Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a annoncé jeudi que des «gains de productivité» de 730 millions de dollars seront réalisés en trois ans dans le secteur de la santé, sans que les soins aux patients ne soient affectés. Avec son «plan de réduction de dépenses administratives et de soutien», croyez-vous que le gouvernement Charest parviendra à atteindre l'objectif qu'il s'est fixé de ramener la croissance des dépenses en santé à 5% par an?



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Mission impossible

Il sera très difficile de réduire les dépenses administratives et de soutien en santé, tout en ramenant la croissance des dépenses à 5% par an. Dans le secteur de la santé, tout est une question d'enveloppes. Nous avons constaté que la réduction de lits de patients est inversement proportionnelle à l'augmentation des bureaux, donc une administration plus lourde. Et les chefs de départements, quand il en existe, ont tellement de tâches disparates qui ne correspondent pas à leur formation, qu'ils ne savent plus où donner de la tête. Si à la fin de l'année fiscale, il vous reste environ 5000$ non dépensés, vous ne pouvez pas le transférer à un autre département déficitaire, vous devez le dépenser au risque de le perdre. J'ai vu de mes yeux, à l'étage de la comptabilité, acheter des humidificateurs non utiles pour arriver à mettre à zéro le surplus de l'année et en gériatrie, se faire refuser un tel achat faute de budget.

Denise Dubé, Sainte-Irène

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Malhonnêteté intellectuelle

Diminution des coûts par des gains en productivité, en remplaçant un départ sur deux au niveau administratif, c'est n'importe quoi! Ça fait quoi, 10 ans, que nos politiciens, en quête de réélection, nous servent les mêmes foutaises de «remplacer un départ sur deux» et de revoir les façons de faire? Et où en sommes-nous aujourd'hui? Avec une fonction publique plus ventripotente que jamais! Une enflure qu'aucun gouvernement, de quelque allégeance qu'il soit, ne parvient et ne veut juguler. PQ ou PLQ, la rengaine est la même: allons-y pour la création d'organismes, d'associations, de regroupements, d'agences, de commissions, de programmes, etc. Vive les dédoublements et les niveaux administratifs infinis et stratosphériques! Pourquoi? Pour ne pas déplaire (et éviter une guerre) avec les syndicats et les employés de la fonction publique. Je ne suis pas de la trempe de ceux qui veulent couper les services, mais plutôt de ceux qui prônent la diminution de la lourdeur et de la grosseur de l'appareil administratif. Prenons seulement la santé. M. Bolduc, lorsqu'il regarde son budget de 29 milliards de dollars, a-t-il seulement une idée de la répartition des coûts (coûts reliés aux soins contre les coûts administratifs) de son monstre de gaspillage et d'inefficacité? Certainement que non. Quelqu'un s'est-il seulement déjà posé la question? Et cette méconnaissance de la répartition des coûts est répandue dans l'ensemble de l'appareil. La lourdeur de la structure, les méthodes de gestion sont insensées et les coûts engendrés pour rendre un service (quel qu'il soit) à la population sont astronomiques. Plutôt que d'effectuer le ménage dans la machine, je soupçonne nos incompétents politiciens d'attendre sciemment une décote ou l'intervention d'un organisme tel Moody's ou Standard & Poor's pour effectuer les coupures qui s'imposent. Ils auront alors le loisir de déclarer à la population qu'ils n'ont pas le choix et qu'ils doivent procéder afin d'obtenir le financement nécessaire à l'incommensurable dette québécoise et de notre insatiable faim de bureaucratie, de programmes et d'état dans nos vies. L'État, oui! Mais pour les choses essentielles: la santé, l'éducation, le filet d'aide sociale, la sécurité publique, les routes et les infrastructures, la redistribution de la richesse. Et toujours selon notre capacité de payer. Assez! La création de programmes à gogo, qu'on ne peut se payer et qui finissent immanquablement par être déficitaires et coûter plus cher que prévu!  Est-ce qu'on rendre un service efficace? Et le pire dans tout cela, c'est le copinage entre l'appareil politique et l'appareil syndical. Ce qu'on comprend, c'est qu'il ne s'agit que d'une quête de pouvoir et d'argent. D'un côté, la classe politique qui ne prend aucune décision et aucune mesure susceptible d'engendrer la grogne dans la population et le milieu syndical, et ce, en vue de rester au pouvoir, de favoriser leur réélection et de maintenir leurs acquis. De l'autre côté, la classe syndicale qui ne veut absolument rien changer au fonctionnement et à l'enflure chronique et continue de l'appareil administratif gouvernemental puisque cette situation leur permet de récolter pouvoir, influence politique et d'augmenter leurs revenus. Qu'est-ce qui est plus scandaleux: la connivence entre le pouvoir politique et syndical qui nous conduit directement dans le mur, vers l'abîme? Ou toutes ces récentes révélations de corruption? En toute franchise, l'un comme l'autre occasionne à la population québécoise des coûts insensés et taxe lourdement l'avenir du Québec et de ces générations futures.

Éric Mailloux

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Poudre aux yeux

La récente annonce de coupures dans l'appareil administratif du ministre de la Santé, Yves Bolduc, ne m'impressionne guère. Moi qui suis sur le terrain depuis 27 ans, je n'en peux plus de ces discours vides et dénués de bon sens. Pourquoi ce gouvernement, qui est au pouvoir depuis sept ans, n'a-t-il pas agi plus tôt? Le ministre nous annonce, entre autres, vouloir regrouper les achats. Cette idée est bonne, mais pas révolutionnaire pour autant. Les entreprises privées l'appliquent depuis des lustres. Et que dire aussi du fait que monsieur Bolduc dit vouloir abolir un poste de cadre sur deux? Croit-il vraiment que les personnes concernées le laisseront agir ainsi? Une telle avenue est irréalisable selon moi, car ce sont les cadres du réseau qui déterminent leurs besoins en main-d'oeuvre et préférerons sans doutes dispenser ces abolitions de postes parmi le personnel ayant un lien direct avec les patients. Certains diront qu'il est facile pour moi de critiquer la gestion du réseau et ses composantes, car je ne suis pas gestionnaire, mais simple employé. Oui, c'est vrai je ne suis qu'un simple employé qui a un parti pris pour ses patients et leur bien-être. Je constate, jour après jour, les ratés d'un système gangréné par une trop lourde administration et une incompétence flagrante des décideurs politiques qui sont incapables d'humaniser ce réseau. En mon humble avis, les annonces du ministre ne sont que poudre aux yeux et se réaliseront seulement une fois qu'Yves Bolduc connaîtra la réalité que vivent les patients et les intervenants sur le terrain. C'est pour l'instant, impossible, car Monsieur Bolduc se fie aux propos et aux rapports que lui font les agences régionales de la santé et les cadres directement concernés par les coupures annoncées. Pendant qu'il parade devant les médias, les patients continuent d'attendre des heures sinon des jours dans les corridors de nos urgences. D'autres meurent faute de soins appropriés. Certains doivent souffrir des mois sinon des années avant d'être opérés. Et que dire de nos aînés qui reçoivent un bain par semaine? Je ne crois pas qu'il y ait un seul membre de l'Assemblée nationale qui se lave une fois par semaine!  Le ministre des Finances me répondait en ondes au TVA nouvelles de le surveiller. C'est exactement ce que nous faisons depuis le dépôt de son budget. Il faut dire que jusqu'à maintenant ce budget qu'il jugeait d'historique ne m'impressionne guère et me motive à surveiller aussi étroitement son collègue de la santé afin que celui-ci concrétise enfin ce que ces prédécesseurs tous gouvernements confondus n'ont pas eu le courage de faire. Après toutes ces années dans ce foutu réseau et toutes les belles paroles et promesses non tenues, je doute que Monsieur Bolduc soit plus que d'autres notre sauveur.

Jean Bottari, préposé aux bénéficiaires