Vendredi, sera donné le coup d'envoi d'un des événements sportifs les plus populaires de la planète. Pour la première fois, le tournoi final de la Coupe du monde de soccer se tiendra sur le continent africain, et de surcroît dans un pays qui, il n'y a pas si longtemps, était déchiré et mis au ban de la communauté internationale à cause du tristement célèbre apartheid.

Vendredi, sera donné le coup d'envoi d'un des événements sportifs les plus populaires de la planète. Pour la première fois, le tournoi final de la Coupe du monde de soccer se tiendra sur le continent africain, et de surcroît dans un pays qui, il n'y a pas si longtemps, était déchiré et mis au ban de la communauté internationale à cause du tristement célèbre apartheid.

Beaucoup a déjà été dit et écrit sur l'usage que l'Afrique du Sud veut faire de cette Coupe du monde en termes d'image. Sans parler de récupération, il est néanmoins clair que les dirigeants comptent sur une compétition réussie pour redorer leur blason aux yeux du monde.

Déjà, dans son récent film Invictus, Clint Eastwood a montré comment, lors de la Coupe du monde de rugby de 1995, le président nouvellement élu, Nelson Mandela, a fait de son mieux pour profiter du fait que l'Afrique du Sud organisait l'événement pour tenter d'unifier une nation «arc-en-ciel», qui sortait à peine de l'apartheid, autour d'une équipe pourtant presque exclusivement constituée de Blancs. On peut sans doute reprocher au film d'avoir décrit l'équipe sud-africaine, les Springboks, comme des négligés, ce qu'ils n'étaient absolument pas. En revanche, il illustre très bien comment un pays peut s'appuyer sur un succès dans une grande compétition sportive pour renforcer son identité nationale et oublier bon nombre de ses problèmes politiques et économiques.

Lorsque débutera la Coupe du monde, si les Sud-Africains espèrent faire bonne figure en tant qu'organisateurs mais aussi en tant que compétiteurs, ils auront de la concurrence. Plusieurs autres pays auront bien besoin eux aussi de la Coupe du monde pour faire oublier à leurs compatriotes un quotidien difficile sur le plan économique et politique.

On pense aux Grecs, bien sûr, dont la situation économique fait vaciller l'Union européenne et qui sont considérés comme les principaux responsables de la chute de l'euro. Ils aimeraient sans doute surprendre sur le terrain, peut être même rééditer l'exploit de 2004, lorsqu'ils ont remporté, à la surprise générale, le championnat d'Europe. Quel baume ce serait pour ce pays dont l'avenir semble particulièrement sombre.

Même chose pour les Portugais, à peine moins bien lotis que les Grecs. Incapable jusqu'ici de concrétiser par un titre leur statut habituel de favoris, l'équipe nationale serait particulièrement bienvenue de choisir 2010 pour enfin récolter des lauriers qui lui ont si souvent échappé.

Certaines grandes puissances du soccer européen ont elles aussi des raisons politiques et économiques supplémentaires de briller sur le terrain pour oublier un peu leur quotidien. De l'Italie berlusconienne à une France embourbée dans un débat sur l'identité nationale qui a mal tourné et dans les scandales entourant ses joueurs vedettes, en passant par l'Angleterre où les récentes élections ont porté au pouvoir un gouvernement de coalition qui suscite bien des interrogations.

Et que dire des autres nations africaines: Algérie, Ghana, Cameroun ou Côte d'Ivoire? Quant au président du Nigéria, Goodluck Jonathan, il a exprimé publiquement ses attentes vis-à-vis de ses «Super Eagles»: rien de moins que la victoire finale, un cadeau d'anniversaire pour un pays qui fêtera en octobre prochain ses 50 ans d'indépendance.

On le voit, bon nombres de participants ont des attentes élevées et ils comptent bien récolter les bénéfices d'éventuels exploits sportifs de leurs équipes nationales. La bonne vieille devise des Romains pour les jeux du cirque semble toujours d'actualité : du pain et des jeux!

*Amateur de soccer de longue date, l'auteur est contributeur du livre Géopolitique de la Coupe du monde de football 2010 qui vient de paraître aux éditions du Septentrion. Il collaborera régulièrement aux pages de La Presse pendant le tournoi.