Récemment, je suis retourné au Québec en tant que touriste pour passer du temps avec des amis et faire découvrir Montréal à ma femme. Je précise « en tant que touriste », car je souhaitais montrer à ma femme à quel point le coin d’où je viens est beau, accueillant et formidable. Cette fois-ci, au lieu de séjourner chez des amis ou en famille, nous avons décidé de réserver une chambre d’hôtel au cœur du centre-ville, où il y a beaucoup à voir et à faire, et où tout est facilement accessible sans être pris dans la circulation. Ma femme était enthousiaste, car cela lui offrait également l’occasion de pratiquer son français, une langue que je m’efforce de lui enseigner.

Dès notre arrivée à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, j’ai remarqué que l’accueil n’était pas très chaleureux de la part du chauffeur de taxi. Celui-ci n’était pas ravi de voir pitou, un chien d’assistance pour personne handicapée, nous accompagner. Nous avons pris soin d’expliquer que pitou doit aider ma femme pendant son voyage. Pitou est clairement identifié sur son harnais en tant que chien d’assistance, et il a tous ses documents en règle, y compris son diplôme. Ces documents sont toujours à portée de main en cas de doute. À notre arrivée à l’hôtel, le personnel nous a accueillis professionnellement et s’est assuré que pitou avait tout ce dont il avait besoin.

Cependant, la reconnaissance de pitou n’a pas été aussi facile pendant le reste du voyage. On aurait dit que personne n’avait jamais vu de chien d’assistance auparavant et ne comprenait pas son rôle. C’est incompréhensible.

La plupart des chauffeurs de taxi et des conducteurs Uber ont refusé de nous prendre, et certains ont même tenté de nous extorquer plus d’argent. Ils refusaient catégoriquement de reconnaître que le chien était un chien d’assistance. Même lorsque je leur expliquais que, selon les droits de l’homme, c’était une discrimination envers les personnes handicapées, au même titre que l’orientation sexuelle ou la race, cela ne changeait rien. Ils étaient têtus et refusaient d’écouter quoi que ce soit.

Malheureusement, la difficulté avec pitou ne se limitait pas aux taxis, mais se manifestait souvent dans la ville. C’était comme si tout le monde était ignorant, comme s’il n’y avait jamais eu de situation similaire auparavant. C’était comme si, au Québec, il n’y avait pas de personnes handicapées avec un chien.

Par exemple, un soir où je devais m’absenter, ma femme a décidé de visiter un bar de la rue Saint-Jacques. Il faisait un froid glacial, et le portier a catégoriquement refusé de la laisser entrer avec pitou, appelant son patron pour clarifier la situation. Le problème était que le patron était occupé à l’intérieur. Après une attente de 15 minutes dans le froid, il est enfin apparu et l’a laissée entrer, car il connaissait bien les règles. On aurait pourtant dit qu’il espérait qu’elle abandonne et rebrousse chemin. Est-ce vraiment ainsi que l’on traite les personnes ayant des difficultés au Québec ?

Je pourrais donner de nombreux autres exemples de notre court séjour. Et que dire des personnes dans le métro qui ne cèdent plus leur place aux personnes en difficulté ? Je ne reconnais plus mon Québec. Un Québec sans savoir-vivre.

Peut-être faudrait-il instaurer le service militaire obligatoire, comme c’est le cas dans plusieurs pays ? Ainsi, cela pourrait enseigner quelques leçons de savoir-vivre… mais cela est un autre débat.

J’étais excité de revenir au Québec. Je ne le suis plus maintenant. Et pitou non plus. Lui, qui a eu la chance de se promener un peu partout au Canada et aux États-Unis, a compris pourquoi le Québec est une société distincte, une société où il est difficile de reconnaître les personnes handicapées.

Je tiens néanmoins à accorder une mention spéciale à la Maison symphonique qui nous a très bien accueillis. Nous y avons passé une agréable soirée.

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