À la fin février, un jeune chauffard de 17 ans du Saguenay a fauché la vie de deux personnes. L'une des victimes était un ancien voisin et ami d'enfance. La nouvelle fut un choc.

À la fin février, un jeune chauffard de 17 ans du Saguenay a fauché la vie de deux personnes. L'une des victimes était un ancien voisin et ami d'enfance. La nouvelle fut un choc.

Après la colère et la tristesse, vint la dure réalité, qui s'est installée au compte-gouttes et à coups de ouï-dire. Il était tard; le jeune avait fêté la majorité d'une amie; il avait bu. Après qu'il eut omis un arrêt, sa copine lui aurait demandé de faire attention, lui disant qu'il était responsable des trois vies qui l'accompagnaient dans la voiture. Lui, avec la fougue et l'orgueil de sa jeunesse, aurait plutôt décidé de monter le volume de sa radio et d'accélérer.

Finalement, il aura prouvé son irresponsabilité. Les accusations contre le jeune n'ont pas encore été émises. Par contre, on songe à juger ce brouillon d'homme comme un adulte.

C'est sur ce point principalement que les interrogations ont commencé à fuser de toutes parts. Pourquoi offrir le permis de conduire à un enfant si, au moment où il commet une faute, on le juge en adulte?

J'ai obtenu mon permis avant ma majorité, comme la plupart des jeunes de ma région. Est-ce que j'avais l'âme suffisamment mature pour conduire avec toute la responsabilité que ça implique envers les piétons, cyclistes et autres gens qui peuplent les rues et les routes? Je ne le crois pas. Heureusement, je n'ai pas eu d'accident de la sorte. Pourtant, j'ai pris ma voiture en état d'ébriété.

Peu importe l'âge auquel j'ai commis l'acte, il n'en était pas moins répréhensible et tout aussi dangereux que celui de ce jeune garçon. J'ai seulement et simplement eu plus de chance. Et j'ai acquis la maturité nécessaire pour le comprendre des années plus tard.

Pourquoi accorde-t-on le permis de conduire à ces jeunes alors qu'ils ne sont pas en mesure de faire les distinctions nécessaires à l'utilisation de ce privilège? Il s'agit d'une incohérence profonde entre le système de justice et la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ). Si notre société pense à juger ce garçon avec les mêmes règles que pour un adulte (ce qu'il deviendra au cours de la prochaine année), nous devons réviser l'âge auquel on accorde le permis, ou l'âge auquel on accorde la majorité. J'opterais personnellement pour le premier.

L'alcool au volant est toujours un problème sur les routes du Québec. Il fauche des vies. Combien de fois ai-je vu dans les faits divers des gens inculpés pour la je-ne-sais-plus-combien-tième fois de conduite avec facultés affaiblies? Combien de vies acceptera-t-on de perdre encore avant d'en venir à la seule limite acceptable, soit 0,00? Combien de vies doivent être perdues avant de retirer de façon permanente le droit de conduire lors d'une récidive de «facultés affaiblies»? La seule réponse acceptable, ici, est tout simplement: aucune.

Le message doit être clair: conduire est un privilège, et il peut être révoqué rapidement s'il y a abus de celui-ci. Les jeunes de moins de 25 ans ont tous le permis probatoire pour une durée de deux ans. Pendant cette période, il leur est interdit d'être pris au volant avec plus de 0,00 mg d'alcool dans le sang. Pourquoi seulement les moins de 25 ans? Une personne qui conduit a besoin de toutes ses facultés tout le temps. Qu'elle ait 18 ans, 32 ans, ou 56 ans, une personne, et encore plus particulièrement une personne qui vient d'apprendre à conduire, ne doit pas avoir le droit de consommer de la drogue ou de l'alcool.

Mon opinion semble résolument dure envers ce jeune homme. Elle l'est. Mais la faute ne lui revient pas entièrement. Nous avons tous accepté que, dans ses mains, se retrouve un permis pour lequel il n'avait peut-être pas encore le jugement ou la maturité nécessaire. Il est encore temps de corriger le tir, et surtout d'être cohérent dans notre façon d'accorder et de retirer ce droit.