Les données du recensement 2021 dévoilées par Statistique Canada mardi indiquent que l’anglais gagne encore du terrain dans les milieux de travail québécois. En effet, le nombre de personnes qui utilisent l’anglais le plus souvent au travail est passé de 17,6 % en 2001 à 19,5 % en 2021. Avec la loi 96, le gouvernement a notamment voulu freiner cette progression.

Ainsi donc, les entreprises qui emploient au moins 25 personnes devront d’ici le 1er juin 2025 s’inscrire auprès de l’Office québécois de la langue française. Elles devront ensuite mettre en place des mesures assurant la généralisation du français dans toutes leurs sphères d’activité.

Si vous faites partie du lot, j’ai un conseil pour vous : commencez dès maintenant à vous préparer en vue de votre inscription.

La démarche de francisation n’est pas si compliquée en soi. Le formulaire d’analyse linguistique de l’Office peut paraître intimidant, mais le remplir adéquatement n’est pas insurmontable.

C’est plutôt la gestion du changement qui pourrait s’avérer plus ardue. Tout bon gestionnaire sait que le changement n’est pas toujours facile à faire accepter, surtout quand les habitudes sont bien ancrées.

C’est souvent le cas en matière d’outils informatiques. Bon nombre de gens ont pris l’habitude au fil des ans de travailler sur des plateformes en anglais, devenant plus à l’aise avec les menus et les fonctions dans cette langue. Les automatismes s’installent et on ne se rend même plus compte qu’on ne travaille pas en français.

Les entreprises de 25 personnes et plus devront désormais installer par défaut la version française des logiciels sur la majorité des postes de travail. Il faudra limiter les exceptions, aider les gens à s’adapter aux versions françaises et gérer les insatisfactions.

Les organisations ont également une obligation d’assurer la généralisation de l’utilisation du français dans leurs communications. Cela comprend les courriels, le matériel de formation, les consignes à l’oral, les réunions de travail et bien plus encore. Mais comment procéder lorsque nos équipes sont composées de personnes de différentes origines, parfois même situées dans d’autres provinces ou pays où les obligations de francisation ne s’appliquent pas ? Comment conjuguer francisation et efficience ?

Faire preuve de créativité

Il vous faudra faire preuve de créativité pour trouver des solutions adaptées à votre milieu. Vous devrez là aussi gérer le changement. Et pour y arriver, il vous faudra de la planification et du temps.

Les nouvelles dispositions de la loi obligent les employeurs à prendre les moyens raisonnables pour éviter d’imposer à leur personnel la connaissance d’une autre langue que le français.

Même lorsque l’entreprise mène en partie ses activités dans d’autres langues. Comment servir votre clientèle non francophone si des membres de votre équipe ne parlent que le français ? Il faudra réfléchir au réaménagement des tâches et des horaires.

Les entreprises devront aussi faire la promotion du français auprès de leur main-d’œuvre, augmenter à tous les niveaux hiérarchiques le nombre de personnes ayant une bonne connaissance de la langue officielle, faire en sorte que leurs équipes utilisent une terminologie française, etc. Sans parler des obligations envers la clientèle et le public en général, y compris sur les plateformes numériques. Les exigences sont nombreuses.

La date butoir du 1er juin 2025 pour inscrire votre entreprise à l’Office québécois de la langue française peut sembler bien loin.

Mais n’attendez pas.

Commencez dès maintenant votre analyse. Vous aurez ainsi le portrait de la situation et pourrez prendre le temps de bien faire les choses d’ici l’échéance. Et éviter de vous faire imposer un programme de francisation dont la gestion peut être encore plus fastidieuse.

* Après une longue carrière au sein de grandes organisations, l’autrice accompagne dorénavant les entreprises de toutes tailles dans leurs efforts pour se conformer à la loi 96.

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