À la suite de la lecture de l'article sur les parents à bout dans La Presse de samedi dernier, je me suis dit: «Enfin, et de plus en plus, on commence à parler des vraies choses!» En particulier de tous ces parents en couple ou de famille monoparentale qui ont abdiqué depuis longtemps et qui exigent que la DPJ ou l'école fasse le travail à leur place.

À la suite de la lecture de l'article sur les parents à bout dans La Presse de samedi dernier, je me suis dit: «Enfin, et de plus en plus, on commence à parler des vraies choses!» En particulier de tous ces parents en couple ou de famille monoparentale qui ont abdiqué depuis longtemps et qui exigent que la DPJ ou l'école fasse le travail à leur place.

Oh ! ne sautez pas trop vite aux conclusions, comme vous le faites peut-être souvent avec vos enfants ou avec le personnel de son école. J'en suis à ma 21e année d'enseignement au secondaire, j'ai aussi enseigné la moitié de cette belle carrière à Montréal et j'ai élevé ma fille - qui aura 15 ans bientôt - essentiellement seule. Cela n'a pas toujours été facile, croyez-moi. Et je ne prétends pas être parfaite, loin de là! Or, j'ai vu et je vois encore beaucoup trop de jeunes mêlés, désorganisés, désabusés qui, comme je l'ai souvent dit, ne méritent pas leurs parents.

Un jeune, même s'il est devenu «grand», au secondaire, a toujours besoin de ses parents, besoin d'être encadré, épaulé, encouragé. Plus que jamais! La souplesse entre la discipline et le leste, ça marche! Encore faut-il être présent!

Personnellement, alors que ma fille grandissait, on m'a souvent demandé comment cela se faisait que j'étais seule... C'est parce que j'ai toujours privilégié ma présence auprès de mon enfant aux dépens de mes activités sociales. Un choix. Je suis enseignante de français et croyez-moi, du travail à la maison, le soir et les fins de semaine, j'en ai toujours eu. Or, j'ai continuellement essayé de ne pas travailler pendant que ma fille était debout.

Être présent, cela ne signifie pas nécessairement jouer constamment avec son enfant : cela sous-entend qu'on est là, prêt à l'écouter au cas où... à s'intéresser à ce qu'il a fait au cours de sa journée, à l'interroger si on sent qu'il semble ne pas aller. Et pas seulement de se contenter d'une seule question et de s'en aller parce qu'il répond agressivement, mais de creuser un peu en restant ouvert à ce qui va suivre, même si cela ne plaît pas.

Être présent et accorder beaucoup de temps de présence à la maison pendant ces années cruciales, c'est faire son «job» de parent. Je me rappelle avoir dit à mes élèves il y a deux ans que le travail le plus important de toute ma vie avait été et était encore d'élever ma fille. Je me souviens que la plupart ont éclaté de rire... Et pourtant, je ne suis et n'ai jamais été son «amie». Et pourtant, ma fille me confie encore beaucoup de choses de son quotidien en entrant dans la voiture le soir ou au souper. Écouter, sans trop juger, c'est le secret afin de garder le contact.

Mais pour éviter de paniquer lorsqu'il arrive avec ses expériences à 12, 14 ou 16 ans, il faut avoir été présent auparavant. Il faut avoir pavé le chemin. La DPJ, l'école, le gouvernement - extrapolons, pourquoi pas! - n'ont pas pour fonction de compenser pour le «job» mal fait des parents. Il n'y a pas de remèdes instantanés. Ce n'est pas de la médecine. Ce sont des relations. Et une relation, ça se construit avec la participation d'au moins deux partenaires. Qui échangent. Qui ne sont pas toujours d'accord. Qui élèvent la voix, aussi, parfois. Mais qui gardent le contact.

Et ça, personne d'autre ne peut le faire à votre place!