Pauline Marois ne veut plus attendre «les conditions gagnantes» pour tenir un troisième référendum au Québec. Mais il n'est pas question non plus d'établir un échéancier précis, estime la chef du Parti québécois. Que pensez-vous de sa position?

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Un parti énigmatique

Pauline Marois ne veut plus attendre les fameuses conditions gagnantes des anciens chefs pour tenir un troisième référendum au Québec, mais il n'est pas question non plus d'établir un échéancier précis. Le Parti québécois a toujours été un parti de gauche énigmatique, difficilement déchiffrable et complètement désordonné. Quand ce n'est pas les Jacques Parizeau, Bernard Landry ou les Lucien Bouchard de ce monde, c'est Pauline Marois qui devient inintelligible. Force est de constater que l'autodestruction inconsciemment programmée du PQ par ses leaders va réussir à détruire ce que notre vrai maître René Lévesque avait construit de main et de coeur. À force de changer continuellement et d'être mi-figue mi-raisin, d'avoir modifié la cible et le but à atteindre, le PQ n'a qu'à s'en prendre à lui-même pour son apocalypse. Le PQ a perdu, par ses prises de position incongrues, un petit bout de son aile gauche et du même coup sa petite droite nationaliste s'est vite fait montrer la sortie. Par contre, tout cela se retrouve en des Legault et d'autres opportunistes politiques comme Éric Duhaime et Johanne Marcotte du Réseau liberté, qui voguent sans valeur ajoutée. Il faut que le PQ revienne dans sa pureté politique, arrête de voguer au gré du vent, reprenne ses lettres de noblesse et ses valeurs premières qui l'ont porté au pouvoir il y a quelques années.

Jocelyn Boily, Québec

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Se départir d'une patate chaude

L'erreur du Parti québécois est de penser que le référendum lui appartient. S'il appartient au peuple de décider de son avenir, il lui appartient aussi de décider quand. Les seuls qui veulent un référendum sont les souverainistes purs et durs et les fédéralistes purs et durs; les deux pensant gagner! Le Parti québécois devrait remettre la décision de lancer le référendum à un comité de citoyens formé des différents partis politiques souverainistes, mais aussi des organismes «civils» tout aussi souverainistes: Conseil de la Souveraineté, Mouvement national des Québécois, syndicat, etc. En plus de se départir d'une patate chaude, le PQ donnerait l'impression de démocratiser son projet plutôt que de l'imposer.

Martin Labelle, Laval

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Discours ambigu

Le choix d'une date pour le prochain référendum illustre une fois de plus l'ambiguïté du discours de Mme Marois et de tous ses prédécesseurs. Oui, on va tenir un référendum, et au diable les conditions gagnantes. Mais quand le déclenchera-t-on? Mystère et boule de gomme. À mon avis, un gouvernement du Parti québécois devrait en tenir un en même temps qu'une élection générale, comme cela se pratique en Suède par exemple. Mais je ne crois pas qu'il s'y résolve, car il risquerait de le perdre en même temps que le pouvoir, si le peuple par exemple était insatisfait de sa gouverne. N'oublions pas que, jamais dans son histoire, ce parti n'a recueilli le mythique 50% plus 1 du suffrage exprimé depuis les élections de 1970. Son plus haut score date de 1981 avec 49%. Il n'est pas défendu d'espérer, mais jusqu'à quand?

Mireille Barrière

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Fini les «conditions gagnantes»

Homme de 50 ans avec énergie a pu finir, fier Québécois de souche pure -malgré un nom de famille anglophone - ayant voté et vécu deux référendums, recherche la fin ultime de ces questionnements sur la souveraineté. Mais attention, je suis aussi Canadien et je le dis avec honneur. Personnellement, la question de nationalisme me fait bâiller. Cependant, quand je parle à des amis de Colombie Britannique ou de Terre-Neuve/Labrador, c'est aussi mon oeil au beurre noir. C'est l'embarras total, un fait de vie québécois qui restera dans l'actualité ad nauseam. Je ne peux pas croire que les Québécois sont assez naïfs pour s'imaginer qu'un troisième référendum enterrera cette aspiration au nationalisme à laquelle le tiers des Québécois tient ardemment. Et pourtant, la pseudo-euphorie des péquistes monte d'un cran lorsque les Québécois contestent le leadership et la gestion plutôt douteuse des libéraux au pouvoir. Mais j'ai des petites nouvelles pour ces péquistes. Si nous questionnons le gouvernement et son manque de gestion saine de l'argent public, ce n'est pas un gain pour la souveraineté! En réalité, nous avons toujours vécu avec deux partis politiques majeurs. Or, c'est clair depuis mon existence sur cette terre, lorsque nous sommes tannés d'un parti politique au pouvoir nous votons pour l'autre. Et si nous votons pour le PQ aux  prochaines élections, je ne souhaite pas un référendum sur la souveraineté, car je peux avec aise vous prédire sa défaite, mais pas sa fin.

Steven Payne

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Le scénario prévisible

Pauline Marois promet maintenant un référendum sur la souveraineté, et ce, malgré le fait qu'elle a écarté l'idée lors de son élection à la tête du PQ. Les fédéralistes n'ont pas à s'inquiéter, il n'y aura pas de troisième référendum. Je ne pense pas que Pauline Marois ait vraiment changé d'idée. Présentement, elle n'a qu'un seul objectif en tête, gagner son vote de confiance lors du congrès d'avril prochain. Pour obtenir l'appui des délégués, un discours très souverainiste est incontournable, d'autant plus que plusieurs militants péquistes doutent de sa détermination réelle à réaliser la souveraineté. Tout comme moi, ils pensent qu'elle se contenterait très bien d'être la première femme à occuper le poste de premier ministre du Québec. Une fois le vote de confiance gagné, elle trouvera sûrement le moyen de contourner habilement ce nouvel engagement référendaire. J'imagine déjà Pauline Marois en campagne électorale nous dire que l'héritage du gouvernement est tel qu'il faut d'abord se concentrer à nettoyer la maison avant de penser à l'agrandir. Malheureusement, ce scénario cynique a toutes les chances de se réaliser.

Marie-France Péloquin

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Réparer l'erreur de 1982

Tant et aussi longtemps que l'erreur magistrale de 82 ne sera pas réparée, les Québécois doivent continuer à voter pour le Bloc québécois. C'est le reste du Canada qui a laissé de côté le Québec lors de ce rapatriement et fait en sorte de le sortir de la Confédération canadienne. Tant et aussi longtemps que cette aberration n'est pas réparée, le Québec devra se préparer à faire son indépendance. Seul, un chef de parti fédéral sérieux qui se donnera comme programme de réparer cette injustice et proposera une vision canadienne de pays acceptable pour la majorité pourra renverser cette tendance. Pour donner un pouvoir de négociation au Québec, j'ai voté oui aux deux référendums malgré des questions ambiguës et mal posées. Si le reste du Canada veut continuer de se complaire dans le semblant de pays qu'est le Canada depuis 82, il ne restera qu'une seule solution au Québec soit de poser la seule et vraie question pour une troisième et dernière fois: «Voulez-vous que le Québec devienne un pays?» oui ou non...?  Il n'y a pas un seul mot à rajouter à cette question; elle sera claire et précise, la réponse devra l'être tout autant.

Fernand Turbide

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Changer de tactique

Le Parti Québécois doit changer de tactique concernant la question référendaire. Un «non» clair du fédéral est aussi bon qu'un «oui» clair des Québécois. J'ai hâte de voir les résultats d'une telle approche. Marois aura mon vote lors de la prochaine fois.

Maxime Archambault-Chapleau