Après des motions adoptées à l’unanimité, après une pétition déposée à l’Assemblée nationale, après plus de 20 ans de mobilisation étudiante, après maintes manifestations et grèves. Rien ne change.

L’an dernier, la Coalition avenir Québec (CAQ) nous a donné l’espoir d’une rémunération des stages dans le secteur public. Dans un article de Radio-Canada du 12 avril 20231, la ministre Pascale Déry n’hésitait pas à affirmer que toutes les personnes stagiaires « méritent d’avoir une rémunération ». Son opinion sur la question était claire : « Quand les jeunes arrivent en fin de parcours […] et travaillent dans le réseau 30 à 40 h/semaine, ils méritent d’avoir une rémunération. »

Le 27 mars dernier, alors que plus de 57 000 personnes étaient en grève, la ministre est revenue sur son engagement en fermant la porte à toute possibilité de rémunération des stages2. Cette annonce, émise alors que nous sommes en pleine mobilisation étudiante, est un affront envers toutes les personnes qui multiplient les emplois alors qu’elles travaillent gratuitement pour notre gouvernement. C’est une situation aberrante qu’on ne peut pas accepter.

La ministre Déry cherche à nous décourager dans notre lutte. Elle n’y arrivera pas. Nous continuerons de lutter jusqu’à ce que nous cessions d’être exploitées et exploités.

Le rôle de la ministre de l’Enseignement supérieur est de « soutenir la communauté étudiante […] afin de contribuer, de façon durable, à l’essor économique, social et culturel du Québec ». En fermant la porte à la rémunération des stages, la ministre Déry nous montre qu’elle est incapable de remplir son rôle. Ainsi, elle n’a d’autres choix que de revenir sur sa décision ou de remettre sa démission.

Dans un contexte inflationniste, la rémunération des stagiaires doit devenir une priorité. Dans un Québec qui se dit féministe, il est aberrant que les inégalités économiques se creusent dès nos études postsecondaires.

La CAQ balaie de la main toute possibilité de rémunération des stages en prétendant que ces mesures coûteraient trop cher à l’État. On parle du parti qui n’a pas hésité à offrir des allégements fiscaux à ses amis les plus riches. Ce gouvernement qui n’a d’ailleurs pas hésité à jeter l’argent des contribuables par les fenêtres en études sur des projets futiles comme le troisième lien. Et qui a dépensé plus de 5 millions en parties de hockey que personne n’a demandées.

Pour que les stagiaires cessent leur bénévolat, il faudrait que le gouvernement investisse de 388 à 551 millions de dollars, selon un rapport de l’Institut de recherche et d’information socioéconomique publié en 2023. C’est un faible coût pour mettre fin à l’exploitation des stagiaires ainsi qu’à celle des femmes.

Par cette lettre, nous nous rassemblons afin de lutter pour l’amélioration de la condition étudiante dans toute la province. Montrons au gouvernement qu’il est temps que ça change. Avec une mobilisation d’envergure et la solidarité de l’ensemble de la population, nous avons espoir que le gouvernement reconnaisse enfin le travail des stagiaires.

*Cosignataires : Association générale étudiante de kinésiologie et d’éducation physique de l’Université de Sherbrooke (AGEKEP) ; Regroupement étudiant de la maîtrise en service social de l’Université de Sherbrooke (REMSSUS) ; Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke (FEUS) ; Solidarité populaire Estrie ; Association du baccalauréat en enseignement du français langue seconde de l’Université Laval (ABEFLS) ; Mouvement des étudiant.e.s en travail social de l’Université Laval (METSUL) ; Association des étudiantes et étudiants en anthropologie de l’Université Laval (AÉÉA) ; Regroupement des étudiant-es en sociologie de l’Université Laval (RÉSUL) ; Association étudiante du département de géographie de l’Université Laval (AÉGUL) ; Association de criminologie de l’Université Laval (ACRUL) ; Association facultaire étudiante des arts de l’UQAM (AFÉA-UQAM) ; Association facultaire étudiante en langues et communications de l’UQAM (AFELC) ; Association étudiante de l’école NAD/UQAC à Montréal ; Association générale étudiante de l’Université du Québec à Trois-Rivières (AGEUQTR) ; Association générale des étudiantes et étudiants de la faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke (AGEEFEUS)

1. Lisez « Les étudiants en stage “méritent d’avoir une rémunération” », dit la ministre Déry » 2. Lisez « Québec ferme la porte à la rémunération des stages au public » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue