La pénurie de médicaments s'accentue au Québec. En 2010, les pharmaciens ont dû composer à 116 reprises avec des ruptures de stock causée par une pénurie de matières premières à l'échelle mondiale. Les catégories les plus touchées : antidépresseurs, antihypertenseurs, médicaments pour traiter le cancer. Êtes-vous inquiet de la situation? Avez-vous déjà été privé d'un médicament parce qu'il n'était pas disponible à votre pharmacie?

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Pharmaciens débordés



Étant pharmacienne, je peux vous dire que je vis cette pénurie de plein fouet. En fait, ce qui est surtout inquiétant, c'est que, même nous, pharmaciens, ne sommes pas tout à fait au courant de la raison de ces ruptures. On nous parle de problème d'approvisionnement de matières premières, d'inspection d'usines canadiennes par la FDA (équivalent de Santé Canada aux États-Unis) ou de priorité dans les chaînes de montage (gros vendeurs versus petits vendeurs). Nous essayons, dans la mesure du possible, de trouver une solution pour le patient afin qu'il n'aille pas à trop subir cette rupture. Ainsi, il y a de l'entraide entre les différentes pharmacies, nous pouvons, pour un médicament combinant deux produits, les remettre de façon séparée, faire fabriquer les comprimés (une pharmacie offre ses services) et finalement, téléphoner au médecin pour discuter d'une alternative. Il est bien sûr que ces ruptures engendrent une surcharge de travail pour les pharmaciens qui sont, déjà, en surcharge et en pénurie. Chaque matin, nous vérifions nos commandes et nous nous disons: «Qu'est-ce qui est encore en rupture de stock?». Nous avons bien hâte que cette situation soit corrigée mais, selon moi, cela va prendre encore bien du temps à se rétablir.



Lindy Sanscartier, pharmacienne à Rosemère



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Réglementation nécessaire



Cette pénurie est une preuve que le système capitaliste a besoin d'un minimum de réglementation pour bien fonctionner. Si c'est plus payant de faire du Viagra que de faire des antibiotiques,nous allons avoir beaucoup de Viagra et peu d'antibiotiques. Avons-nous des pénuries de Viagra? Notre cher gouvernement fédéral s'occupe-t-il de ce dossier? Pense-t-il que la main invisible du marché va régler toute seule ce problème? Un adepte de théorie du complot penserait que ces pénuries font partie d'une stratégie pour faire pression sur nos gouvernements pour qu'ils cessent leurs efforts de réglementer les prix.



Daniel Legault



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Forte dépendance



Oui, c'est inquiétant. C'est inquiétant parce que ça signifie que l'industrie pharmaceutique a réussi à développer chez les médecins qui en donnent et chez les personnes qui en prennent une dépendance inimaginable à cette merde que sont les antidépresseurs et les antihypertenseurs, ainsi que les opiacés (pain killer comme on les appelle communément), sans compter le ritalin et autre... J'ai un fils narco dépendant. Les médecins le savent, mais continuent de le traiter avec des pilules, c'est ahurissant. Ces gens-là, il faut les tenir occupés, pas leur donner de la cochonnerie et les maintenir dans cette euphorie meurtrière.



Fernand St-Georges, Québec



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Pour faire grimper les prix



Oui c'est particulièrement inquiétant et troublant. Les médicaments, ce n'est pas fait à la main, c'est fabriqué à la machine. Il peut en sortir autant que  l'on en veut. Certes, la demande a considérablement augmenté. mais pas de là à créer une rareté ou une pénurie. C'est comme pour les biscuits, les chocolats, etc. En fait, on crée une fausse pénurie dans l'intention bien arrêtée de faire monter les prix. Les pharmaciens, souvent bien intentionnés, refilent à leurs clients des médicaments génériques moins coûteux. Or les compagnies qui ont créent l'original veulent souvent rembourser l'investissement d'en avoir créeé un. Or recevant moins d'argent, car moins vendus, on crée donc artificiellement une pénurie de ces médicaments dans le but de faire monter les enchères et les prix. L'an passé, lorsqu'il fut question de la grippe H1N1 ,on a fabriqué des millions de doses rapidement, et pourtant leur préparation nécessitait plus de temps. Donc on voit que quand on veut, on peut. Dommage que cette "guéguerre" se fasse sur le dos des gens qui ont besoin des dits médicaments visés. Une pénurie de quelque chose qui n'est pas manufacturé (ex: certains légumes ou fruits ou autres aliments) peut toujours être compréhensible. Mais pas des pilules. Il y a un an ou deux, alors qu'on ne parlait pas de rareté encore, il se consommait presque autant de médicaments que maintenant. Donc aucune raison autre qu'un ralentissement volontaire de la production pour faire apprécier un produit et faire gober éventuellement un future augmentation en ramenant les produits manquants dans les pharmacies. Les différents paliers de gouvernement pourraient sûrement intervenir, mais faut croire que l'intérêt pour eux de s'impliquer n'est pas arrivé encore. Si on a pu fournir à fabriquer les vaccins de la fausse pandémie en catastrophe en quantité presque industrielle, alors aucune raison ne justifie ce qui arrive maintenant. Tant que les gens ne décèderont pas massivement faute de médicaments appropriés, rien ne bougera. Il n'y a pas de grève, ni aucune raison qui empêche les compagnies de suivre la cadence. Reste l'appât du gain. Dommage que dans bien des cas ce soit les moins bien nantis qui en feront les frais.



André Forcier, St-Basile