De façon générale, le monde associatif se montre méfiant à l'égard du marketing et lève le nez sur tout ce qui y est associé: publicité, promotion, relations publiques et tutti quanti. Cette méfiance, patiemment cultivée, pouvait se comprendre et même se défendre: les milieux du «sans but lucratif» (y compris la fonction publique) n'ayant aucun objectif de profit financier à justifier auprès de leurs administrés pouvait, sans gêne, dédaigner ce que l'on associait allègrement à du mercantilisme de bas étages.

De façon générale, le monde associatif se montre méfiant à l'égard du marketing et lève le nez sur tout ce qui y est associé: publicité, promotion, relations publiques et tutti quanti. Cette méfiance, patiemment cultivée, pouvait se comprendre et même se défendre: les milieux du «sans but lucratif» (y compris la fonction publique) n'ayant aucun objectif de profit financier à justifier auprès de leurs administrés pouvait, sans gêne, dédaigner ce que l'on associait allègrement à du mercantilisme de bas étages.

Mais c'était il y a 20 ou 30 ans ; avant que l'opinion publique n'atteigne les niveaux de sensibilisation actuels. Avec le fabuleux développement des technologies de l'information et des communications et du niveau de scolarisation de la population, tous ont dû réviser leurs positions.

Les syndicats, avec quelques groupes de gauche, ont été les derniers à monter à bord du train de la communication/marketing. Bien entendu, les syndicats ont, depuis belle lurette, recours à diverses stratégies de communication lorsque vient le temps de défendre leurs membres en négociation ou en grève. Ils le font assez bien mais en prenant bien soin de prendre l'opinion publique à témoin du bien-fondé de leurs positions et non comme cible à atteindre (sauf, bien entendu, lorsqu'il s'agit de courtiser dans la période des REER, par exemple).

Les difficultés que traverse actuellement la FTQ illustrent avec force l'inanité des vieilles méthodes inspirées d'une culture syndicale héritée du début du XXe siècle. On peut les résumer schématiquement en un credo: «L'opinion publique, c'est l'affaire des politiciens. Nous, ce sont nos membres qui nous importent.» De là découle une définition très restreinte de la démocratie («nos instances priment») et un mépris arrogant pour toute intervention extérieure et, à plus forte raison, pour toute préoccupation quant à leur image dans la population. Et pourtant, les centrales syndicales se prononcent régulièrement sur des enjeux sociaux qui dépassent largement le monde du travail.

Pourtant, la FTQ n'est pas un petit syndicat de boutique! C'est le premier syndicat en importance au Québec! À ce titre, elle et ses adhérents font partie de l'opinion publique et, qu'elle le veuille ou non, elle doit se préoccuper de son image. Toutes les sorties publiques de son président et de ses cadres supérieurs au cours de 2010 ont eu pour effet d'exacerber l'opinion publique (dont celle de ses propres membres, n'en doutons pas) et de ternir indéniablement l'image de la centrale (et indirectement celle de son Fonds de solidarité).

Il est complètement illusoire de croire qu'une pareille «raclée» s'effacera d'elle-même et qu'on puisse revenir aux affaires comme ce fut le cas après le saccage de la Baie James. D'ailleurs, les départs de dirigeants viennent confirmer l'urgente nécessité de procéder à des changements profonds. L'annonce d'une lutte à la direction va tout à fait dans le même sens.

Soyons clairs: il ne s'agit pas de remplacer des gens par d'autres mais bien de l'avènement d'un changement culturel profond qui, à mon avis, marque un moment charnière dans l'histoire syndicale québécoise. Souhaitons que la FTQ et les autres centrales ne ratent pas le train cette fois.