Encore trop souvent, nous voyons dans les médias ou entendons dans des histoires racontées par nos proches des situations inacceptables vécues par des personnes aînées. Nous avons non seulement un devoir de mémoire, mais un devoir d’agir, et vite.

À l’instar des plus de 160 personnes réunies au Rendez-vous national sur le maintien à domicile le 8 mai dernier, à Québec, nous croyons que garantir aux personnes aînées la dignité à laquelle elles ont droit passe par les soins et services à domicile. Au total, pas moins d’une centaine d’organisations issues de la société civile, de nos services publics et d’établissements d’enseignement et de recherche ont participé à ce vaste exercice d’intelligence collective autour de cette question incontournable pour notre Québec qui vieillit.

Ce faisant, ces hommes et ces femmes contribuent à ce qu’un grand virage, maintes fois annoncé par nos décideurs, se matérialise enfin : celui vers un système de soins et services à domicile mettant le désir de rester chez soi et la bientraitance au cœur d’une nouvelle approche qui pourrait faire du Québec une société distincte – pour les bonnes raisons – dans la manière dont elle soutient le maintien de l’autonomie de ses citoyens aînés.

La Coalition pour la dignité des aînés s’est formée après la toute première vague de la pandémie de COVID-19, en juin 2020. Pour nombre de personnes œuvrant auprès des aînés, pour les personnes aînées elles-mêmes et pour leurs proches, cette période a eu l’effet d’un réveil brutal. Un choc inattendu par sa force et sa fatalité, notamment dans notre réseau public de santé et de services sociaux.

Quatre revendications

De ce Rendez-vous national sur le maintien à domicile sont issues quatre grandes demandes pour concrétiser le virage vers les soins et services à domicile, que notre regroupement fera valoir d’une seule voix auprès des décideurs.

D’abord, adopter une loi-cadre intersectorielle faisant de l’accès aux soins à domicile un droit et visant à réduire les barrières liées à celui-ci.

Ensuite, faire des CLSC la porte d’entrée principale pour les personnes en besoin de soins et services à domicile. Nos CLSC, pourvus de ressources spécialisées adéquates et ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, doivent être en mesure d’évaluer les besoins, d’offrir les soins ou de diriger la personne vers le bon professionnel ou le bon prestataire de soins et services à domicile, que celui-ci soit issu du réseau public de santé et de services sociaux, d’entreprises d’économie sociale d’aide à domicile, d’organismes communautaires ou d’entreprises privées.

Également, assurer une meilleure coordination territoriale au bénéfice des personnes aînées et de leurs proches.

Pour ce faire, nous devons accorder aux tables régionales de concertation des aînés un mandat élargi, accompagné des outils et du financement adéquats pour assurer une communication fluide et une coordination accrue entre les différents acteurs de l’écosystème du maintien à domicile.

Finalement, renforcer la place des soins et services à domicile dans l’organisation du réseau public de santé et de services sociaux, en s’assurant que la nouvelle agence Santé Québec ait une obligation de consultation et soit chargée d’opérer les mesures déterminées de concert avec le milieu pour atteindre les cibles gouvernementales en matière de soins et services à domicile, notamment en vertu des récentes recommandations de la commissaire à la santé et au bien-être.

L’objectif de notre démarche n’est pas de critiquer ce qui se fait déjà pour améliorer le quotidien des aînés du Québec, loin de là. Ensemble, nous insistons sur des solutions qui, si elles sont reprises et pérennisées, nous permettront de réussir le virage auquel les aînés du Québec s’attendent à juste titre, après qu’on le leur eut maintes fois promis. Seuls, on va peut-être plus vite, mais ensemble, on va beaucoup plus loin.

*Cosignataires, porte-parole de la Coalition pour la dignité des aînés : Paul-René Roy, président de l’AQRP ; Pierre Lynch, président de l’AQDR ; Andrée Lamontagne, présidente du RiiRS ; Mireille Beaulac, présidente de l’AAR ; Michel Gobeil, président de l’AQDER

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