Les marchés boursiers évoluent en dents de scie depuis plusieurs mois, attisant la confusion et le désarroi des investisseurs. Le repli marqué de la Bourse américaine en 2008 (-38%) a été suivi d'une hausse de 23% pour l'indice phare du S&P500 l'an dernier. L'année 2010 s'annonçait prometteuse (+10% de janvier à avril), mais la glissade de 14% depuis le printemps a rappelé les optimistes à l'ordre.

Les marchés boursiers évoluent en dents de scie depuis plusieurs mois, attisant la confusion et le désarroi des investisseurs. Le repli marqué de la Bourse américaine en 2008 (-38%) a été suivi d'une hausse de 23% pour l'indice phare du S&P500 l'an dernier. L'année 2010 s'annonçait prometteuse (+10% de janvier à avril), mais la glissade de 14% depuis le printemps a rappelé les optimistes à l'ordre.

Ces séquences de montagnes russes et de faux départs sont caractéristiques des cycles baissiers séculaires (secular bear market), lesquels offrent un environnement diamétralement opposé aux conditions qu'ont connues une forte majorité d'investisseurs de 1982 à 2000. À notre avis, cette tendance baissière séculaire n'est pas terminée et la volatilité (le yoyo) risque de durer encore plusieurs mois.

Bien que la précarité de la relance économique mondiale, notamment aux États-Unis, explique le repli des derniers mois, la désaffectation du marché boursier s'inscrit dans la logique d'une tendance séculaire baissière qui dure déjà depuis 10 ans. En effet, la Bourse américaine affiche un rendement annualisé de -4% depuis août 2000, soit un des pires bilans en 130 ans. Cette pénible séquence décennale s'explique par deux facteurs.

Primo, on paie encore pour l'euphorie et la surévaluation atteint à l'apogée de la bulle techno. Les actions se négociaient à plus de 25 fois les bénéfices au tournant du millénaire, contre 14 fois aujourd'hui. Sur la base du ratio cours-bénéfices, nous sommes donc passés d'un niveau de surévaluation extrême il y a 10 ans à une modeste sous-évaluation aujourd'hui.

Deuxio, la récession a amputé les profits. Malgré la récente embellie, les bénéfices des entreprises composant l'indice S&P500 restent 15% inférieurs à leurs derniers sommets. À court terme, tout indique que la gravité de la situation économique continuera d'influencer les ratios cours-bénéfices. De plus, le cycle de désendettement post-récession (ménages et gouvernements) annonce une période de croissance anémique pour les pays industrialisés, ce qui limite (sans toutefois l'éliminer) le potentiel de croissance des profits.

Depuis 1870, le marché boursier américain a traversé quatre autres séquences baissières d'une durée moyenne de 13 ans. L'érosion du sentiment à l'égard des actions y exhorte d'ailleurs une influence négative importante, notamment dans les dernières années. La volatilité récurrente, cumulée aux piètres rendements boursiers des dernières années, provoque actuellement l'exode des investisseurs. Les ventes de fonds communs d'actions sont négatives et seuls les produits plus défensifs associés aux obligations trouvent preneur. Chez nos voisins, les sommes investies dans les fonds d'obligations depuis deux ans sont équivalentes aux injections massives dirigées vers les fonds d'actions en 1999 et 2000 ! En l'espace de 10 ans, le niveau de confiance boursier est passé d'extrême à inexistant.

En attendant la prochaine remontée durable, les marchés financiers devraient rester volatiles pour plusieurs années. Niveau d'encaisse plus élevé, recherche de revenu (dividendes ou obligations corporatives) et approche plus proactive devraient guider les décisions. Dans un cycle haussier, on garde un titre pour le long terme. Dans un environnement baissier, on doit retirer ses billes plus souvent. Grâce à son exposition aux secteurs des ressources et au potentiel des économies émergentes, la Bourse canadienne performe mieux et devrait être privilégiée.

La pénombre actuelle ne devrait toutefois pas totalement obscurcir et paralyser la stratégie des investisseurs qui sont choyés par le temps. À long terme (cinq ans et plus), il y a fort à parier qu'un changement de tendance séculaire favorisera l'émergence d'un nouveau cycle haussier. Il faut garder à l'oeil le prochain changement de tendance et non ce qui se passe depuis 10 ans.