En apprenant la nouvelle de la série de suicides chez les infirmières du réseau de la santé, nous sommes amenés à nous questionner. La prévention du suicide est une préoccupation que la société québécoise porte depuis nombre d'années: malgré des progrès significatifs, le Québec conserve le plus haut taux de suicide parmi les provinces canadiennes. Mais quand le phénomène atteint un groupe de professionnels en particulier au sein du réseau de la santé, des questions plus cruciales se posent.

En apprenant la nouvelle de la série de suicides chez les infirmières du réseau de la santé, nous sommes amenés à nous questionner. La prévention du suicide est une préoccupation que la société québécoise porte depuis nombre d'années: malgré des progrès significatifs, le Québec conserve le plus haut taux de suicide parmi les provinces canadiennes. Mais quand le phénomène atteint un groupe de professionnels en particulier au sein du réseau de la santé, des questions plus cruciales se posent.

Qui dit épuisement professionnel, dit dépression et, dans une certaine proportion, risque suicidaire. Et dans le processus suicidaire, on doit se rappeler le phénomène d'entonnoir qui conduit progressivement la personne à la conviction qu'elle n'a plus de pouvoir sur sa situation et que la seule issue qui lui reste est de s'enlever la vie.

Les employeurs ont parfois tendance à attribuer aux individus, c'est-à-dire aux facteurs liés à la vie «personnelle», les causes de l'épuisement professionnel. Et du même coup, tendance à écarter les causes liées à l'environnement de travail. Or, nous ne pouvons refuser de nous questionner sur les facteurs de l'environnement de travail du réseau de la santé qui contribuent à l'engrenage de l'épuisement et de l'impuissance qui mènent au désespoir.

On peut se demander par exemple dans quelle mesure la pression des pairs et du contexte organisationnel peuvent y contribuer: la personne qui envisage de refuser un quart de travail ou de prendre un congé n'est pas sans connaître l'impact de surcharge pour ses collègues ou les conséquences pour les patients. Et la perspective à long terme de telles conditions de travail n'est pas encourageante: il ne s'agit pas d'une situation de dépannage ponctuel, mais bien d'un mode de travail devenu permanent.

De plus, il ne faut pas écarter la possibilité de certaines gestions plus «dures» qui laissent peu de place au facteur humain. Une blague révélatrice circule abondamment: fait-on de la gestion des ressources humaines ou de la gestion humaine des ressources?

Et sans contredit, la fibre d'aide et de compassion chez le personnel soignant peut empêcher pendant longtemps un travailleur de considérer ses propres besoins, jusqu'au moment où il aura franchi, sans trop le réaliser, la ligne de l'épuisement, voir même, du désespoir.

Les infirmières du réseau de la santé, sous pression à cause de la pénurie d'effectifs, sont loin d'être les seules professionnelles et employées du réseau à souffrir de surcharge, de surmenage et d'épuisement professionnel. Les organisations ne peuvent se défiler de leur responsabilité morale d'exercer une vigilance sur les conditions de travail qui peuvent représenter une menace pour la santé et la vie des travailleurs.

Il est fort triste que ces personnes n'aient probablement pu avoir accès à l'aide dont elles avaient besoin dans les circonstances et avant qu'il ne soit trop tard.