Le plus grand problème actuel des experts économiques, tant au gouvernement que dans le secteur privé, c'est que le public croit de moins en moins à leurs diagnostics et à leurs prévisions. Et le public a raison... une fois de plus. La réalité, c'est que l'ensemble de l'édifice économique repose sur la confiance des consommateurs. Les prévisions trop souvent optimistes et encourageantes des gouvernants, fonctionnaires et analystes ne peuvent se réaliser parce que les gens n'y croient plus.

Le plus grand problème actuel des experts économiques, tant au gouvernement que dans le secteur privé, c'est que le public croit de moins en moins à leurs diagnostics et à leurs prévisions. Et le public a raison... une fois de plus. La réalité, c'est que l'ensemble de l'édifice économique repose sur la confiance des consommateurs. Les prévisions trop souvent optimistes et encourageantes des gouvernants, fonctionnaires et analystes ne peuvent se réaliser parce que les gens n'y croient plus.

Aux États-Unis c'est la crise. Comment les Américains peuvent-ils faire confiance à une administration qui, un jour, déclare solides et solvables les deux géants du financement hypothécaire - Fannie Mae et Freddie Mac (deux entreprises subventionnées par le gouvernement) - puis demande le lendemain au Congrès des milliards de dollars pour prévenir leur effondrement et l'effet de cascade mondial qui en résulterait ? Les investisseurs avaient compris. La confiance n'y était plus et les deux entreprises avaient perdu près de la moitié de leur valeur en bourse la semaine dernière. Quoiqu'en dise l'administration Bush, on tentait simplement de sauver les meubles.

La crise immobilière qui secoue nos voisins du Sud est visible. Les gens ont beau lire les prévisions savantes sur une reprise éventuelle, ce qu'ils voient, c'est une baisse très réelle de la valeur de leurs maisons et la souffrance de millions de propriétaires - voisins, amis, parents - qui ne peuvent plus rembourser leurs prêts hypothécaires et dont les maisons sont saisies. Ils ont aussi compris que les banques qui détiennent ces hypothèques sont également dans le pétrin. Cette semaine, certaines de ces banques ont été victimes de retraits massifs de clients inquiets et méfiants. Selon les plus récentes estimations, jusqu'à 150 banques américaines pourraient faire faillite d'ici la fin de 2008 !

Et il y a bien sûr la flambée du prix du pétrole. Encore une fois, le commun des mortels reste sceptique devant l'évocation complexe des rapports actuels et futurs entre l'offre et la demande. Ce qu'il sait, c'est que sa voiture lui coûte trop cher à la pompe ; et il n'a pas confiance que la situation s'améliorera à court terme. Il garde alors son auto plus longtemps, achète des voitures plus petites, voyage moins. Certains négligent même l'entretien pour économiser des sous, au péril de leur sécurité. Les grands de l'auto n'avaient pas prévu un tel scénario. GM ne souhaitait pas annoncer compression sur compression. Toyota n'espérait pas une baisse de ses ventes nord-américaines.

Mardi, la Banque du Canada a été obligée de réviser à la baisse ses prévisions de croissance économique et se trouve confrontée à un taux d'inflation qui pourrait, dit-elle, franchir le cap des 4 % d'ici le début de l'an prochain. Aussi récemment qu'au mois d'avril, des grandes banques prévoyaient elles aussi un taux d'inflation oscillant autour de 2 %. L'importance de cette correction n'est pas de nature à inspirer confiance. Comme les augmentations de salaire de la plupart des travailleurs et travailleuses seront largement inférieures à 4 %, il en résultera une nouvelle érosion du pouvoir d'achat. L'atmosphère de pessimisme se généralisera. Si les taux d'intérêt montent, la catastrophe sera complète.

Les indices boursiers sont généralement de bons indicateurs de la confiance des investisseurs, grands et petits. Or, depuis le début de l'année, l'indice Dow Jones est passé d'un sommet de plus de 13 000 points à moins de 11 000, en baisse d'environ 20 %. La méfiance est au rendez-vous. Les autorités boursières, les banques centrales et les gouvernements souffrent tous d'un grave problème de crédibilité dont ils sont largement responsables. Nos dirigeants doivent cesser de dorer la pilule et nous exposer sans détour l'ampleur des problèmes. C'est le seul moyen de rétablir la confiance.

pallard@ledroit.com