Je viens d'un peuple grand et noble, mais qui a perdu la mémoire de son passé. Les élites, instruites pour garder cette mémoire vivante et l'interpréter au présent, sont aveugles et souvent «préjugées» sur ce passé. Sans passé, nous sommes une «gang de tout-nus» sans traditions, sans valeurs, sans identité qui passeront à l'oubli de l'histoire.

Je viens d'un peuple grand et noble, mais qui a perdu la mémoire de son passé. Les élites, instruites pour garder cette mémoire vivante et l'interpréter au présent, sont aveugles et souvent «préjugées» sur ce passé. Sans passé, nous sommes une «gang de tout-nus» sans traditions, sans valeurs, sans identité qui passeront à l'oubli de l'histoire.

C'est ce qui est en train de nous arriver: la Cour suprême et les minorités besogneuses grugent toujours plus le mince rempart de la loi 101, plus de parents francophones se pressent aux portes de l'école anglaise, plus de commerçants servent en anglais des petits francophones qui s'alignent en anglais derrière leurs comptoirs, plus d'interprètes francophones rythment et riment en anglais pour une jeune génération qui pense et sent en anglais, les autres arts populaires (télévision, cinéma) suivront et il ne nous restera plus que le témoignage des musées.

La dérive la plus désolante vient du parti qui prétend sauver notre identité, le Parti québécois. Ce parti veut faire de la laïcité un attribut essentiel du gouvernement québécois, comme si le gouvernement qui représente la majorité francophone pouvait être neutre, comme si cette majorité n'avait pas de traditions, pas de traits identitaires qui lui viennent de son héritage catholique.

Pendant 350 ans, l'Église catholique a été liée à notre destin, acteur clé de notre colonisation au début, moteur de notre survivance ensuite, et ses valeurs n'auraient pas marqué notre identité! Demandez aux Irlandais si la religion catholique n'est pas une partie essentielle de leur identité. Demandez aux Maltais. Demandez aux Israéliens pour la religion juive.

Je pourrais citer plusieurs traits de notre personnalité issus de la tradition catholique. La vérité est que les Québécois de souche ne connaissent plus leur histoire, ni les faits ni les valeurs qui les ont façonnés et, s'ils les connaissent, ils n'en éprouvent pas de fierté. Et surtout, ils n'ont pas le courage de les affirmer et de les inscrire dans les structures de la société qu'ils dirigent comme majorité. Si nous sommes incapables d'être une majorité, comment pouvons-nous, Mme Marois, rêver d'être un pays?