Après avoir permis au réseau de télévision TQS de liquider l'essentiel de son service d'information, voici que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) passe un croc-en-jambe aux francophones d'Ottawa et de Gatineau en accordant ses deux plus récentes licences de radiodiffusion locales à des stations musicales de langue anglaise.

Après avoir permis au réseau de télévision TQS de liquider l'essentiel de son service d'information, voici que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) passe un croc-en-jambe aux francophones d'Ottawa et de Gatineau en accordant ses deux plus récentes licences de radiodiffusion locales à des stations musicales de langue anglaise.

Dans sa décision, annoncée mardi, le CRTC invoque, pour justifier l'octroi des licences à deux stations de langue anglaise, un argument plutôt louche, nullement étayé. Selon le Conseil, le marché francophone "ne semble pas avoir la même capacité d'accueil" que le marché de langue anglaise. Ça signifie quoi, au juste, une "capacité d'accueil", et comment la calcule-t-on ? Vivement des explications !

Peut-être est-il opportun de rappeler que le CRTC a comme mission de protéger et améliorer l'identité culturelle de tous les Canadiens, y compris les francophones. Là, de toute évidence, le Conseil ne comprend rien du tout. En augmentant la proportion de stations de langue anglaise dans la région d'Ottawa-Gatineau, non seulement accorde-t-il au marché anglophone plus que sa part de la bande FM mais il néglige de mentionner que les stations commerciales francophones diffusent un répertoire bilingue.

Le contenu de langue anglaise est donc vastement supérieur au nombre de stations de radio anglophones. Aucune station commerciale de langue française dans la région d'Ottawa-Gatineau n'offre une programmation musicale essentiellement francophone. Et aucune station commerciale n'émane du milieu franco-ontarien, une autre donnée que le CRTC semble ignorer. Il y a plus de 150 000 personnes de langue maternelle française à Ottawa, un nombre qui justifie amplement une station de radio à leur image.

Le CRTC affirme dans sa décision qu'il n'a pas été convaincu par l'analyse commerciale du projet de station proposé par Radio de la communauté francophone d'Ottawa. Il y a sans doute ici un lien avec la nébuleuse capacité d'accueil du marché francophone. Et pourtant, le Conseil donne le feu vert à une station anglophone de blues... Pour les amateurs de blues c'est le nirvana mais dans un marché déjà fragmenté, quel pourcentage de la cote d'écoute ira chercher une station aussi spécialisée ? Le CRTC est loin d'être convaincant à cet égard.

Faudrait-il aussi mentionner, avec une pointe d'ironie, que la décision du CRTC a été rendue par un panel majoritairement francophone. Un des commissaires francophones a inscrit sa dissidence, mais elle portait sur le choix entre une station de musique et une station à prédominance verbale, pas sur l'absence d'une nouvelle station francophone.

Plus ça change, plus c'est pareil !

La faute des autres

Le président des Aliments Maple Leaf a donné l'exemple. Pas d'excuses, pas de faux-fuyant. Nous sommes responsables, a-t-il dit, de la présence de la bactérie Listeria dans certains produits et de leur distribution à travers le Canada. On aurait souhaité la même transparence chez le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, en tant que grand patron de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA), mais au lieu d'assumer sa part de responsabilité il a choisi de se défiler.

Selon un document mis à jour par le Globe and Mail, le gouvernement Harper aurait commencé à laisser l'industrie se réglementer elle-même, et à l'usine fautive de Maple Leaf, le seul inspecteur de l'ACIA aurait été affecté à la paperasse. Que répond le ministre ? "Il n'existe aucune preuve valable que des compressions ont été faites à l'Agence d'inspection des aliments." Ce que tout le monde pensera, en entendant cette faible excuse, c'est qu'il y a eu effectivement des coupes, et qu'il ne manque finalement que les preuves.

Pour M. Ritz, comme pour son gouvernement semble-t-il, c'est toujours la faute des autres.