Dans sa chronique de samedi dernier, Marie-Claude Lortie propose la mise sur pied d'une nouvelle organisation féministe, accusant la Fédération des femmes du Québec de manquer de représentativité.

Dans sa chronique de samedi dernier, Marie-Claude Lortie propose la mise sur pied d'une nouvelle organisation féministe, accusant la Fédération des femmes du Québec de manquer de représentativité.

La FFQ est un lieu d'action, d'analyse et de réflexion, de débat et de formation ouverte à toutes les femmes. Elle rassemble des femmes de tous horizons, 700 membres individuelles et 185 organisations locales, régionales et nationales, regroupant des milliers de femmes et travaillant sur autant de thèmes que la santé des femmes, le travail, la maternité, les garderies, la conciliation travail-famille-études, la lesbophobie, l'immigration et le racisme, la place des femmes en politique, l'environnement, les services publics, la violence, les stéréotypes, le vieillissement, l'exclusion sociale et bien d'autres.

La FFQ n'est plus rassembleuse? Alors, comment expliquer qu'elle est au coeur des plus grands rassemblements féministes dans l'histoire du Québec, du Canada et du monde depuis l'an 2000?

Depuis le forum Pour un Québec féminin pluriel de 1992, réunissant plus de 1000 femmes, le mouvement autonome des femmes a décidé de se concentrer, sans s'y limiter, sur les enjeux touchant les femmes les plus affectées par les inégalités et sur les contextes dans lesquels l'égalité peut prendre place. Cette orientation nous amène à travailler sur un très grand nombre de questions sociales et économiques.

Étrangement, on nous reproche de ne pas travailler sur le droit à l'avortement alors que la Marche mondiale des femmes revendique la garantie que le droit inaliénable des femmes de décider d'avoir ou non des enfants sera respecté par le gouvernement fédéral et dénonce l'exclusion du droit à l'avortement et de la contraception des programmes d'aide internationale canadienne.

La Marche fait également écho aux féministes afghanes contre les fondamentalismes religieux, en exigeant le retrait immédiat des troupes canadiennes de l'Afghanistan.

Mme Lortie prétend que nous ne nous préoccupons pas assez de l'hypersexualisation et de l'image de soi. Pourtant, nous proposons deux façons de s'attaquer à ces problèmes: une législation contre les publicités sexistes et la mise en place d'un programme d'éducation sexuelle égalitaire et non hétérosexiste à l'école.

Saurions-nous trop attachées à l'État providence? Sans défendre la bureaucratisation de l'État, le mouvement féministe revendique des services publics universels, accessibles et gratuits. Tout comme nous, le Conseil du statut de la femme considère l'affaiblissement des services publics en santé et en éducation comme une attaque envers le droit des femmes à l'égalité.

Sans ces services, ce sont en majorité les femmes qui assument gratuitement les soins à leurs proches, souvent au détriment de leur autonomie financière, de leur participation à la vie publique et parfois même de leur santé.

Une autre critique amenée par Mme Lortie : nous nous occuperions trop des femmes au bas de l'échelle. Nous sommes très à l'aise de concentrer nos ressources limitées à l'amélioration des conditions de ces femmes, car ce sont elles qui en ont le plus besoin et parce que la pauvreté est le plus grand déterminant de tous les autres indicateurs de l'égalité. C'est pourquoi nous voulons une augmentation du salaire minimum à 10,69$ l'heure et l'abolition des catégories à l'aide sociale ne servant qu'à maintenir un groupe de personnes dans l'extrême pauvreté.

Au cours des prochains jours, des milliers de personnes et d'organisations seront en action, solidaires des revendications de la Marche. Nous n'avons aucun doute sur notre légitimité. C'est plutôt au gouvernement de justifier son inaction face aux demandes de la Marche mondiale des femmes.

* L'auteure est présidente de la Fédération des femmes du Québec et porte-parole de la Marche mondiale des femmes.