La lettre de Mme Millet et cosignataires publiée dans l’édition du 13 février1 de La Presse sur la désertification des rues interpelle Hydro-Québec et la Chaire Hydro-Québec sur le contrôle de la croissance des arbres de l’UQAM (Chaire ArbrenVil). Comme titulaire de cette Chaire, je me dois de rectifier certaines affirmations faites par Mme Millet et cosignataires et expliquer le rôle et fonctionnement des chaires de recherche dans les universités.

Dans la lettre de Mme Millet, il est écrit qu’Hydro-Québec (HQ) ainsi que la Chaire sur le contrôle de la croissance des arbres de l’UQAM ont un « biais en défaveur des arbres ». Je ne vais pas parler pour HQ, mais je me dois de rectifier cette affirmation totalement fausse concernant la Chaire dont je suis le titulaire depuis maintenant 12 ans. Au contraire de ce qui est véhiculé, la mission de la Chaire est d’identifier les meilleures solutions possible pour la santé des arbres afin de mieux concilier la présence des arbres dans nos villes et les infrastructures humaines comme les lignes de distribution électrique.

J’imagine que Mme Millet ne connaît pas nos travaux de recherche et ne lit pas les nombreux articles que nous avons publiés au cours des 10 dernières années, sinon elle aurait compris que la Chaire a les mêmes objectifs qu’elle défend dans sa lettre. Nous appuyons d’ailleurs nos approches sur ses travaux de recherche publiés en 1998, 1999 et 2003.

Dans le cadre de la Chaire, tous nos axes de recherche visent une meilleure harmonisation des arbres et des fils de transmission électrique.

Le premier axe porte sur une meilleure compréhension de l’effet du vent et du verglas sur la stabilité biomécanique des arbres afin de développer des approches de taille des arbres qui maximisent cette stabilité. Le deuxième axe est justement consacré à la validation terrain de ces différentes approches de contrôle précoce de l’architecture de la cime des arbres (en partie basés sur les travaux de Mme Millet) afin de réduire les besoins futurs en élagage tout en améliorant la stabilité biomécanique de ces arbres. Nos travaux ont d’ailleurs montré qu’il n’y avait en fait aucun lien significatif entre la taille des arbres que fait Hydro-Québec et une mortalité hâtive des arbres.

Un nombre équivalent de micro-habitats

Fait intéressant, nous avons aussi mesuré que ces arbres taillés par Hydro-Québec recelaient un nombre équivalent de micro-habitats propices à la biodiversité que les arbres naturels non taillés et un plus grand nombre de micro-habitats que les arbres taillés par les villes. Une forêt expérimentale de 360 arbres de 6 espèces à grand déploiement a été plantée à Saint-Bruno-de-Montarville afin de tester différentes approches de taille et contrôle précoce de la croissance des branches dans des conditions de croissance uniforme en partenariat avec Hydro-Québec.

Le troisième axe fait appel à l’intelligence artificielle pour développer des algorithmes visant à identifier les arbres et les branches à risque de briser lors d’évènements de vents et de verglas extrêmes et ainsi aider HQ à intervenir de manière plus efficace. Finalement, nous travaillons sur un outil très puissant et performant, SylvCiT2, pour soutenir les villes dans la diversification des espèces d’arbres à planter considérant les risques climatiques et biotiques (insectes et maladies) actuels et futurs. L’objectif est de les aider à planter les bons arbres aux bons endroits pour maximiser la résilience de la forêt urbaine.

Tous ces travaux de recherche sont faits par une équipe multidisciplinaire de professeurs et professeures et chercheurs et chercheuses indépendants associés à l’UQAM, l’UQO, l’Université de Sherbrooke, l’Université Laval et UBC, en plus d’impliquer des chercheurs internationaux, des villes et les équipes de HQ.

1. Lisez « Hydro-Québec et l’abattage d’arbres – pour éviter la désertification des rues » 2. Consultez le site de SylvCiT Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue