Après quatre ans de controverse, le gouvernement Charest plaide l'urgence pour mettre de côté l'appel d'offres international et accorder à Bombardier-Alstom un contrat réduit de 500 voitures pour le métro de Montréal. Le concurrent espagnol CAF, qui exigeait moins, est écarté et soutient que Québec viole les pratiques du commerce international.

Le gouvernement a-t-il raison de privilégier un fournisseur québécois pour sauvegarder des centaines d'emplois à La Pocatière?



VOS COMMENTAIRES

Une grande improvisation

Nonobstant le bien-fondé ou non de la décision du gouvernement Charest d'accorder le contrat au consortium Bombardier-Alstom directement, sans respecter le processus d'appel d'offres que la STM a pourtant toujours voulu emprunter dans ce dossier, il est tout de même étonnant et préoccupant de constater que le gouvernement ait choisi de commander deux fois moins de voitures de métro que prévu, alors que dans un proche avenir, ce ne sont pas seulement les voitures MR-63 qu'il faudra remplacer, mais également les MR-73. L'objectif initial d'une commande de plus de 1000 voitures était de pourvoir aux besoins à long terme du métro de Montréal.  Cette décision fait encore la preuve d'une grande improvisation dans ce dossier de la part du gouvernement Charest et de l'absence criante d'une vision à long terme. Il est dommage que ce soient les utilisateurs du métro de Montréal qui en fassent encore les frais, ainsi que les employés de Bombardier et d'Alstom qui auraient également pu bénéficier d'une commande plus importante.

Sébastien Boisvert, Montréal

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Incompréhensible

Cette histoire n'est en fait qu'une multitude d'erreurs. Premièrement, il n'y a plus d'Alstom Transport ni à Montréal ni à Sorel... en tout cas plus d'employés actifs, la fin d'Alstom a commencé avec la fermeture des ateliers de Pointe-Saint-Charles et le congédiement des quelque 600 employés, sans tambour ni trompette. Alstom n'a pas d'atelier et pas d'employé. En fait, le contrat sera effectué par Bombardier et sous-traité par une multitude de Fly By Night, scénario habituel des grosses corporations. Quand bien même on verrait un autre entrepreneur dans le décor, ça ne changerait rien. Ce ne seront pas des contrats clef en main. On serait bien surpris de savoir combien de gens se parlent et gravitent autour du magot, un peu comme des vautours, et soyons assurés que l'avenir des travailleurs ne pèse pas lourd dans la balance. Je ne fais pas de politique, aucun des partis politiques ne s'est impliqué sérieusement depuis le début de cette saga. En fait, tout a été fait pour écarter Alstom de Montréal et ensuite du Québec. Maintenant, on veut nous berner avec un consortium bidon. C'est incompréhensible!

Jacques Fréchette, ex-travailleur d'Alstom

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Urgence politique

Nous sommes habitués à cette gouvernance à la petite semaine avec ce gouvernement. Mais voyons, ne soyons pas naïfs: l'usine de Bombardier est installée dans la circonscription de feu Claude Béchard, qui sera évidemment bientôt ouvert à une élection partielle. Le PLQ détient à ce jour 65 circonscriptions sur 125. Quand ce gouvernement parle de l'urgence de remplacer les wagons de métro, il parle plutôt d'urgence de reconquérir ce comté, qui n'est pas garanti au PLQ. Pauvre petit peuple qui se fait toujours rouler dans la farine. Vivement un changement de gouvernement.

Madeleine Léger

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Nous privilégions un contenu québécois

M. Girard, pourquoi payer un wagon 2,6M$ quand on peut avoir un wagon de même qualité pour 1,4M$? Et qui serait tout autant québécois que le premier puisque CAF s'engage à le produire ici. Et puis, à preuve du contraire, Bombardier n'est pas plus québécois que Power Corporation ou Exxon ou Walmart ou une multitude d'autres corporations internationales. Et puis rappelez-vous M. Beaudoin lors du référendum de 1995. Ce n'est pas René Lévesque qui aurait essayé de nous servir pareille demi-vérité. Y a-t-il quelqu'un en politique qui est capable de se tenir debout?

François Ricard

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De la grande classe

Pourquoi est-ce qu'on a toujours l'impression de se faire organiser? Pourquoi est-ce qu'on a toujours l'impression que tout n'est qu'improvisation? Pourquoi est-ce qu'on a toujours l'impression qu'aucune des décisions qu'ils prennent n'est la bonne? Si c'est vrai que CAF est capable de produire une voiture à 1,43M$ au lieu des 2,6M$ demandés par Alstom-Bombardier, pourquoi ne pas donner à CAF la chance de soumissionner? Est-ce qu'on a tant d'argent que ça a donné au Québec? L'arrivée de CAF dans le portrait nous a tout de même permis d'épargner 0,8M$ par voiture, puisque le prix demandé au départ par Alstom-Bombardier était de 3,4M$ par voiture. On peut rêver et peut-être que Alstom-Bombardier vont encore baisser leur prix s'ils ont de la compétition? Pourquoi privilégier Bombardier? Pour honorer la mémoire de Claude Béchard? Pour conserver le comté aux libéraux? Pour faire plaisir aux Beaudoin? Pourquoi devons-nous toujours nous poser une foule de questions quand les libéraux s'impliquent dans un dossier? Pourquoi subventionner les emplois de Bombardier, si leur compagnie ne peut être compétitive? Le consortium Alstom-Bombardier nous a montré qu'ils sont de grands bébés gâtés quand ils ont tenté, il y a quelques mois, en prenant des recours judiciaires de se faire confirmer l'octroi du contrat par Québec. Quand la cour leur a dit non, Bombardier a menacé en boudant de se retirer du futur appel d'offres, puis menacer de mises à pied, si le contrat ne leur était pas octroyé, mais dans les faits, des mises à pied, Bombardier prévoyait déjà en faire et ça n'avait rien à voir avec le contrat des voitures du métro. De la grande classe! On veut que les autres pays nous ouvrent leur frontière pour nos produits et nos compétences, on signe des ententes avec la France pour des échanges bilatéraux, le protectionnisme connait pas. Arrive le contrat des voitures du métro et là on change de discours et on passe même une loi pour empêcher une compagnie de soumissionner.

Normand Jean

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D'autres avenues

En 2006, le ministre des Transports de l'époque a demandé à la STM de négocier de gré à gré et sans appel d'offres avec Bombardier le contrat de renouvellement du métro de Montréal. Ce faisant, les lois du commerce international ont été transgressées et Alstom a contesté cette décision. S'ensuit le feuilleton que nous connaissons tous. Alstom a contesté la décision du gouvernement, disant avoir été lésée, et maintenant que la compagnie se trouve du côté de la barrière qui l'arrange avec le consortium Alstom-Bombardier, elle se permet de vouloir refuser l'accès à l'appel d'offres à l'espagnole CAF. Où sont passés la justice et les droits du commerce international? On parle des emplois qui risquent d'être perdus à La Pocatière, mais a-t-on évalué le nombre d'emplois que l'installation d'un concurrent supplémentaire en Amérique du Nord et basé au Québec pourrait créer? De plus, CAF atteste pouvoir fournir les voitures du métro pour un prix plus intéressant que le consortium. Si cela s'avère vrai dans les faits, cela serait intéressant pour tous, car finalement, ce sont les clients de la STM et les contribuables québécois qui vont payer la facture.

Stéphane Bourriaux

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Rouler en Bombardier chez nous

Il est assez affligeant de voir certains pousser de hauts cris parce que le contrat du métro de Montréal est donné de gré à gré à Bombardier-Alstom, alors qu'aucune entente commerciale internationale ne contraint la STM à procéder autrement. Si nous avons l'expertise chez nous et que l'argent des contribuables finance ce projet, n'est-il pas normal qu'une entreprise d'ici obtienne le contrat au bénéfice de la collectivité d'ici (par les emplois créés, les impôts payés, l'expertise consolidée, etc.)? Certes, il importe que l'offre soit juste et soumise à des évaluations indépendantes, mais n'est-ce pas absurde d'avoir créé un leader dans le domaine, réputé de Paris à Shanghai, si on n'en profite pas chez nous? De même, les contrats que Bombardier obtient ailleurs ne devraient être les siens que lorsqu'il n'existe aucune expertise locale. Si l'Union européenne arrive à ses fins dans les négociations commerciales actuelles avec le Canada, une multitude d'entités publiques, aux niveaux national, provincial et municipal, seront désormais contraintes d'ouvrir leurs marchés publics aux multinationales européennes. Cela signifiera de ne plus pouvoir privilégier nos entreprises. Le chercheur Scott Sinclair, qui a étudié ce projet d'accord obtenu grâce à une fuite (la transparence n'étant pas une caractéristique de ces négociations), révèle à quel point toute condition ou tout engagement encourageant le développement local et l'utilisation de contenu national, entre autres, seraient interdits. Est-ce le prix que nous sommes prêts à payer pour que le profit privé de quelques-unes de nos entreprises puisse se concrétiser à l'étranger? Les marchés publics ne sont pas que de la «business». Ils sont un outil fondamental de développement local et d'expression de la souveraineté populaire, dont aucun pays ne devrait se priver. Une autre vision du commerce doit s'imposer.

Catherine Caron

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Quelle indécence!

Ce matin même, on nous annonce à grandes pompes l'octroi du contrat de fabrication des wagons du métro au consortium Bombardier-Alstom, et ce, sans appel d'offres. L'argument principal allégué étant la détérioration avancée du parc d'équipements du métro de Montréal. Depuis 2005, la STM (Société des transports de Montréal) était prête à aller en soumission pour obtenir des propositions de différents fournisseurs. Rappelons l'objectif premier d'un appel d'offres: obtenir le meilleur prix pour le produit désiré. Quelques chiffres dans l'article de La Presse de ce matin: un contrat de 2,6 millions par wagon, après négociations, est octroyé au consortium Bombardier-Alstom pour 500 wagons, donc un contrat total près de 1,3 milliard. D'autre part, l'espagnole CAF communique qu'elle peut fabriquer et vendre à 1,43 million par wagon sans appel d'offres. Basé sur ces chiffres, on nous annonce déjà que nous payons 82% plus cher que la proposition de CAF pour faire affaire avec le consortium. Nous avons entendu ces derniers mois beaucoup d'arguments pour encourager l'entreprise québécoise; oui, évidemment! Mais sommes-nous prêts comme Québécois à payer ce surcoût de plus de 400 000 $ par emploi pour avoir ces wagons fabriqués par Bombardier? (nous supposons ici que l'usine de La Pocatière reviendrait à son niveau de 1400 employés qu'elle avait déjà obtenus). Si CAF vient fabriquer les wagons au Québec aux coûts proposés, pourquoi ne faisons-nous pas cet appel d'offres? Nous devons être fiers du chemin parcouru par Bombardier et ce qu'elle est devenue. Bombardier ne doit pas oublier non plus le support financier qu'elle a reçu des Québécois et des Canadiens pour devenir ce qu'elle est devenue. Bombardier a prouvé qu'elle était une entreprise performante et qu'elle tirait son épingle du jeu en compétition internationale. D'un autre ordre d'idées, Pierre Fortin, président du BAPE exigeait de la discipline aux participants de la première audience publique qui avait lieu hier. J'exige la même discipline à nos dirigeants, c'est-à-dire qu'ils aillent chercher le meilleur au meilleur coût, c'est d'ailleurs là le rôle premier d'un «bon gouvernement». Si l'appel d'offres avait été lancé dûment en 2005, nous recevrions déjà nos premiers wagons à un coût sûrement plus bas que ce que nous allons payer. Est-ce qu'encore une fois la force du lobbying a pris le dessus sur la discipline? Trop de doutes subsistent actuellement dans le secteur de la construction pour octroyer un contrat de cette ampleur sans appel d'offres alors qu'une entreprise comme CAF est prête à s'engager à moindre coût. Faisons-nous confiance pour obtenir le meilleur produit au meilleur coût tout en obtenant le maximum de retombée pour le Québec, quitte à ce que la famille Beaudoin engrange un peu moins de profits!

Marc Beauchemin

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Des emplois à gros prix

À la radio, quelqu'un a mentionné que Bombardier-Alsthom remportait pratiquement tous les contrats d'équipements ferroviaires. Alors pourquoi sont-ils inquiets que le gouvernement procède à un appel d'offres? Aujourd'hui, il est peut-être trop tard, mais il y a quatre ans ce n'était pas le cas. Serait-ce que l'on va payer une facture gonflée pour renflouer les pertes ou le peu de profits des autres contrats qu'ils signent ailleurs dans le monde. Et ne venez surtout pas me dire que ça va créer des emplois, car un jour, il va falloir arrêter de les acheter à gros prix ces fameux emplois.

Yves Corbeil

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Grande improvisation

Nonobstant le bien-fondé ou non de la décision du gouvernement Charest d'accorder le contrat au consortium Bombardier-Alstom directement, sans respecter le processus d'appel d'offres que la STM a pourtant toujours voulu emprunter dans ce dossier, il est tout de même étonnant et préoccupant de constater que le gouvernement ait choisi de commander deux fois moins de voitures de métro que prévu, alors que dans un proche avenir, ce ne sont pas seulement les voitures MR-63 qu'il faudra remplacer, mais également les MR-73. L'objectif initial d'une commande de plus de 1000 voitures était de pourvoir aux besoins à long terme du métro de Montréal. Cette décision fait encore la preuve d'une grande improvisation dans ce dossier de la part du gouvernement Charest et de l'absence criante d'une vision à long terme. Il est dommage que ce soient les utilisateurs du métro de Montréal qui en fassent encore les frais, ainsi que les employés de Bombardier et d'Alstom qui auraient également pu bénéficier d'une commande plus importante.

Sébastien Boisvert, Montréal