C'est indéniable, les indicateurs de la santé au Québec sont au rouge : accès difficile à un médecin de famille, listes d’attente préoccupantes, lits manquants, épuisement du personnel, recours au temps supplémentaire, grèves inédites dans le secteur...

Depuis plusieurs années, le Québec peine à répondre dans un délai raisonnable à la demande croissante en soins de sa population. Et malheureusement, ce n’est que la pointe de l’iceberg et l’avenir ne s’annonce pas plus heureux.

Pour la première fois depuis plusieurs décennies, l'espérance de vie a diminué, et notre système de soins tangue sous le poids de maladies grandissantes, exacerbées par le vieillissement de la population, les inégalités sociales, les modes de vie propices aux maladies contemporaines et les changements climatiques.

Notre système est au bord du précipice, et si l’on n'agit pas maintenant, les problèmes qui nous attendent s’annoncent d’autant plus compliqués…

Pourtant, il existe une lueur d’espoir, une voie vers l’amélioration significative de notre système de santé. C'est ce que met en lumière le Livre de la réduction de la maladie au Québec1, récemment dévoilé par de nombreux acteurs et actrices de la santé publique, de la recherche et du milieu communautaire.

L’équilibre entre la demande de soins et les ressources disponibles pour y répondre vacille, et il est grand temps de nous poser la question cruciale : et si le véritable pivot résidait dans la prévention, pour agir directement sur la demande en soins ?

La gestion de la maladie accapare aujourd’hui la plus grande part du budget québécois, soit un montant d’un milliard de dollars par semaine. Celui-ci ne cesse d’augmenter. Combien de temps avons-nous avant de voir le système s’écrouler ? Jusqu’à quel point la gestion de la maladie va-t-elle prendre une place démesurée dans notre société ?

Malgré la volonté des gouvernements successifs, les virages et les réformes demeurent superficiels et toujours axés sur la gestion de la maladie.

Saisissons l'opportunité de la création de Santé Québec et de la réforme « mammouth » pour agir en amont sur la survie de notre réseau, en faisant de la réduction de la maladie la clé de voute d’un Québec en santé.

Il est temps d’agir, de changer notre approche. L’évidence est là, la solution est possible et même chiffrée collectivement. Le Québec et les différents intervenants du secteur réclament une refonte du système actuel pour que celui-ci adopte une vision orientée vers la réduction de la maladie.

Moins de maladies, c’est moins de coûts pour la société, moins de souffrances inutiles et c’est aussi un meilleur accompagnement des patients qui ont besoin de soins en libérant de l’espace occupé par des maladies évitables. Intensifier la prévention dans divers secteurs est indispensable à un réseau plus humain, performant et résilient.

Il est urgent d’unir nos voix et nos actions pour entamer une transition vers un système au service de la réduction de la maladie. Le Livre de la réduction de la maladie1 constitue les premières pages de cette histoire essentielle. Il est le socle d’un Plan santé 2.0 qui complète la première partie sur la qualité de l’expérience patient dans le système de soins. Il accompagne le réseau de la gestion de la maladie et ses partenaires vers un véritable système de santé.

Ensemble, valorisons la prévention et créons un Québec en meilleure santé !

*Cosignataires : Nadia Gosselin, directrice, Réseau québécois de recherche sur le sommeil et Centre d’études avancées en médecine du sommeil ; Caroline Normandin, spécialiste principale en recherche et rédaction, Société canadienne du cancer ; Valérie Lucia, directrice générale de la Fédération des kinésiologues du Québec ; René Maréchal, kinésiologue et chargé de cours de la faculté des sciences de l’activité physique, Université de Sherbrooke ; Cathy Vaillancourt, professeure, Institut national de la recherche scientifique (INRS) et directrice du Regroupement intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ) ; Dave Saint-Amour, professeur au département de psychologie et directeur du Centre de recherche en neurosciences cognitives de l’UQAM ; Martin Descarreaux DC, professeur titulaire, département des sciences de l’activité physique et titulaire de la Chaire de recherche internationale en santé neuromusculosquelettique ; Julien Montreuil, directeur général à L’Anonyme ; Jean-François Gagnon, professeur à l’UQAM ; Johanne Saint-Charles, directrice de l’Institut santé et société ; Julie Houle, professeure titulaire, département des sciences infirmières et codirectrice du Groupe interdisciplinaire de recherche appliquée en santé (GIRAS) de l’UQTR ; Isabelle Soulières, professeure à l’UQAM et chercheure membre du RISUQ ; Dre Emily McDonald, professeure agrégée de médecine, Université McGill et directrice scientifique, Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription ; Camille Gagnon, directrice adjointe, Réseau canadien pour l’usage approprié des médicaments et la déprescription ; Louis-David Beaulieu, professeur agrégé, Université du Québec à Chicoutimi et coresponsable de l'Axe mouvement et habitudes de vie du RISUQ ; Isabelle Plante, professeure titulaire, INRS-Centre Armand-Frappier santé biotechnologie, et directrice, Centre intersectoriel d'analyse des perturbateurs endocriniens (CIAPE) ; Marc-André Parenteau, conseiller principal, Affaires gouvernementales et défense des intérêts, Québec, Coeur + AVC ; Manon Boivin, directrice générale de Groupe entreprises en santé et Andrée-Anne Marchand DC, professeure à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et directrice adjointe (sciences cliniques) du Regroupement intersectoriel de recherche en santé de l’Université du Québec (RISUQ)

1. Consultez le Livre de la réduction de la maladie au Québec