Le chef de police d'une ville comme Montréal occupe une fonction stratégique qui est déterminante pour le bon fonctionnement de la métropole.

Le chef de police d'une ville comme Montréal occupe une fonction stratégique qui est déterminante pour le bon fonctionnement de la métropole.

Les défis qui attendent le nouveau directeur de police de Montréal, Marc Parent, sont nombreux et ils ne manqueront pas de mettre à l'épreuve ses qualités de leader, de rassembleur et de gestionnaire. Je me propose de présenter quelques-uns de ces défis que j'ai regroupés en trois rubriques : les relations de travail, l'équilibre budgétaire et la commercialisation des services, et la lutte à la criminalité.

Relations de travail

L'imposition d'une sentence arbitrale en lieu et place d'une négociation collective négociée, la promesse non tenue de ne pas mettre à pied près 160 policiers temporaires, des coupures répétées dans le budget de ce service ont provoqué chez les policiers un climat de morosité.

Équilibre budgétaire et commercialisation des services

En date du 31 mai dernier, le SPVM se dirigeait vers un déficit budgétaire qui avoisinait les 28 millions de dollars, et ce, sans la récupération budgétaire annoncée par l'administration Tremblay.

Le déficit budgétaire de fonctionnement du SPVM est imputable à une hausse du temps supplémentaire en lien avec des opérations comme la Coupe Stanley et les gangs de rue, et à des subventions non obtenues des gouvernements supérieurs.

Cependant, le véritable problème réside dans le fait que la direction du SPVM avait planifié des revenus de commercialisation et de tarification de l'ordre de 77 millions qui ne seront probablement pas au rendez-vous.

Il faudrait bien dans les prochaines semaines que le nouveau chef de police se pose la question : est-il souhaitable en matière de bien commun de penser qu'un service de police puisse commercialiser ses services pour atteindre l'équilibre budgétaire? Et quelles sont les conséquences de cette commercialisation à l'égard des services de base auxquels peut légitimement s'attendre tout citoyen?

Lutte à la criminalité

Bien que la criminalité soit en baisse constante, le chef de police de Montréal devra, nous semble-t-il, apporter une attention particulière à deux phénomènes: les gangs de rue et le profilage racial.

Depuis 2006, le SPVM a fait de la lutte contre les gangs de rue sa priorité d'intervention. Je ne conteste pas qu'à ce moment-là, ils représentaient une menace réelle. On se souviendra que le phénomène du drive by shooting traumatisait les populations; de 2007 à 2009, une majorité des tentatives de meurtre étaient liées à ces gangs. Plusieurs indicateurs permettaient de comprendre que les gangs de rue étaient en voie d'atteindre une maturité criminelle les conduisant vers des alliances avec d'autres organisations du crime organisé.

Est-il toujours pertinent en 2010 que les gangs de rue soient la priorité du SPVM? D'autant que la mise sur pied de l'escouade ECLIPSE, prévue pour intervenir auprès des membres des gangs de rue, a donné lieu à des interpellations qui n'étaient pas étayées par l'intelligence du renseignement, avec comme résultat une stigmatisation des citoyens et des minorités noires qui, dans la plupart des cas, n'avaient rien à voir avec les gangs de rue.

En fait, le fonctionnement de l'escouade ÉCLIPSE a davantage contribué à associer le SPVM à des pratiques assimilées au profilage racial dont il faudra bien que le SPVM reconnaisse l'existence pour mieux le combattre.

Finalement, en 2010, l'escouade Marteau devrait faire connaître le résultat de certaines de ses enquêtes.Ces résultats nous révéleront à l'évidence combien le marché des services professionnels et des travaux publics est oligopolistique. Le chef de police de Montréal devra mettre en place les mécanismes permettant de faire des enquêtes de sécurité. Il est inconcevable que dans une ville comme Montréal, alors qu'il s'octroie en moyenne à chaque année plus de 400 contrats de plus de 100 000$, aucune vérification des antécédents des conseils d'administration et d'analyse croisée de renseignements n'ait lieu.