Trente-six. C’est le chiffre qu’on a tous retenu lors de l’annonce par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) du projet structurant de l’Est (PSE). Trente-six milliards pour rattraper 36 ans de retard en développement du transport en commun dans l’est de Montréal.

L’autre 36 sur lequel on s’est peu attardé, c’est la date d’ouverture du réseau s’il était lancé aujourd’hui : 2036. C’est dans 13 ans. Pour vous donner une idée de l’échelle de temps, il y a 13 ans, Gérald Tremblay était encore maire de Montréal. En 2036, on aura probablement dépassé les 1,5 °C de réchauffement climatique comparativement à l’ère préindustrielle. Treize ans, c’est aussi un million d’autos de plus sur les routes du Québec, dont une bonne partie dans le Grand Montréal.

L’Est ne peut plus se permettre d’attendre encore 13 ans pour avoir un transport minimalement décent. Les problèmes de mobilité y sont actuels et factuels : l’Est est fortement dépendant de l’auto solo, faute de solutions de rechange.

Rappelez-vous, en 2020, en l’espace de quelques semaines, on avait réussi à transformer des kilomètres de rues au profit de la marche et l’usage du vélo, et ce, pour répondre à l’exigence de la distanciation physique. Pas plus tard que l’année dernière, à la suite de la complexification des travaux du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, des navettes ont été mises en place entre le métro Radisson et la Rive-Sud en l’espace de quelques jours.

Et si on faisait le même traitement-choc pour l’Est ?

On peut facilement imaginer la mise en place rapide de deux ou trois lignes de bus de type connexe au SRB reprenant certains critères de ce mode : voies dédiées séparées physiquement et en tout temps du trafic automobile, priorité des feux à toutes les intersections, fonctionnement 20 heures par jour et, finalement, fréquence aux cinq minutes aux heures de pointe.

Pas besoin de creuser et de refaire les infrastructures souterraines à coup de milliards : la technologie existe aujourd’hui pour prioriser les feux à l’approche des bus. Si on ne peut se permettre une séparation physique de type amovible, on peut imiter New York, qui a fait installer des caméras dans les bus pour détecter les automobilistes en infraction sur les voies réservées. On peut commencer par un circuit tout le long de la rue Sherbrooke et un autre sur Lacordaire, qui peuvent être mis en place en moins de 12 mois.

En créant ainsi quelques lignes de bus efficaces, on apporte, bien qu’imparfaitement, une solution à court terme aux problèmes de mobilité subis aujourd’hui, en attendant que des infrastructures plus lourdes soient pensées.

Cette approche agile a comme avantage de mesurer l’achalandage du transport en commun dans l’Est et de corriger rapidement le tir au besoin : tester au lieu de trop planifier, essayer quitte à échouer plutôt que ne rien faire, et ce, sans trop investir.

Il est temps d’avoir de l’ambition pour l’Est. Il est temps de redonner espoir aux gens de l’Est qui ont assez attendu. Qui saura sortir du lot et faire preuve de leadership dans ce dossier ?

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