Récemment, une enquête de La Presse nous apprenait que les délais pour l’obtention des permis de construction à Montréal avaient explosé. Le jour même, la mairesse annonçait son intention de réduire les délais pour l’obtention des permis à 120 jours pour les projets de plein droit.

À titre d’exemple, le délai moyen dans l’arrondissement de Ville-Marie (centre-ville) en 2023, si on inclut les dossiers de plein droit et les dossiers plus complexes, est de 540 jours. En 2019, ce délai était de 215 jours. Étant donné l’importance de la crise du logement que nous vivons actuellement, annoncer que l’on va diminuer les délais pour accélérer la construction de nouveaux logements est certainement une bonne idée.

Mais là où le bât blesse, c’est que des projets de plein droit qui impliquent le développement de plusieurs unités d’habitation (projets multirésidentiels), ça n’existe à peu près pas.

En effet, lorsqu’il est question des projets d’envergure, qui prévoient des dizaines, voire des centaines d’unités, des logements dont nous avons absolument besoin pour résorber la crise, cela nécessite presque toujours des dérogations réglementaires. Pour ces projets, dont les délais sont nettement plus longs, cette annonce ne change rien. C’est pourquoi cette mesure n’aura pas vraiment d’effet sur la crise.

Les promoteurs immobiliers comprennent que leurs projets doivent être analysés. Ils ne veulent pas construire n’importe quoi. Mais actuellement, les délais pour l’obtention des permis sont exagérés et représentent des coûts importants pour eux. On nous dit qu’il faut bâtir plus, qu’il faut bâtir plus vite, mais comment fait-on pour y arriver avec des délais pareils ?

Montréal et les autres

Dans la mesure où la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) nous rappelle depuis plusieurs mois qu’il faut 1,2 million de nouveaux logements d’ici 2030 au Québec pour atteindre l’équilibre de l’abordabilité, il devient urgent d’agir également pour réduire les délais pour les projets qui nécessitent des dérogations. Et c’est d’autant plus vrai pour Montréal qui, au cours des quatre premiers mois de 2024, a vu ses mises en chantier chuter de 40 % par rapport à l’année dernière. Cette baisse s’ajoute à une diminution de 29 % en 2022 et de 26 % en 2023. Et pourtant, la situation tend à s’améliorer à l’échelle du Québec, avec une hausse de 11 % pour le premier trimestre de l’année en cours. Qu’est-ce qui explique ce décalage important ?

Afin de renverser la situation, il est pressant pour l’administration Plante de mettre en œuvre des mesures permettant de construire davantage et plus rapidement de tous les types de logements.

Il faut créer un environnement réglementaire, administratif et fiscal qui favorise l’investissement et qui permet de résorber la crise de l’habitation. C’est vrai pour Montréal, mais c’est aussi vrai et nécessaire pour les autres villes du Québec, qui, malgré un léger rebond pour les mises en chantier, affichent des taux d’inoccupation historiques. En effet, la moyenne est autour de 1,3 %, bien en dessous du 3 % jugé comme un minimum viable pour maintenir l’abordabilité.

Une sortie de crise, ça se planifie ! En ce sens, le nouveau Plan d’urbanisme et de mobilité (PUM) que nous proposera la Ville de Montréal devrait être l’occasion parfaite d’apporter un nouveau souffle, avec des règles claires et de la prévisibilité afin de faciliter la construction de nouveaux logements pour nous sortir de la crise de façon pérenne. Ce PUM se doit d’être un puissant outil pour planifier le développement de notre métropole pour les prochaines décennies. Un legs pour les futures générations. Il ne faudrait surtout pas rater ce rendez-vous.

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