La crise du logement qui frappe tout le pays est sans précédent. Je me permets d’écrire ce court plaidoyer pour un jeune homme qui n’en a pas la capacité et qui mérite le meilleur.

JM a 35 ans. Il vit avec une déficience intellectuelle légère. Vaillant et toujours volontaire, il est stagiaire dans un magasin à rayons d’une grande enseigne américaine depuis plusieurs années. Il a même déjà été l’employé du mois. Pour ses 120 heures de stage, son chèque mensuel de solidarité sociale de 1200 $ est bonifié de 40 $. Avec ce modeste revenu, JM n’a que les moyens de rêver à son désir d’autonomie et d’émancipation. Il vit chez sa mère, qui, elle, survit de mois en mois grâce à son chèque d’aide sociale.

Il y a quelques jours, celle-ci a été évincée de son logement. Retards de paiement de loyer, mésentente avec le voisinage et problèmes de consommation, elle n’avait plus de recours.

JM ne boit pas, ne fume pas, ne consomme pas. C’est un maudit bon gars. Il a appelé à l’aide tous ses amis différents comme lui, mais tous vivent dans une précarité semblable à la sienne.

Ils ont fait de leur mieux : l’un a entreposé ses effets personnels dans sa garde-robe déjà bien remplie et un couple d’amis lui a offert son canapé pour quelques nuits. JM a appelé sa travailleuse sociale pour qu’elle l’aide à trouver un toit.

Pour ma part, j’ai publié une petite annonce sur ma page Facebook et, malgré 36 partages, je n’ai reçu aucune offre.

Maintenant JM attend. Il passe de longues heures à dormir pour chasser l’angoisse qui le submerge. Il rêve d’un appartement supervisé, d’un 1 et demie dans un HLM, d’une simple chambre quelque part à Laval, la ville où il travaille et où il a son cercle d’amis.

Est-ce concevable qu’il n’existe aucun endroit pour accueillir JM et les nombreux autres dans sa situation dans la troisième ville du Québec ? Je suis certaine qu’il y a, quelque part, dans un bungalow, une ancienne chambre d’adolescent désertée qui ferait son plus grand bonheur tout autant que celui de son propriétaire esseulé.

* Le tout dernier documentaire d’Hélène Choquette, Ma jungle, sortira à AMI-télé le 2 septembre prochain. On y découvre le quotidien d’une bande d’adultes vivant de manière autonome malgré leur déficience intellectuelle.

Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion