Bon Dieu que c'est épuisant de lire et de relire des commentaires des gens impliqués dans le hockey sur le sujet de la violence. Mais qu'est-ce qui les retient donc d'adopter une fois pour toutes des règles capables d'enrayer la brutalité dans ce sport pourtant extraordinaire?

Bon Dieu que c'est épuisant de lire et de relire des commentaires des gens impliqués dans le hockey sur le sujet de la violence. Mais qu'est-ce qui les retient donc d'adopter une fois pour toutes des règles capables d'enrayer la brutalité dans ce sport pourtant extraordinaire?

Je lis (Mathias Brunet, La Presse du samedi 30 janvier) que François Landreville, le porte-parole de l'Association des joueurs de la LNH pour les programmes de prévention et de recherche sur les commotions cérébrales, veut éliminer les coups à la tête. Bravo! Mais bravo à moitié. Je le cite: «Il faudrait que tout joueur qui porte un coup intentionnel à la tête que ce soit avec l'épaule ou le coude, soit expulsé du match, puis passible d'une suspension selon la gravité du geste.»

Avec l'épaule ou le coude, mais pas le poing! Mais pas le poing! La dernière fois que j'ai vu une bagarre dans un match de hockey, il me semblait que les joueurs se frappaient à la tête. S'ils n'y parvenaient pas toujours, ils essayaient fort en tout cas. Leur défi consistant à trouver la brèche dans la garde de l'adversaire (j'ai l'impression de décrire un combat de boxe) et paf! de le frapper sur la gueule. Ou sur le nez, ou sur la tempe ou dans un oeil.

Or, ce geste serait moins dangereux ou répréhensible qu'un coup de coude ou un coup d'épaule sur la même partie du corps? J'entends des intellectuels de ce sport argumenter que le coup de coude, étant plus sournois, serait plus dangereux. Docteur, un coup de poing ou un coup de coude sur la tempe, sournois ou non, les chances de commotion cérébrale sont-elles différentes?

Les mêmes intellectuels répondront que dans un combat, les pugilistes ont le temps de se protéger. Champion! Admettons que le pugiliste A soit plus rapide que le pugiliste B et que celui-ci n'ait pas le temps de voir venir le coup. Le coup de poing est-il moins sournois que le coup de coude alors? Docteur, je vous pose à nouveau une question: le coup de poing est-il moins dangereux?

Autre point intéressant soulevé par M. Landreville: «Le joueur qui porte un coup intentionnel.» Au risque de me tromper, un combat de boxe sur une glace se passe généralement de la sorte: les deux joueurs s'observent, jettent les gants et essayent délibérément de foutre une raclée à l'adversaire. Pas avec un coup de coude ou un coup d'épaule, mais avec un et souvent plusieurs coups de poing pour tenter de «coucher» l'adversaire. Je ne suis pas certain, mais il m'apparaît qu'il y là un geste assez intentionnel.

Enfin, M. Landreville parle d'une suspension selon la gravité du geste. Donner un coup de coude sournois, c'est inacceptable et condamnable, et Patrice Cormier a été puni pour plusieurs parties pour la gravité de son geste (le jeune Tam a eu des convulsions et des dents brisées). J'imagine qu'on doit attendre qu'un joueur de hockey soit solidement atteint sur la tempe et envoyé au cimetière pour qu'on punisse une bagarre plus sévèrement qu'avec un «10 minutes de mauvaise conduite» ou une «inconduite de partie».

Je mêle volontairement les affaires de la LNH (M. Landreville) et celles de la LHJMQ (le jeune Cormier). Il m'apparaît que coup de coude, coup d'épaule (à la tête) ou coup de poing sont tous des gestes dangereux qui peuvent blesser sérieusement. C'est de la violence. Quelle ligue ou quelle instance posera les vrais gestes pour l'enrayer? M. Bettman, M. Courteau, Mme Courchesne, M. Lunn (c'est notre ministre des Sports au fédéral), qui de vous veut passer à l'histoire?

Car plusieurs fans sont épuisés. Épuisés de vous voir tourner en rond ou encore d'entendre Benoît Brunet du haut de sa galerie de presse perchée dire qu'il faut enrayer les coups à la tête, mais souligner avant la fin du même match qu'il est du devoir d'un joueur du Canadien de montrer son «implication» en jetant les gants devant un adversaire...