Les propos du chef de l'ADQ, Gérard Deltell me déçoivent. Il est sidérant de considérer l'exploitation tous azimuts des ressources naturelles comme une solution à long terme pour remettre sur les rails les finances publiques.

Les propos du chef de l'ADQ, Gérard Deltell me déçoivent. Il est sidérant de considérer l'exploitation tous azimuts des ressources naturelles comme une solution à long terme pour remettre sur les rails les finances publiques.

Bien que l'industrie minière soit un pourvoyeur d'emplois très important (12 000 emplois directs), les entreprises proviennent généralement d'autres provinces ou de l'étranger. Les profits qu'elles réalisent avec nos ressources naturelles ne nous garantissent pas des réinvestissements au Québec, alors que c'est l'État et les populations locales qui doivent vivre avec les inconvénients de cette industrie (mines abandonnées, chômage cyclique). Il y a là une privatisation des profits pour une dette monétaire et humaine qui demeure publique.

De plus, si les profits sont considérables, le gouvernement ne perçoit que 1,5% de redevances sur les ressources minières, alors que le taux prévu au Québec est de 12%. Certains diront, comme l'institut Fraser, qu'il faut se montrer compétitif, et donc de maintenir un faible taux. Mais des ressources comme l'or sont très demandées actuellement et il serait dangereux d'être dogmatique et de croire que les investisseurs fuiraient le Québec. À titre d'exemple, l'or vaut maintenant 1232$ l'once alors que la même once valait 400$ en 2004. C'est sans compter que depuis la mise en place de la loi sur les mines, il y a plus de 100 ans, l'État se doit de payer 30% du nettoyage des mines tout en concédant une moyenne de 104 millions de dollars par année en avantages fiscaux, alors que l'industrie n'a rapporté en moyenne, entre 2002 et 2008, que 34 millions par année.

Des pays comme le Bostwana sont impliqués à 50% dans tout projet minier sur leur territoire, leur garantissant ainsi la moitié des profits générés par chaque projet. Chez nous, nous payons pour nos propres ressources!

Ce n'est pas en exploitant toutes nos ressources le plus vite possible que l'on va s'enrichir, mais plutôt en accentuant la pression populaire pour s'assurer de profiter pleinement de nos richesses. Que ce soit par une hausse significative des redevances et des impôts, ou encore par une participation accrue de l'État dans les projets miniers. Une société d'État touchant aux ressources naturelles est-elle une avenue envisageable?

Verrons-nous les mêmes comportements irresponsables apparaître lorsqu'il sera question d'exploiter le gaz schiste, tant sur terre qu'en mer? Les citoyens pourront-ils questionner, voire même faire suspendre un projet d'envergure ou, au nom de la chose économique, une entreprise étrangère fera comme bon lui semble? Écouterons-nous plus un représentant d'une quelconque entreprise d'exploitation d'uranium plutôt que les médecins de Sept-Îles s'inquiétant pour la santé de la population?

Je suis pour la création d'emplois, particulièrement lorsqu'ils sont rémunérateurs, mais pas aux dépens de la qualité de vie et du territoire des citoyens de l'ensemble de la province qui ne semble pas s'enrichir desdits projets. Un enrichissement pour le peuple et par le peuple est souhaitable et non pas l'enrichissement de l'autre sur le dos du citoyen.

Comme disait René Lévesque, «on ne peut pas demander aux corporations minières, qui sont des entreprises privées dont les bureaux-chefs ne sont même pas chez nous dans neuf dixièmes des cas, de se préoccuper de la population québécoise. Ce n'était pas leur problème. Leur problème, c'était de faire de l'argent le plus possible, car on leur avait concédé nos richesses minières. Ils les ont siphonnées de leur mieux».