Sûreté du Québec, j'ai côtoyé pendant 26 ans les procureurs de la Couronne, ces hommes et ces femmes pour la majorité dédiés à une cause: que justice soit faite dans le respect de la loi, de la constitution et de la population.

À mon avis, les procureurs de la Couronne sont les enfants pauvres de notre système pénal québécois, et ce, depuis fort longtemps. Sans devenir riches, ils devraient tout de même bénéficier d'une certaine forme d'indépendance financière, d'une garantie de protection sans équivoque, autant familiale, sociale qu'économique.

Pourquoi? Parce que vos procureurs sont vos représentants contre l'accusé qui lui, par l'entremise de ses avocats, possède souvent des moyens financiers incroyables, des services de recherchistes compétents, des technologies à la fine pointe. Les procès de motards, du crime organisé, l'affaire Vincent Lacroix en sont d'excellents exemples.

Les procureurs, eux, n'ont rien de cela ou presque. Leur salaire n'est pas équitable compte tenu de leurs responsabilités, leurs équipements sont encore désuets. Ils doivent effectuer leurs recherches eux-mêmes, calmer les ardeurs des policiers-enquêteurs, composer avec la pression des victimes et familles, négocier avec leurs collègues de la défense quelques fois arrogants, gérer menaces et intimidations.

Par conséquent, le rapport de force est rompu! Lorsque les citoyens émettent des commentaires tels que «il n'y a pas de justice, les riches gagnent, les pauvres perdent, je n'ai plus confiance en mon système pénal», posons-nous comme collectivité de sérieuses questions.

Obligeons nos élus, quelles que soient nos opinions politiques, à agir immédiatement et à négocier un traitement plus que raisonnable dans ces circonstances avec les procureurs de la Couronne, vos procureurs.

J'espère de tout coeur que le gouvernement ne réglera pas ce conflit par une loi spéciale.