Les femmes qui travaillent dans l'industrie du sexe mentionnent que c'est leur décision d'utiliser leur corps pour gagner leur vie. Ce discours est strictement de la propagande pour justifier l'esclavage sexuel.

Les femmes qui travaillent dans l'industrie du sexe mentionnent que c'est leur décision d'utiliser leur corps pour gagner leur vie. Ce discours est strictement de la propagande pour justifier l'esclavage sexuel.

En effet, les personnes qui tiennent ce discours ont un intérêt personnel pour faire cette propagande. Les femmes qui gagnent leur vie en utilisant leur corps comme un instrument de plaisir doivent adopter le même discours. Ainsi, elles évitent de regarder la réalité en face.

Moi-même, j'avais adopté ce discours lorsque je travaillais dans l'industrie du sexe. Aujourd'hui, je réalise que je n'étais pas consciente des raisons qui m'avaient amené dans cette industrie, et encore moins des conséquences.

Pour être capable de choisir, il faut être consciente du milieu de l'industrie du sexe, des risques et des conséquences, à court terme et à long terme, d'utiliser son corps comme une marchandise. Je ne discutais jamais des risques pour ma santé mentale, la seule chose qui m'intéressait, c'était l'argent. Je peux garantir que je n'étais pas la seule.

Malheureusement, c'est lorsqu'on décide de quitter le milieu qu'on commence à réaliser les impacts sur notre santé.

Le premier impact qu'on réalise, c'est la stigmatisation d'avoir été dans le milieu. La majorité des filles qui quittent le milieu éprouvent des difficultés financières. Et leur réinsertion sociale est pénible.

Le deuxième impact est psychologique. Plusieurs femmes avaient des problèmes de santé mentale avant même de commencer dans l'industrie du sexe. D'autres en développent au cours de leur passage dans l'industrie du sexe. En ce qui me concerne, j'avais très bien réussi à m'en sortir. Du moins, c'est ce que je croyais. Il y a trois ans, mon passé m'a rattrapée de plein fouet, malgré que cela faisait 20 ans que j'étais sortie du milieu. J'ai dû arrêter toute activité pour prendre le temps de me guérir de mes profondes blessures.

Avec ma psychothérapie, j'ai réalisé qu'avant même de commencer dans l'industrie du sexe, j'avais des problèmes sérieux en santé mentale. Les multiples viols, violences psychologiques et physiques, que j'avais subis dans mon enfance m'avaient amenée à croire que si je voulais avoir une identité dans cette société, il fallait que j'accepte d'être un instrument de plaisir pour les hommes. Donc, je devenais une marchandise qu'on pouvait acheter. Par conséquent, mon état de santé à l'époque ne me permettait pas de consentir de façon libre et éclairée à travailler dans l'industrie du sexe.

Aujourd'hui, je suis marquée au fer rouge à tout jamais. Je reste avec des séquelles graves même après toutes ces années.

Toute ma vie, j'ai été considérée comme un paria. Lorsque j'étais jeune, on m'a exclue de la société à cause d'un handicap. Après, on m'a exclue parce que j'étais devenue une putain.

Aujourd'hui, je suis exclue de la société à cause de mes séquelles psychologiques. Cette triple stigmatisation fait en sorte que je suis condamnée à être un paria le reste de ma vie. On aime mieux exclure ceux qui sont différents de nous.

Par conséquent, lorsque j'entends des femmes dire qu'elles aiment cela et qu'elles ont choisi d'être vendues comme une simple marchandise, je dirais à ces femmes : c'est juste une illusion pour permettre de geler ce sentiment qui nous habite que nous sommes seulement bonnes à faire jouir ces messieurs.

D'ailleurs, il y a un préjugé tenace dans cette société qui dit qu'une prostituée peut servir à éviter que des femmes se fassent violer. Les êtres humains doivent prendre conscience de leurs préjugés pour éviter que des femmes développent cette croyance et leur permettre d'acquérir une meilleure estime d'elles-mêmes. On doit aider les femmes qui ont été victimes de l'exploitation sexuelles à s'en sortir. On doit cesser cette stigmatisation et accepter la différence.