Réplique à la chronique « Le show de boucane du vapotage⁠1 » de Philippe Mercure publiée le 6 juin dernier

Monsieur Mercure,

J’ai lu votre chronique « Le show de boucane du vapotage » et cela m’a profondément choquée. Non pas que vous accusiez l’industrie. La Coalition des droits des vapoteurs du Québec (CDVQ) l’a fait publiquement à de multiples occasions au cours des dernières années. Mon inconfort est le certain mépris en trame de fond de votre chronique envers les gens, comme moi et nos membres, qui se sont sortis de peine et de misère de l’enfer de la cigarette grâce au vapotage.

Et contrairement à ce que vous sous-entendez, on ne défend pas l’industrie du vapotage. Personne ne devrait fumer ni vapoter, encore moins les jeunes.

Je n’aurais jamais dû commencer à fumer. Aujourd’hui, je ne vapoterais pas et cela serait bien mieux ainsi. Par contre, le vapotage est pour nous le seul moyen efficace d’arrêter de fumer et de continuer à ne pas le faire.

C’est notre combat quotidien et ce n’est pas une raison pour qu’on nous tombe dessus, comme vous et les gens de l’Institut national de santé publique (INSPQ) le faites.

Il est un peu frustrant de voir les gens de l’INSPQ et sa porte-parole, Annie Montreuil, mentionner laconiquement que si les parfums dans le vapotage ne sont plus offerts, les fumeurs n’ont qu’à se tourner vers les « autres options sous la main ». Or, ce même INSPQ a publié une étude en février dernier qui révélait que « les aides pharmacologiques, en particulier les timbres, les gommes et les pastilles de nicotine, sont très bien connues des fumeurs et anciens fumeurs récents (plus de 95 %), mais peu utilisées (moins de 10 %) ». Tous les ex-fumeurs ont essayé ces produits, mais cela ne répond pas à leurs besoins.

L’échec du gouvernement

Au lieu de vous attaquer aux vapoteurs, vous devriez vous en prendre au gouvernement qui a créé le bordel qui sévit présentement dans l’industrie. Quand vous mentionnez que « Québec est conscient du problème et a agi fermement, notamment en interdisant les arômes qui rendent les produits de vapotage si attrayants pour les jeunes », permettez-moi de m’inscrire en faux devant cette affirmation. En abolissant les parfums, le gouvernement a empiré la situation.

Les ventes dans les boutiques de vapotage ont baissé de près de 50 %, mais le nombre de vapoteurs n’a pas diminué et les jeunes vapotent plus que jamais. Ils s’approvisionnent maintenant sur l’internet, sur le marché noir et dans les réserves autochtones avec toutes sortes de produits douteux qui ne subissent aucun contrôle de qualité et qui peuvent être très dangereux. Bravo !

Allez vous promener dans les cours d’école et vous constaterez que, malheureusement, les odeurs de fraise et de gomme balloune font partie de l’air ambiant. La prohibition n’a jamais fonctionné. Celle dans le vapotage ne fait pas exception.

Il serait aussi pertinent, lors de vos prochaines chroniques, de ne pas aller chercher un seul côté de la médaille. Des experts en cessation tabagique, dont les docteurs Martin Juneau, Gaston Ostiguy et autres à l’international, vous apporteraient assurément un son de cloche différent et utile dans le débat sur la lutte contre le tabac. Vous pourriez aussi aller voir ce qui se passe dans les pays comme l’Angleterre ou la Suède (qui sera le premier pays sans tabac) qui ont utilisé le vapotage comme outil important dans leur lutte contre le tabagisme.

En terminant, monsieur Mercure, je vous recommande de demander au gouvernement de rendre des comptes plutôt que de vous attaquer aux vapoteurs. La situation va rapidement devenir hors de contrôle si le gouvernement continue de jouer à l’autruche et n’encadre pas mieux l’industrie comme nous l’avions proposé dans notre livre blanc.

L’abolition de parfums dans le vapotage est le véritable show de boucane du gouvernement.

Ma préoccupation : les nouveaux consommateurs

Madame Gallant,

Je tiens à vous assurer que je n’ai aucun « mépris » pour les ex-fumeurs et que ma chronique n’avait pas comme objectif de « m’attaquer aux vapoteurs ». Au contraire ! J’écris noir sur blanc que le vapotage est un outil « intéressant » pour cesser de fumer. Je constate toutefois que l’industrie recrute de nouveaux consommateurs à un rythme alarmant et que les produits qu’on décrit comme des solutions causent aussi des problèmes. Dans cette optique, et comme plusieurs experts, j’estime qu’il faut rendre les produits de vapotage moins attrayants et moins faciles d’accès. L’INSPQ a constaté que les « arômes jouent un rôle prépondérant dans l’initiation aux produits de vapotage chez les jeunes ». C’est pourquoi leur interdiction, même si elle ne règle pas tout, est soutenue autant par Santé Canada que par l’INSPQ. Des règlements ont été adoptés à ce sujet, mais ils sont actuellement contournés par certains délinquants de l’industrie. Ce sont ces derniers que je vise dans mes chroniques, aucunement leurs clients.

Philippe Mercure

1. Lisez « Le show de boucane du vapotage » Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue