Les États-Unis sont en deuil à la suite de la tuerie survenue vendredi dans une école du Connecticut. Vous sentez-vous touché par cette tragédie? Le Canada est-il à l'abri d'un tel événement? Quelles mesures pourraient être prises?

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VOS RÉACTIONS

De la violence partout

Je dois avouer que si notre créateur nous a remplit de bonté et de violence et sachant cela, nous laissons nos enfants et nos maris ( oui, il y en a beaucoup) passer des heures avec des jeux vidéos, à frapper, tuer, faire exploser, bombarder, poignarder... vraiment... je ne crois pas personnellement, que ce soit une bonne idée, spécialement si la personne est introvertie ou explosive.

Je blâmerais Hollywood qui sort un film de violence extrême après l'autre...les salles sont toujours bondées pour les visionner.  Les gars sont très attirés par ce genre de films, (re: The Dark Night Rises).  Ces films doivent sûrement nourrir l'esprit vers la violence comme manière de résoudre leurs conflits.  Nos prisons sont pleines de jeunes hommes coupables de violence et de meurtres.

Les sports et la lecture seraient des meilleurs passe-temps pour nos jeunes et nos époux qui ne communiquent presque plus avec leurs épouses, tellement ils sont accrochés aux jeux.

Renée Houde, Montréal

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Le culte de la guerre

Le culte des armes et de la guerre que vouent les Étatsuniens mène tout droit aux tueries. On ne peut à la fois inculquer à un peuple qu'il doit dominer, vaincre et tuer les peuples des pays qui diffèrent de leur opinion, les former à tuer et en même temps tenir un double discours de contrôler les armes et de respecter son prochain. C'est l'un ou l'autre et les USA ont choisi les armes et la guerre surtout pour des raisons politiques, économiques et culturelles. Seuls comptent leur suprématie, le pouvoir à tout prix et la richesse financière. 10 % des Étatsuniens vivent des armes et de la guerre.

Eux qui ont lancé la bombe atomique sur Hiroshima tentent d'intimider les pays qui voudraient développer aussi des armes de masse. Ils se lancent dans des actions guerrières nouvelles les unes après les autres. Mais en fait, le culte des armes est aussi dangereux que les armes nucléaires et se retourne contre eux. Combien reviennent de la guerre avec des chocs post-traumatiques et sont prêts à tuer au moindre obstacle qu'ils rencontrent. Cette culture déteint sur les familles et sur le peuple tout entier.

Cela ne me surprendrait pas du tout qu'ils décident d'armer les directions d'écoles plutôt que de contrôler les armes. Ce serait une suite logique de leurs pensées. Triste! Triste comme la mort! Mais la mort semble les émouvoir seulement lors de meurtres massifs et seulement jusqu'après les funérailles. Un esprit de vengeance demeure.

Et les Canada anglais «s'étatsunise» de plus en plus. Je suis inquiet.

Je pense aux victimes et aux familles. Je pleure avec eux devant l'horreur du drame et devant l'incapacité d'empêcher ces drames tant que leurs gouvernements prioriseront le pouvoir, la vengeance, la finance et l'économie, bref les armes et la guerre plutôt que les humains, leur bonheur et leur sécurité réelle et non pas une sécurité faite de contrôle des individus et de gens armés, mais bien d'une nouvelle culture de paix et d'abolition des armes à feu.

André Chamberland, Trois-Rivières

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Face aux balles

Plusieurs enseignants, du Québec et d'ailleurs dans le monde, travaillent dans des conditions difficiles et réalisent, jour après jour, de petits miracles afin que leurs élèves réussissent académiquement et s'épanouissent sur le plan personnel. Mais face aux balles d'un tueur, il n'y a pas de miracle possible.

Sylvio Bellerose 

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Les jeux coupables

Je n'ai pas d'enfant. À chaque fois que je vais chez un de mes amis, son adolescent de 17 ans est enfermé dans le sous-sol.

Il joue seul, avec des amis, ou en ligne, au Nitendo ou au X-box. Il joue à tuer des personnes innocentes, qui se promènent dans les rues fictives, de villes fictives. Mon Dieu que ce doit être amusant!

Au même titre que les armes à feu. Ces jeux de simulation (ou de stimulation) sont tout aussi coupables.

Jean-Pierre Huppé, Laval

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Une société malade

Cette tuerie est le produit d'une société malade, où au nom de la liberté d'expression, la violence extrême peut être vue dans les films, émissions de télé et  jeux-vidéos de toutes sortes. La violence est banalisée. Alors des êtres fragiles succombent à celle-ci, croyant que pareil moyen de défense ou de justice est légitime. Et comme tout est vu à travers le prisme d'une image, la violence réelle est perçue comme virtuelle. Et c'est le dérapage.

C'est une explication, une hypothèse parmi d'autres, que j'avance. Disons enfin que le problème me semble fort complexe et profond et qu'il ne pourra se résoudre par un simple contrôle plus serré de vente et de possession de certaines armes à feu. Il me semble donc urgent qu'une commission d'enquête gouvernementale étudie aux États-Unis toute cette question. Les causes de ces tueries sont vraisemblablement multiples.

Michel Lebel

Ancien professeur de droit

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L'absence de la morale

Il existe encore des gens qui disent que la culture québécoise est différente de la culture américaine. Si cela survient chez-nous comme ailleurs, c'est la faute aux pédagogues qui se sont dit qu'ils seront bien sans religion à l'école.

La morale n'est plus inculquée à nos jeunes et on ne surveille plus les élèves dissipés qui ont un mauvais caractère.

Enregistrer les armes c'est bien, mais il faudrait aussi enregistrer la trace laissée par le canon des armes qui sont en fait l'empreinte indélébile du tireur. La balistique est absolument nécessaire. Je m'y connais un peu pour avoir été dans le Royal 22e régiment.

André Giguère

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Pas de solution

Après la récente tragédie au Connecticut, tout le monde parle du contrôle des armes à feu. C'est ridicule. Il y a presqu'une arme à feu par Américain. Les armes à feu "vivent" très longtemps. On arrêterait d'en produire maintenant qu'elles continueraient de tuer très longtemps après notre mort à tous. Le contrôle des armes à feu n'est pas la solution. Il n'y a pas de solution.

Alain Gingras

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Bien timide, Obama

On ne va pas chasser le cerf de Virginie avec une Kala ou AK-47. Défendu !

Mais on peut se promener dans la rue avec un tel instrument, même entrer dans un cinéma ou une école et peser sur la gâchette. La chose faite, les médias déplorent la folie du tireur, mais on ne remet pas en question la légalité de pouvoir se procurer un si terrible arsenal chez l'armurier du coin, cela, sans exigences sérieuses.

Pays, nation d'hypocrites. 90% de la population croit en Dieu et 60% avoue prier. Mais 275 millions d'armes sont entre les mains de tout un chacun. S'il ne s'agissait que de pistolets ou d'armes de chasse, on aurait pour résultat plusieurs meurtres, la société étatsunienne étant ce quelle est... Mais avec des mitrailleuses accessibles à qui peut se les payer, nous avons ces événements qui nous horrifient à répétition.

Les propos du Président Obama sont empreints de compassion, mais, somme toute bien timides et quelque peu pieux. Nous serions étonnés qu'il s'engage de façon claire et ferme à proposer un contrôle des armes, tout au moins envers les armes de guerre, les fusils qui crachent 100 balles et plus à la minute.

Regretter et compatir ne suffit pas. Il faut agir et légiférer. Pour cela, il faut avoir du courage et, surtout, les mains libres.

Mario Laprise, Québec

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Le système produit ces tueries

Pour une énième fois dans les dernières années, nous sommes à nous demander ce qu'il faut pour éviter ces drames où un homme ayant visiblement disjoncté décide de s'enlever la vie et par le fait même d'en entraîner des dizaines d'autres avec lui, bien souvent des enfants. Tous ces « pourquoi? » et c'est « comment? » risquent encore de ne mener nulle part si nous ne nous questionnons pas sur le fondement radical de ces violences. Il y aura alors un autre incident l'année prochaine, malgré toutes nos belles résolutions du 1e janvier.

Il n'est peut-être pas coïncidence qu'en parallèle de ces tueries, devenues presque usuelles dans nos sociétés modernes, nous nous butions à un taux de suicide en hausse et à des cas de dépressions toujours plus nombreux. Au Québec, près d'une personne sur dix a rapporté avoir souffert de dépression dans les douze derniers mois lorsqu'interrogée par les autorités de santé publique.

Et si pour une fois, nous décidions de réellement pointer du doigt ce système qui écrase ses citoyens par la nécessité de la performance et l'endettement. Ce n'est pas parce que nos politiques sur les armes à feu sont différentes que nous ne partageons pas les mêmes cultes de la performance, mentalité libérale marchande et système capitaliste que les États-Unis. Et ça, en effet, pousse bien des gens à bout: des évènements comme celui d'il y a quelques jours deviennent presque communs. En effet, on ne peut pas prévoir comment réagira un humain après avoir été repoussé dans ses derniers retranchements. Après s'être buté à des standards de performances inhumains, écrasé par les dettes nécessaires à l'obtention d'un diplôme, d'une maison, d'une voiture. Et après tout cela, il lui est annoncé qu'il faut continuer plus fort, autrement l'économie en souffrira et le pays perdra des investisseurs étrangers. Quel sens un homme peut donc donner à sa vie après cela?

Le temps pour faire place à un virage politique majeure est plus que compté. Alors lorsque nous entendons ces groupes qui prônent des modèles sociaux basés sur la solidarité et l'égalité des chances et des politiques environnementales beaucoup plus sévères, il serait peut-être temps de les écouter et d'agir. Et ce même si c'est aux dépends de cette croissance économique qui est tenue pour absolue depuis trop longtemps. Autrement, il y a fort à parier qu'une tuerie comme celle du Connecticut se produira au Québec. Et encore une fois, nous serons encore devant nos écrans à nous demander ce qui a pu mener à un tel drame, mais à chaque fois nous connaîtrons un peu plus la réponse.

Olivier Melançon, étudiant, Longueuil

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Le contrôle des armes

Tant qu'on tolérera la possession d'armes automatiques ou semi automatiques, les «tueurs fous» pourront continuer à sévir.

Le Canada s'est fourvoyé et pris la mauvaise décision en prônant un registre des armes à feu. Il a mis la pagaille dans son établissement par manque de connaissance des personnes en pouvoir. Et Pauline Marois continue de frapper sur ce clou avec acharnement.

Rappelez-vous ! Le tueur de Dawson avait des armes enregistrées !

Il faut tout de suite et impérativement supprimer le droit d'acquisition et de possession d'armes automatiques et semi-automatiques par quiconque.

Là est la principale décision à prendre et à faire respecter en imposant une amende très lourde à la première offense et une peine de prison pour les récidivistes.

Tout le reste, enregistrement inclus n'est que gaspillage et perte de temps et d'argent pour un résultat nul.

Georges LeSueur, retraité, St-Ambroise

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Quand la maladie mentale devient folie

Pour l'être troublé, appuyer sur la gâchette, est un déclic de soulagement. La culture de l'immédiat et de la violence a atteint elle aussi son niveau de pensées infirmes. Comme la soupape automatique d'un presto est utile, le bouton « delete » d'un PC l'est tout autant pour supprimer un contact, ici, la fonctionnalité pour le dément, c'est la décharge d'un fusil.

À priori, les symboles sont puissants et parlent d'eux-mêmes : assassiner des enfants d'âge primaire! Tuer sa mère! N'aller surtout pas me dire : C'est pas de sa faute, il est MA-LA-DE!

Je réponds ceci : Le « moi » du malade devient planétaire, puisque tout le monde en parle. Le fou, même mort, est promu à l'international, quitte son anonymat de souffrance et accède du coup à une volonté de toute puissance, à un super égo, au succès, sa sombre mégalomanie.

D'une façon plus élargie, sociologique, la banalisation des états sociaux dans toute sa souffrance, les ressources et solutions déficientes en santé mentale, la déresponsabilisation pénale des fous, au détriment de victimes délaissées à leur indicible malheur, l'accès trivial aux armes à feu sont autant de composites à ce mouvement social assassin.

Combien de fois, des fous ordinaires, sous des apparences banales, barbarisés par des troubles de personnalité--narcissiques, borderline, paranoïaques-- tuent à long terme, démembrent et décapitent familles, enfants et  individus? Ça, c'est de la folie ordinaire, me direz-vous. Mais, il finira bien par y avoir quelques uns de ceux là qui passeront à l'acte. Et c'est ce qui s'est passé vendredi, comme à d'autres jours noirs dans le passé. C'est dire que la maladie mentale à degrés divers, dans un contexte de société dolente, surtout de déni, est un fléau mortel.

Je suis comme vous, troublée, immensément triste.

Chantal Fortier, professionnelle de la santé, Montréal

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Une justice inefficace

Encore une fois, un drame épouvantable est survenu dans une école primaire aux États-Unis. Dans un pays où la justice est impitoyable et où les armes à feu sont en libre circulation, nous avons la preuve que la justice punitive n'est pas dissuasive et que le port d'armes n'est pas une protection pour personne. Il y aura toujours de ces personnes malades ou déséquilibrées qui posséderont de telles armes et qui tueront de pauvres innocents. Que faire? Durcir encore plus les lois? Armer davantage les citoyens? Non! Je suis persuadé que cette voie n'est pas la bonne, puisqu'aux États-Unis, ces tragédies de tuerie dans les écoles se multiplient.

Et pourtant, c'est la voie que veut emprunter, au Canada, le gouvernement conservateur actuel. On a beau être un pays évolué, on croit toujours que la vengeance est une vertu et qu'appliquer la loi du Talion favorise la justice pour les victimes. En quoi la punition d'un criminel rétablit-elle la justice pour des enfants assassinés? Il me semble qu'il nous faut regarder ailleurs, en amont, pour comprendre le phénomène, et peut-être, essayer de l'éviter. Les malades mentaux, les blessés de la vie, il y en a partout... Et si on intervenait pour mieux les encadrer, afin qu'ils ne posent pas ces gestes irréparables? Il nous faut travailler sur la prévention, la responsabilisation et la réinsertion pour diminuer la criminalité et pour favoriser la justice pour tous.

Raymond Gravel, prêtre dans le diocèse de Joliette

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Une culture de violence

Spontanément, l'annonce d'un autre massacre civil aux États-Unis nous porte à en mettre la faute sur l'absence de contrôle des armes à feu au sud de la frontière. Sans doute qu'il y a du vrai dans cette approche: une réglementation plus sévère pourrait vraisemblablement éviter certains drames. Mais est-ce bien la raison principale de ce phénomène qui semble être de plus en plus récurrent? Il y a pourtant un grand nombre d'autres pays où les armes sont encore plus répandues qu'aux États-Unis; on pense, en particulier, aux pays du Moyen-Orient, de l'Asie ou de l'Afrique où plusieurs conflits ont multiplié la possession d'armes à feu. Or, si les attentats politiques ou terroristes sont nombreux dans ces pays, on entend rarement parler de massacres d'ordre civil comme celui de l'école du Connecticut.

Curieusement, ce genre de phénomène semble particulier à la société américaine. Comment l'expliquer? Ne serait-ce pas, au moins en partie, une conséquence extrême de l'individualisme qui règne dans cette société où le sens communautaire et l'éthique sociale semblent en perte de vitesse? La culture américaine me paraît plus violente que la nôtre avec ses films, ses séries télévisées et ses chansons remplies d'explosifs, d'effets spéciaux et de langages violents. Tout semble se régler à coup de pistolet. Que des esprits plus faibles ou plus impressionnables décident de régler leurs problèmes personnels de la même façon n'est peut-être pas si surprenant.

Louis Bernard, consultant

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Stupeur à l'état pur

C'est le sentiment que j'ai éprouvé lorsque j'ai appris la nouvelle. Il est à se demander si notre société n'a pas perdu une grande partie de ses repères. Qui peut bien s'en prendre à des enfants totalement innocents? Pourquoi utiliser une telle violence pour faire connaître son mécontentement, son désaccord, son point de vue? Les questions fusent, mais je demeure bouche bée devant l'absence de réponses. Et que fait notre société pour y remédier? À toutes les fois qu'un drame de la sorte se produit, les politiciens montent au créneau en nous disant que trop c'est trop. Puis, les jours et les semaines passent et rien n'est fait. Pourtant, ce sont nos enfants qui ont été la cible de ce drame, ceux qui devaient contribuer à façonner la société de demain. Le vivier dans lequel nos enfants puiseront les valeurs qui les guideront laisse de plus en plus à désirer. Sommes-nous lâches au point de continuer à nous taire et de ne nous en remettre qu'à ceux qui nous gouvernent? Comme parents et grands-parents, nous allons devoir forcer la main de nos dirigeants pour mettre en place des programmes de prévention et de dépistage de détresse psychologique et, également, de contrôle des armes à feu, n'en déplaise à ceux qui les abolissent.

Jean Gouin, Directeur général, Fédération des médecins résidents du Québec

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Le vrai sens de la vie

J'ai toujours eu de la facilité à exprimer mes émotions, à formuler mes opinions et à verbaliser mes commentaires, mais devant un tel drame, je suis sans mot. Comment expliquer l'inexplicable? J'imagine la peur dans les yeux des petits enfants, la douleur foudroyante des parents, l'angoisse et le désarroi de tous ceux qui sont touchés de près ou de loin, et j'ai le souffle coupé. Toutes ces innocentes victimes, tous ces témoins directs d'une horreur sans nom qui viennent d'être privés à jamais de l'insouciance de leur enfance... Les dommages psychologiques seront tellement profonds, peut-être même irréversibles. Comme témoin à des milliers de kilomètres du drame, que pouvons-nous faire à part essayer de faire du bien autour de nous et de faire preuve de compassion envers les gens qui nous entourent?. Que pouvons-nous faire, sinon réfléchir chacun dans notre coin sur ce que nous pouvons changer en tant que personne pour influencer positivement notre entourage et notre milieu de vie? Il est urgent de retrouver nos valeurs et de retourner au vrai sens de la vie : parler avec compassion et empathie à nos familles et nos amis, rejeter tous les gestes de violence dont nous sommes témoins, mettre un terme aux réflexes de haine en ouvrant les discussions et les dialogues. Tendons la main à notre prochain... et disons-nous qu'un tel drame ne doit plus JAMAIS se reproduire! Quand allons-nous comprendre que l'on ne touche pas à des enfants? Je vous invite à aimer profondément et sincèrement vos enfants. L'amour pour combattre la haine est la seule avenue possible. Quelle tristesse!

Francine Laplante

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La rage

Il y a d'abord celle d'un tueur, probablement nourrie d'une profonde détresse et d'une terrible souffrance; un mal-être, un mal de vivre qui n'a pas été perçu, qui n'a pas été soigné et qui a mené à l'irréparable. La rage de cette nanoseconde avant que le doigt n'appuie sur la détente, ce court instant figé dans le temps qu'on souhaiterait pouvoir effacer.

Ensuite, il y a la rage de toutes ces familles, nourrie par  une incommensurable douleur, à qui on vient d'arracher un être cher, probablement un petit enfant candide, naïf et innocent. Un enfant que ce matin on a peut-être bousculé pour qu'il avale son petit-déjeuner ou qu'on a embrassé sur la joue après avoir essuyé une trace de confiture avant de caller sa tuque sur ses petites oreilles en disant au revoir sans savoir qu'il s'agissait d'un adieu.

Enfin, il y a la rage d'une planète toute entière, nourrie par une sourde incompréhension devant ces tragédies qui se multiplient, un monde qui n'en peut plus de voir ses enfants mourir sous les balles, sous les coups de couteau, devant le regard plein de fureur de tueurs. Un monde qui, encore une fois, se retrouve aujourd'hui engourdi par une douloureuse rage.

Mélanie Dugré, avocate

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Notre société a besoin d'aide

Une autre tragédie qui touche des enfants. Encore des enfants tués. Encore des enfants victimes d'une violence déchaînée et incompréhensible. Pourquoi? Qu'est-ce qui explique qu'un père ou une mère, jusque-là aimant et fonctionnel, dérape et entraîne dans la mort des êtres innocents et sans défense. Pourquoi la frustration que vit un individu, que celle-ci soit d'ordre personnel, familial ou social, trouve-t-elle son ultime expression dans le meurtre d'enfants? Depuis une semaine, nous sommes confrontés à l'horreur à travers les Guy Turcotte, Cathie Gauthier et Sonia Blanchette.

Aujourd'hui, nous apprenons qu'un père abat 29 personnes, dont 22 enfants, dans une école primaire du Connecticut. Notre société a besoin d'aide. On ne peut plus attribuer cette violence aux seuls « détraqués » dont les actes seraient par nature imprévisibles. Cette perception « rassurante » doit être battue en brèche. Constat difficile, mais nécessaire.

Alain Roy, professeur de droit de l'enfant, Université de Montréal



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La folie à son suprême degré

Jadis, la morale traditionnelle enseignait que l'être humain devait agir en fonction d'une finalité, en poursuivant un but qui était l'épanouissement de l'être humain et celui de ses semblables.

Sans repères fixes, guidés uniquement par certains réflexes, prisonniers de passions incontrôlées, des êtres humains défient ces repères, s'écartent de ces barrières, et commettent des gestes qui semblent inexplicables pour l'ensemble.

Devenus leur seul maître, voguant enfermé sur eux-mêmes, ils décident de manifester leur indépendance totale. Et la façon la plus éclatante de démontrer leur indépendance suprême est de s'attaquer à ce qu'il y a de plus sacré : la vie humaine.

Notre civilisation (ou ce qu'il en reste...) a développé ce goût de la mort, cette civilisation de la mort. Le dernier siècle a permis aux humains de s'entretuer à la hauteur de 100 millions de victimes. Notre civilisation dégradante va jusqu'à s'attaquer à la vie à son plus infime commencement. Puis, elle va jusqu'à frapper l'enfant, celui qui ne sait pas encore et qui est détruit par celui qui sait ou qui devrait savoir.

Le geste gratuit de tuer l'autre sans raison est de la folie pure. Il a sa source dans une certaine littérature qui prône ce genre d'action inexplicable pour l'ensemble des humains. Libérés de toutes contraintes, certains inventent des scénarios rejetés par la majorité et s'adonnent à des gestes qui, pour eux, peuvent paraître l'apparition de la suprême liberté, la liberté absolue.

La tuerie collective se termine souvent par la mort de celui qui l'a commise. La raison en est simple. Il veut démontrer sa supériorité sur tout le monde, en partant avec un secret qui ne sera jamais connu par l'environnement qu'il traumatise et qu'il quitte sans expliquer la raison de son geste inqualifiable.

Il faut recommencer à être sérieux et expliquer à tous le pourquoi de l'existence. Tant et aussi longtemps que les gens qui ont comme mission d'expliquer le sens de l'existence se tairont, il y aura de plus en plus de gens qui détruiront, sans raison, l'existence des autres et la leur, sans dire pourquoi ils ont posé un tel geste.

L'acte gratuit est une invention de notre siècle déboussolé. Il faut faire remarquer à l'homme confus et perdu de notre temps qu'il y a une étoile polaire qui doit le guider dans la vie. C'est parce que, sans boussole et sans point de repère, que des hommes posent des gestes qui semblent incompréhensibles. À force de dire qu'il faut laisser faire et laisser vivre, comme on l'a enseigné tant de fois depuis des décennies, il ne faut pas s'étonner que certains décident de mettre cette fausse et désastreuse philosophie en pratique.

Nestor Turcotte, Matane

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Pourquoi s'en prendre à des innocents?

On ne tue pas seulement des ennemis qui nous attaquent, mais on tue des innocents pour terroriser des populations, pour gagner du pouvoir et parfois simplement pour exprimer sa rage ou pour tenter d'imposer un point de vue.  Certains groupes ou certaines personnes sentent le besoin de poser des gestes d'horreur pour sortir de l'anonymat, pour crier un message et pour être à la une des médias, ne serait-ce que pour quelques jours. Plus il y a de l'horreur dans les gestes qu'ils posent, plus les victimes sont nombreuses, plus elles sont innocentes, et plus cela reflète un plus grand désir d'être vus et entendus.  Des enfants sont ainsi choisis comme victimes parce qu'ils sont innocents, parce qu'ils ont toute la vie devant eux et parce que leur mort sera encore plus dévastatrice pour leurs proches.

Après des siècles d'évolution, il reste encore dans nos sociétés une bonne dose de barbarie.

Jean-Pierre Aubry

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La puissance du lobby

Le deuxième amendement à la Constitution des États-Unis est à l'effet que « le droit de porter des armes ne peut être violé (infringed) ». Cet amendement a été voté en 1791 pour une question de sécurité, pour que les milices soient toujours prêtes à répondre à une attaque.

Malheureusement, le puissant lobby des armes à feu se sert de cet amendement depuis des lunes pour lui donner une signification tout autre, une signification qui n'a plus rien à voir avec la sécurité. Aujourd'hui, tout politicien qui essaie de diminuer un tant soit peu la portée de cet amendement est assuré de se faire battre par la puissante « National Rifle Association » pour qui ce sont les individus qui tuent et non les armes. Cette association a d'ailleurs une réponse toute crachée lorsqu'une tuerie arrive en milieu scolaire : il faut armer les professeurs....

Pourtant, des tueries comme celle de Columbine, de Virginia Tech et aujourd'hui, celle de Newton devraient convaincre les Américains qu'ils vont tout simplement trop loin, qu'ils ont depuis longtemps dépassé les bornes. Mais cette phobie des armes à feu est tellement ancrée chez nos voisins du Sud que, mise à part une prise de conscience temporaire, les choses vont dans quelques semaines revenir comme avant. Les politiciens américains préfèrent qu'il y ait une tuerie de temps à autre plutôt que de perdre leurs élections.

Gaétan Frigon, Président exécutif de Publipage

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Sauvons notre registre

La stupéfaction nous étrangle face à une folie meurtrière de masse.

La maladie mentale peut parfois faire l'objet de soins qui, en certaines circonstances, serviront à prévenir l'irréparable.

Le contrôle des armes à feu de tout genre peut également être utile dans une perspective de gestion de risques. Souhaitons fort que le président Obama force l'ineptie du Congrès américain pour doter son pays d'un cadre restrictif du commerce des armes à feu.

Chez nous, plus que jamais, afin d'éviter la destruction des données du registre canadien des armes à feu, le gouvernement du Québec doit légiférer et créer un registre assurant le contrôle de toutes les armes à feu (de poing et d'épaule). L'action gouvernementale devrait mettre les tribunaux, saisis du litige constitutionnel, devant un fait accompli.

Me Jean-Claude Hébert, avocat

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Les larmes n'y changeront rien

Ceux qui croient  que la tragédie de Newton va amener les Américains à se doter d'un véritable contrôle des armes à feu rêvent éveillés. Toutes les larmes versées aujourd'hui et tous les gémissements ne peuvent rien contre ce fait : le droit de porter des armes est garanti par le deuxième amendement à la Constitution qui ne peut lui-même être radié ou amendé qu'en ayant recours à l'article V, qui édicte qu'un amendement sera valide quand il aura été ratifié par les deux tiers des deux chambres du Congrès et par les trois quarts des États. Et cet alignement des astres est impossible aujourd'hui et hautement improbable demain. Le politicien qui se lancerait dans une telle aventure causerait sa propre perte et peut-être même celle de son parti. Quand ils ont voté cet amendement, les Pères fondateurs des États-Unis avaient en tête leur guerre d'indépendance, au cours de laquelle des miliciens (lesMinutemen) possédant leurs armes avaient défié la puissante armée britannique. Le droit de posséder une arme était pour eux un rempart contre la tyrannie domestique ou étrangère. Ils ne pouvaient pas deviner que des malades mentaux ou des possédés pourraient un jour se procurer des armes automatiques ou semi-automatiques comme on achète du pain ou presque. Nos voisins vivront hélas, encore, de nombreux deuils insupportables comme celui-ci avant que la raison ne fasse son chemin chez une majorité d'entre eux!

Marc Simard, Cégep Garneau (Québec)

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Les armes à feu!

Un tel drame d'horreur serait impossible si les Américains n'avaient pas un droit constitutionnel absolu aux armes à feu. Il est temps que la société nord-américaine, y compris nos bons Canadiens pro armes, fassent le constat que nous ne pouvons pas moralement permettre à tout le monde d'avoir accès aux armes à feu.  Il faut contrôler les armes, c'est une nécessité. C'est une des façons de prévenir les drames.  On répondra que ce ne sont pas les armes qui tuent, mais les personnes qui les utilisent.  Sans arme, difficile de les utiliser!  J'espère que les conservateurs du Canada ont des frissons dans le dos quand de pareils drames se produisent et qu'ils ont au moins un petit remord d'avoir aboli le registre des armes à feu.

Jean-Roch Marcotte, Montréal

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Quand la bêtise abat la logique

Un tel carnage, dont l'auteur est supposément muni d'une intelligence, n'aurait jamais dû se produire; surtout pas par un père de famille. Trop de fois, a-t-on pu constater, la bêtise frappe des victimes innocentes, a priori des jeunes étudiants de niveau élémentaire. Imaginez la peine cruelle, incompréhensible, trop profondément douloureuse, illogique et destructive que les parents vivront jusqu'à la fin de leurs jours sans jamais assouvir une quelconque vengeance ou interprétation intellectuelle valable. C'est clair, la bêtise peut tout abattre!

Michel Beaumont, Québec

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Une solution de coeur

À chaque catastrophe de ce genre, il y en a pour s'objecter au contrôle accru des armes à feu pour soi-disant respecter le choix et la liberté de chacun. Pourquoi n'essayerons-nous pas, pour une fois, la solution légale pour limiter la circulation des armes. Il me semble que les belles paroles et les voeux pieux ne sont plus suffisants. La solution réside dans le coeur de chaque Américain qui devrait faire un examen de conscience personnel et effectuer un virage majeur et ainsi forcer les parlementaires à agir. Qu'ont-ils de plus à perdre que tous ces morts inutiles?

Guy Gosselin, Laval

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Mais dans quel monde vit-on?

Je suis tellement bouleversée de voir tout ce qui arrive depuis de nombreuses années. S'il n'y avait pas d'armes, de telles tragédies n'arriveraient pas. Mettez-en des armes, mettez-les à la vue, dans les mains de vos enfants! Les armes sont permises aux États-Unis. La guerre attire la guerre, la violence attire la violence, etc. On vit dans un monde de fous. La société est malade et nos gouvernements le savent et ils ne font rien pour changer les choses. Les gens sont écoeurés, n'en peuvent plus de courir. Les pauvres s'appauvrissent, les riches s'enrichissent aux dépens des pauvres. Il faut que ça change. Cessez de vous remplir les poches et arrêtez de trop en demander à nous, qui nous battons sans cesse pour survivre.

Je trouve que ça incite beaucoup ceux qui sont déjà malades de faire de telles tragédies pour démontrer à ceux qui ne pensent qu'à eux qu'ils en ont assez de cette vie, de tout ce qui se brasse sur la planète. Réveillez-vous avant que tout le monde y passe.

Rolande Rouleau

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Le déclin des États-Unis

Une société qui tolère que l'on tue ses enfants est une société malade, gravement malade. Les discours bienveillants et les larmes ne suffisent pas. Et lorsque cette société dite 'évoluée' n'a pas le courage de poser de geste concret visant à éradiquer la possession généralisée d'armes en prétextant qu'il s'agit d'un 'droit' qui figure sur un 'morceau de papier' écrit il y a plus de deux siècles par des hommes faillibles pour des raisons qui ont depuis longtemps disparu, cette société malade est vouée elle même au déclin. Inéluctablement.

Je salue le Québec qui a le courage de vouloir maintenir le registre des armes à feu. Quant au reste du Canada qui a accepté le dictat de Stephen Harper sans broncher, je les plains. Tout comme je plains les États-Unis d'Amérique, autrefois un grand pays. Ces mêmes États-Unis d'Amérique qui se vantent de vouloir donner des leçons de démocratie et de 'savoir-vivre' à des peuples bien plus anciens et, parfois même, humainement plus évolués.

Alain Raymond, Knowlton