Dans la section Agenda du journal Le Devoir, le 9 août dernier, Alexandre Shields présentait le documentaire Le monde selon Monsanto en diffusion Le 10 août au Canal D, dénonçant le «bâillonnage» des acteurs qui questionnent les empires commerciaux.

Devant tant de similitudes avec l'industrie nucléaire, je me permets de reprendre des termes de M. Shields pour les appliquer au dossier de la centrale nucléaire de Gentilly.

Officiellement, Hydro-Québec affirme tout faire en son possible pour produire de l'électricité plus respectueuse de l'environnement (sans GES!), tout en obtenant de meilleurs rendements.

Cette vision idyllique ne résiste absolument pas à l'examen des faits.

En effet, l'EACL (Énergie Atomique Canada Limitée), un mastodonte sur-subventionné par le gouvernement fédéral, disposerait de privilèges dans les hautes sphères du pouvoir, entretenant une relation de longue date avec les dirigeants politiques.

La culture du silence et du copinage n'est-elle pas développée depuis belle lurette dans les maillons d'Hydro-Québec ?

On banalise une technologie hasardeuse que l'on garde volontairement méconnue de Monsieur, Madame Tout-le-monde.

Pourquoi Hydro-Québec ne dévoile-t-elle pas toutes les études techniques et économiques de la rénovation de G-2 tel que demandé par le BAPE de 1994?

Pourquoi n'a-t-elle pas déposé publiquement son plan détaillé de gestion socialement acceptable pour les déchets radioactifs ainsi que la validation indépendante des coûts projetés pour la réfection de G-2 tel que demandé lors du BAPE 2005?

Ainsi Hydro-Québec et le gouvernement actuel foulent au pied l'institution démocratique qu'est le BAPE et se foutent royalement d'un choix de société indispensable dans ce dossier de développement durable.

Dernièrement, une décision essentiellement politique et irresponsable a donné le feu vert à la reconstruction de Gentilly-2, sans considération des dangers pour la santé humaine et environnementale, en plus des coûts faramineux reliés à cette source énergétique mal justifiée.

Le dossier du nucléaire canadien et québécois n'est-il pas fortement influencé, sans validation scientifique valable, par des alliés de la firme placés à des postes clés au sein d'une administration para-gouvernementale tout sauf indépendante?

Les comparses Hydro-Québec et EACL utilisent de stupéfiantes méthodes afin de discréditer leurs adversaires (les antinucléaires, les citoyens inquiets mais qui font confiance aux dires des dirigeants) et aussi pour intimider les travailleurs, leurs familles et leurs voisins en faisant miroiter principalement les pertes d'emplois.

S'étonnerait-on qu'une entente secrète entre M.­Harper et M.­Charest ait été conclue pour que la filière nucléaire canadienne, en suivant son cours, profite à l'Alberta qui a besoin de vapeur pour traiter ses sables bitumineux?

Le Québec, berné quand il n'est pas muselé, représente alors le dindon de la farce en prêtant son expertise factice en rénovation de réacteurs vétustes et obsolètes, et ce, peu importe les coûts astronomiques, les accumulations environnementales et humaines de radionucléides et l'aspect non sécuritaire de ce projet inutile en matière d'énergie au Québec.

Il serait opportun de réaliser un film documentaire exhaustif sur ce dossier hautement radioactif afin d'informer adéquatement les citoyens et les politiciens incrédules ou ignorants et ainsi faire fi de la loi du silence perpétrée depuis longtemps par Hydro-Québec et ses acolytes.

Nadia Bouthillette

Notre-Dame-du-Mont-Carmel