À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine, une cuisine pour faire briller vos vins : Les Mômes.

Pourquoi en parler ?

Des restaurants « Apportez votre vin » de cette trempe, on n’en ouvre pas toutes les semaines, contrairement aux buvettes et autres jolies tables bistronomiques qui pleuvent par les temps qui courent. Voilà maintenant un peu plus d’un an que Les Mômes a remplacé Tandem, rue Villeray. Malgré quelques adaptations, la maison a trouvé son rythme de croisière.

  • Yoann Van Den Berg est chef-propriétaire des Mômes.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Yoann Van Den Berg est chef-propriétaire des Mômes.

  • Le chef Yoann Van Den Berg, entouré de Clémentine Gueroult, Johann Malescot et Tien Nguyen.

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    Le chef Yoann Van Den Berg, entouré de Clémentine Gueroult, Johann Malescot et Tien Nguyen.

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Qui sont-ils ?

Le chef Yoann Van Den Berg, originaire du sud-ouest de la France, est arrivé au Québec il y a huit ans pour travailler (brièvement) à l’Europea, après être passé dans de belles cuisines suisses et françaises, dont la maison de la célèbre Anne-Sophie Pic. Il a ensuite fait son chemin jusqu’au plus haut poste en cuisine sous la direction de Jason Morris, aux restaurants Fantôme, puis Pastel, aujourd’hui fermés. Sa femme Marie Voyer, concierge d’hôtellerie primée dans une « première vie », était de l’aventure des Mômes au début. Elle surveille maintenant un peu plus à distance tandis que les petits mômes en chair et en os du couple se développent ! En cuisine, Yoann peut compter sur les solides Tien Nguyen et Clémentine Gueroult qui, le soir de mon passage, étaient seuls pour exécuter un souper presque parfait. La salle est gérée par notre prévenante serveuse Lisa Squercia et son collègue Johann Malescot. Bref, l’équipe est petite, mais elle est en or.

Notre expérience

Je cuisine, mais pas comme un(e) chef ! Aussi, quand vient le temps d’ouvrir les vins qui mûrissent dans mon cellier depuis un certain nombre d’années, je suis heureuse de confier la nourriture à des professionnels.

C’est donc armés de plusieurs bouteilles – pour avoir du choix ! – que deux amis œnophiles et moi sommes arrivés au restaurant dont la devise est « Ils vécurent enfants et firent beaucoup d’heureux ».

Parti d’un mobilier presque tout noir hérité du Tandem, y compris les nappes, le terrain de jeu des Mômes a été égayé par des banquettes, des tabourets de bar et des plafonniers orange, ainsi que par des œuvres colorées au mur et autres accessoires ludiques. C’est une déco un peu disparate, dans laquelle résonne en plus une sélection musicale plus ou moins adaptée – quand celle-ci se fait trop remarquer, c’est qu’elle se fond mal dans l’ensemble –, mais on est là avant tout pour boire et manger.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La salle à manger, en noir et orange

Le menu se présente en quatre sections : grignotines, entrées, plats, desserts. L’ensemble des convives peut choisir la formule table d’hôte en trois services pour 80 $. Il y a même, au comptoir de six places, un menu en six services – tous hors carte – pour 95 $.

Nous choisissons de manger à la carte après avoir fait la réflexion suivante : les plats principaux nous sont, pour une rare fois, plus alléchants que les entrées. Certes, nous sommes au plus creux de la saison des racines, mais nous aurions bien amorcé le repas avec un peu plus de fraîcheur.

Trois options d’entrées sur quatre sont protéinées : saumon confit – j’y goûterai après la séance photo et force est d’admettre qu’avec son jus de pomme verte et citron, c’est quand même bien frais –, poulpe et cœurs de canard. Ce sera donc le chou-fleur frit sur sauce grenobloise (beurre, citron et câpres). Les fleurons ont le bon goût du chou caramélisé et sont emprisonnés dans une belle panure dorée. Les anchois blancs marinés qui les surmontent apportent une acidité très bienvenue.

Les gnocchis de polenta sont normalement proposés en deuxième ou en troisième service, mais nous en faisons une entrée. C’est une des spécialités du chef, qui change de garniture selon la saison. À notre visite, les petits nuages de maïs fusionnent avec un poulet à la basquaise relevé de yuzu kosho, de pâte de chili et d’agrumes japonaise. Ce savoureux plat représente bien les origines basques du chef et son passage dans la cuisine japonisante du regretté Pastel.

Le délicat doré vapeur sur son riche beurre blanc est le compagnon rêvé d’un bourgogne blanc Les grandes gouttes 2018 (vignes à Meursault), de Marthe Henry Boillot. La selle d’agneau bien tendre, elle, préfère le riche assyrtiko vieilles vignes 2013 de feu Haridimos Hatzidakis, à Santorin, au bourgogne rouge Les Riaux déviant du Domaine Derain.

Si nous ne l’avions pas mangé dès notre arrivée, nous aurions pu garder pour le dessert le sandwich au foie gras de la section « grignotines ». Cette petite merveille qui avait fait sensation au moment de son invention, en 2015, est un hommage au restaurant Fantôme et à son chef Jason Morris, aujourd’hui à la tête du Marcus, au Four Seasons. Une généreuse tranche de foie gras au torchon est insérée dans un sandwich au beurre d’arachides et à la confiture sur brioche un peu brûlée. Surprenant et très gourmand.

Le fondant au chocolat, avec cœur noisette, est une belle manière classique de clore un repas aux Mômes. C’est un autre indélogeable de la maison. Sa particularité est d’être servi avec un lait à la cardamome que l’on verse soi-même sur le gâteau. Ainsi, une fois le centre coulant libéré, il se mélange au liquide que l’on voudra boire jusqu’à la dernière goutte. Le dessert au topinambour, lui, est original sans être choquant, malgré son ingrédient principal et d’une densité rappelant davantage la pâtisserie anglaise que française.

« Je reviendrais ici », a répété à plusieurs reprises mon compagnon de table collectionneur de vins de Bourgogne. Le sentiment est partagé. Lorsque l’on considère en plus que le chef n’était pas présent ce soir-là, ayant confié sa cuisine à ses seconds, on conclut que la maison est très bien tenue.

Prix

Comme c’est souvent le cas dans les restaurants « Apportez votre vin » gastronomiques, les plats sont un peu plus chers qu’ailleurs, pour compenser l’absence de marge faite sur la vente d’alcool, peut-être. Aux Mômes, les entrées sont dans la vingtaine de dollars, les plats, dans la quarantaine et les desserts, à 14 $. Il y a (presque) toujours un plat à partager, dans la tradition des grands classiques français bien généreux (autour de 80 $).

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Les Mômes a remplacé le restaurant Tandem il y a un peu plus d’un an.

Bon à savoir

Le menu change très régulièrement, au bonheur des habitués du restaurant, mais certains classiques y demeurent. Question de configuration : il y a deux marches devant l’entrée et le restaurant ne se définit pas comme adapté, mais a déjà accueilli des personnes à mobilité réduite.

Ouvert tous les jours de 17 h 30 à 22 h

586, rue Villeray, Montréal

Consultez le site des Mômes